Ma mère
à terre
dans la poussière :
je suis forcée de m’arrêter.
Je me penche
sur sa détresse
et je voudrais
la relever ;
je voudrais
relever son corps,
ce corps qui m’a portée,
nourrie,
ce corps qui m’a construite avec
ses blessures et sa chaleur.
Se peut-il qu’elle soit ainsi
foulée aux pieds
par le chemin ?
Sa souffrance n’a pas de fin
car on lui a
coupé les ailes
dans les champs de cannes, autrefois,
il y a très très très longtemps.
Je me penche
sur sa détresse
et je voudrais
la relever
je lui demande ce qu’il y a
sa bouche scellée
me répond
par des mots muets
qui s'échappent...
elle est comme un oiseau meurtri,
elle est au fond de moi ce nœud,
au fond de ma gorge nouée il y a tant de pleurs
en boule
sont-ce les siens ou bien
les miens ?
Arriver à sortir les mots
couturés, mouillés
de mémoire,
alourdis par
l’émotion
qui vous lestent,
qui vous
ligotent .
Ma mère : elle rampe toujours
derrière moi, je vois sa main
se tendre dans ma direction
et moi, je ne sais toujours pas
quoi faire je me penche encor :
qui la tirera
de son puits
ce puits, là
au fond de ma gorge ?
03/03/09
P.Laranco