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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 13:41
Une fois que l'Homo Sapiens eût quitté le contient africain, sa terre d'origine, "il  [lui]  a fallu s'implanter sur tous les continents".
Cette enquête nous convie à le suivre dans sa migration vers l'Europe, au cours de laquelle, voici 40 000 ans, il se heurta à "de nombreux obstacles", dont l'un des moindres ne fut pas la présence de "rivaux", les hommes de l'espèce de Néandertal.

Le voyage commence dans les Carpathes, au sud-ouest de la Roumanie, dans la "Grotte aux Ossements", site dont l'emplacement exact est tenu jalousement secret, par "souci de préservation".
C'est dans cette grotte qu'en 2002, fut découverte une mandibule humaine étrange en ce sens qu'elle "ne ressemble pas à celle d'un Européen moderne". Cette mandibule constitue "l'une des plus importantes découvertes archéologiques depuis un siècle". A la suite de cet évènement, une fouille plus complète fut entreprise, au sein des nombreuses galeries immergées que compte cette caverne profonde.
Les efforts ne furent pas vains, puisqu'ils se trouvèrent récompensés par la découverte des fragments épars d'un seul et même crâne, dont l'assemblage, à peu près équivalent à celui d'un "puzzle", nous valut, fin 2005, la reconstitution d'un ensemble crânio-facial quasi entier, ce qui était une sacrée aubaine.
Parallèlement, la datation de la calcite des stalagmites de la grotte permit de situer l'âge du fossile : 40 000 ans environ. Nous avions là le plus ancien des hommes modernes (Homo Sapiens) à avoir pénétré le continent européen ! Il présente de grandes dents, assorties de "traits archaïques" et l'on a déterminé son âge : c'est un adolescent.
Les préhistoriens sont de plus en plus enlins à penser qu'il y a près de 70 000 ans, un petit groupe d'Homo Sapiens mit le pied hors d'Afrique pour s'infiltrer dans la péninsule arabique. Ils soupçonnent également qu'à cette époque, entre le Moyen-Orient et l'Europe, le climat était bien plus chaud et plus humide qu'il ne l'est maintenant.
Les analyses génétiques, d'autre part, fournissent d'indéniables "échos du passé"; ainsi, il est à présent avéré, grâce à elles, que 10% des Européens actuels possèdent encore l'ADN d'un groupe arrivé en Europe il y a environ 40 000 ans.
Il ne faut pas oublier que, durant cette lointaine période, il était possible de passer le Bosphore à pied. De là, il était facile de gagner le Danube et de suivre le cours du grand fleuve, qui attirait autour de lui un gibier abondant.
Mais il nous faut revenir à notre crâne fossile roumain : il fut confié au reconstructeur facial médico-légal anglais Richard Neeve, lequel en tira un "portrait-robot" qui nous saute quasiment au visage. Nous regardons cet homme (ou cette femme, car le sexe reste totalement indéterminé) et nous voilà impressionnés, émus; il/elle nous surprend, nous trouble par son nez épaté, son menton long, ses petits yeux et ses pomettes bien marquées. Ce que nous avons devant nous, là, c'est, comme le commente un scientifique non moins perplexe que nous, "un visage de transition", un visage virtuellement capable d'évoluer vers tous les types humains actuels : négroïde, mongoloïde, européen.
Ce visage semble contenir en germe toute l'humanité future; "toutes les portes sont ouvertes", s'empresse d'ajouter, enthousiaste, le même scientifique. Voilà bien une preuve de plus que toutes les soi-disant "races" dérivent bien d'une même souche, d'origine africaine, ça ne fait pas de doute.
Assez rapidement, les "migrants" continuent leur route et en viennent à "s'aventurer jusqu'au Nord". Mais ils foulent alors désormais le territoire de Néandertals, une autre variété d'hommes présents sur le continent depuis très longtemps.
La présence néandertalienne fut certainement "le plus grand obstacle à l'installation de nos ancêtres".
D'autres fouilles archéologiques, menées par Nicholas Conard cette fois dans le sud-ouest de l'Allemagne, attestent une cohabitation des deux espèces humaines sur le même site, ce qui tendrait à renforcer l'idée que Néandertal et Homo Sapiens occuppaient la même "niche biologique".
Quelle attitude Sapiens adopta-t-il vis à vis de ses "voisins" ?
San doute fut-il d'abord motivé par la prudence, voire la méfiance et sans doute ces dernières l'amenèrent-elles plutôt à "garder ses distances".
Quoi qu'il en soit, il y avait "concurrence pour les ressources naturelles" et donc, probablement, de temps à autre, "conflits", si ce n'est même "explosions de violence" (on sait combien l'homme est une créature tendre !)
Mais qui était Néandertal ?
A Leipzig (Allemagne), l'Institut Max Planck s'est voué de façon extrêmement pointue à son étude.
"Les Néandertals sont forts, musclés, trapus, actifs; ils affichent une cage thoracique évasée, différente de la longue et étroite cage thoracique de l'Homme". Toutes ces caractéristiques plaident pour une "adaptation à un climat froid". Le corps de Néandertal, nous fait-on comprendre, était bâti pour lui tenir chaud, même en l'absence de vêtements. Pour Sapiens, c'était tout le contraire.
Ce qu'il faut bien se mettre en tête, ajoute-t-on, c'est que le Néandertal, loin d'être "stupide", était doté d'un "gros cerveau" parfaitement comparable au nôtre en volume.
Au regard de cela, "comment expliquer la victoire de l'Homo Sapiens ?"
On s'est tourné vers les outils...pour constater, très promptement, que les outils néandertaliens (nous avons droit à une démonstration de fabrication à l'appui) étaient "très tranchants" et que ces êtres disposaient de haches qui pouvaient abattre des arbres. Il s'avère ainsi qu'outils et armes étaient, voici 40 000 ans, rigoureusement "équivalents" dans les deux groupes cousins.
Qu'est-ce à dire ? Les Néandertaliens avaient-ils pêché par leur mauvaise manière "d'exploiter l'environnement" ?
Que nenni. Les faits se hâtent d'invalider cette hypothèse : le site de Gibraltar raconte 100 000 ans de présence néandertalienne stable. Un savant va jusqu'à le qualifier, assez audacieusement, de "ville néandertalienne", étant donné qu'il abritait une population d'au moins 100 personnes.
Ce site, très "parlant", confirme la réputation de grands chasseurs de gros gibier attribuée aux hommes de Néandertal, dont les audacieuses chasses ne pouvaient qu' "impliquer organisation et intelligence".
En outre, les Néandertaliens exploitaient les ressources marines : sur la plage, ils ramassaient berniques, moules, coquillages et tuaient de jeunes phoques moines, à la saison des naissances. Il y a gros à parier qu'ils connaissaient parfaitement le cycle des saisons.
On tourne en rond, comme on le voit.
Notre question - qu'est-ce qui détermina le fait que l'Homo Sapiens eut le dessus et que son concurrent autochtone finit par disparaître - parait se heurter à un mur de mystère.
Pourtant, toujours en Allemagne, sur le site fouillé par par l'équipe de N.Conard, la découverte d'une flûte en ivoire cassée en 31 fragments nous tire d'embarras en induisant une "explication surprenante".
Dans cette petite flûte, qui a 35 000 ans, on peut voir, à ce jour, "le plus ancien instrument de musique du monde", et le plus incroyable, c'est que le documentaire nous permet d'en écouter le son ! Nous découvrons, avec étonnement, qu'il n'a rien de désagréable à nos oreilles modernes. Lui et son origine, à savoir la petite flûte reconstituée, témoignent de manière éclatante de la "capacité d'invention et de créativité caractéristique de l'Homo Sapiens".
Sur le même site, dans cette même vallée allemande, la flûte voisine avec des "oeuvres d'art", sous l'espèce de statuettes, qui confirment encore l'attachement de ces Hommes à ce que nous nommerions "l'Art".
Les groupes sapiens de cette époque échangeaient de pareils objets. Loin de demeurer isolés, autarciques, ils cultivaient des réseaux de liens (troc et échanges matrimoniaux qui renouvellaient le sang) entre territoires et tribus différentes à 20, 30 ou 40 km de distance. Malheureusement pour eux, les Néandertals n'étaient vraisemblablement pas enclins à en faire autant et leurs réseaux sociaux étaient bien plus restreints, moins efficaces.
L'explication ultime du triomphe de notre espèce tiendrait donc à ces quelques mots : "ce sont nos réseaux sociaux étendus qui nous ont permis de survivre" dans une Europe dont le climat était d'une rudesse démente, extrêmement rigoureux et sec.
Face à Sapiens, "il restait trop peu de Néandertaliens", de plus en plus disséminés (et, par voie de conséquence, acculés à la consanguinité) et Néandertal se trouva progressivement repoussé sur les côtes, le dos à la mer, ou dans les territoires les moins hospitaliers (ceux dont Sapiens ne voulait pas).
En fin de compte, "il y a 20 000 ans, Sapiens est seul".
"De nouvelles vagues d'Homo Sapiens arrivent ensuite en Europe", et, là, nous devons nous tourner vers le célébrissime site tchèque de Dolni-Vestonice. Le professeur Svoboda nous exhibe, fièrement, une magnifique défense de mammouth gravée, qui donne l'indication d'une "très bonne représentation spatiale" ("peut-être la première carte géographique du monde", s'enhardit-il à hasarder). De petites têtes de lion ("animal sûrement très respecté", suppute le professeur) illustrent aussi la "maîtrise du travail de l'argile". Et puis, bien sûr, il y a les fameuses "Vénus de Dolni-Vestonice", sculptures énigmatiques qui , toujours selon Svoboda, portent une certaine part de "mélange des attributs des deux sexes". Ces Vénus se retrouvent, à ce moment-là, partout en Europe, sur un territoire qui s'étend depuis la France jusqu'à la Russie, "preuve d'une culture commune propagée à tout le continent".
Cependant, les défis ne manquaient toujours pas : ils étaient, maintenant, d'ordre climatologique. On atteignait le maximum de la dernière période glaciaire et tout le Nord du continent était devenu inhabitable, car recouvert d'épaisses calottes de glace.
Sous cette contrainte, les Hommes durent se cantonner beaucoup plus au Sud, notamment dans le Périgord, où Randall White fouille une vallée qui, entre 18 et 22 000 ans, "ne fut jamais abandonnée". Cette vallée, truffée de grottes, constitua un refuge de choix pour la population sapienne et c'est là qu'un art pariétal grandiose fit son apparition (en particulier à Lascaux et Pech-Merle).
Pourquoi ces fresques magnifiques ?
Un spécialiste originaire de la région nous aide à mieux comprendre : "la grotte, explique-t-il, est une base, un point fixe, un point de rassemblement pour toute une tribu. Ces grottes sont des temples naturels décorés par la nature. Ce sont les lieux des esprits. Les formes naturelles que portent leurs parois suggèrent déjà des motifs", lesquels parlent à l'imagination des Hommes, des chamanes en transe.
"On soufflait la peinture avec la bouche; ça s'appelle le crachis". Cette technique, qui permettait de "peindre sur n'importe quel support" donnait lieu à un "travail fatiguant". En dépit de cela, les Hommes y tenaient, car ils lui attribuaient sans doute une "signification symbolique" : "le souffle crée l'image et son auteur se projette lui-même sur la paroi".
Autre sujet : "le continent a modelé ses habitants", essentiellement en modifiant, en éclaircissant à l'excès leur couleur de peau. Ceci a une explication somme toute très simple : tout part de la vitamine D, qui "joue un rôle essentiel dans la formation des os" et qui nous est fournie par les rayons de soleil que nous absorbons. Toute carence en vitamine D débouche sur des conséquences graves, au niveau osseux. De ce fait, avoir la peau noire ou sombre est un handicap en Europe, où l'ensoleillement n'est pas assez prononcé. Avec le temps, "une série de mutations génétiques a  éclairci la peau" des habitants du continent européen, afin de répondre à leur besoin d'absorber plus de rayons de soleil.
Assez curieusement, sur ces entrefaites, voici que le documentaire nous transporte en Turquie, où un certain professeur Schmidt a fait une "découverte capitale" : un temple de pierre à piliers en forme de T daté de 8 000 ans avant Jésus-Christ. Nous sommes là, déjà, dans le néolithique.
Le professeur Schmidt parle, avec passion, de "réunion de créatures de pierre". En fait, il s'agit de très beaux mégalithes décorés de "dessins gravés très élaborés". Les motifs en sont des figures de serpents, de moutons et d'araignées.
Serait-ce "le premier temple de l'histoire" ?
Assurément (le professeur Schmidt le souligne), "ces symboles et ces animaux dessinés nous racontent une histoire". Mais laquelle ? Le saurons-nous jamais ?
Ce qui, en revanche, est certain, c'est que, de par la présence de sculptures en hauts reliefs et de gros blocs de pierre, l'endroit en impose. Il indique, "chez les chasseurs-cueilleurs, un changement de comportement" (et de mentalité) frappant, décisif : une telle construction ne se conçoit pas, en effet, sans envisager l'exploitation de carrières, donc  l'apparition d'une spécialisation des tâches ; la société commence à devenir plus complexe, à s'organiser en groupes spécialisés, peut-être même en hiérarchies.
Par ailleurs, des études génétiques ont apporté la preuve que c'est dans la même région qu'apparut le premier blé sauvage.
Avec la naissance de l'agriculture (en terre non-européenne), tout se modifie : "les populations prospèrent", l'idéal du "croissez et multipliez" (pour plus de bras pour la récolte) se met en place.
Plus tard, ce sera l'émergence des premières civilisations.
Et le docu d'enchaîner allègrement sur une allusion ronflante à la "civilisation européenne".
C'est là que, pour ma part, je ne suis plus, à moins de penser que le Moyen-Orient se situe en Europe.
L'agriculture, l'élevage et la Civilisation elle-même sont nés, que je sache, non pas du sol européen (même si, par la suite et beaucoup plus tard, ce dernier les a développés très brillamment) mais en Anatolie et en Mésopotamie  (asiatiques) pour les deux premières et en Egypte (africaine) et Mésopotamie (asiatique) pour la troisième.
Eurocentrisme, quand tu nous tiens !
C'est dommage, car, dans l'ensemble, ce documentaire apporte beaucoup.


P.Laranco.
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