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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 09:42


La structure sémantique de ce poème est simple. Il est construit sur deux piliers liés par la relation de cause à effet : le premier est ce dont rit la locutrice et le second est son rire proprement dit. Néanmoins, le second a été mis en valeur pour tenir le rôle de devanture tandis que le premier a été relégué en second plan  où il fait fonction d’arrière-fond. La mise en évidence du rire a été réalisée par l’usage massif de l’hyperbole (grand rire dévastateur - éternuer de rire - en hennir - naseaux chatouillés, irrités - rire bien fort - rire diarrhéique, franc, obtus  - se plier en cinq de rire - éjecter expectorer évacuer éructer son rire) tandis que ce dont on rit  recouvre un amas d’éléments négatifs dont les caractères les plus saillants sont la disgrâce , la dégradation et la  nullité ( rire face au bruit de la mer - rire au milieu des colonnes de poussière sans couleur -  qui a un rire de chacal -  l’haleine fétide  - gravats  - nuages informes - le soubassement du monde  -  l’absurdité foncière ),  un amas qu’on peut, en somme ,  ramener à une cause profonde et unique : le non-sens  régnant dans le monde  et générateur de nausée existentielle. Ce qui donne à ce rire un aspect pathologique d’ordre psychique et le relie à un type particulier de folie qui mériterait la dénomination de folie artistique. Et les signes  les plus  révélateurs de ce  comportement pseudo- maniaque ( je parle bien entendu du «  je  »   dans le texte et non de la personne de l’auteure )  sont ses caractères involontaire et insistant  qui trahiraient une provenance inconsciente du côté irréel de la personnalité. Rappelons qu’à ce côté-là appartiennent aussi la folie et l’amour qui sont de la même nature que le rire. Enfin , un grand merci à Patricia de nous avoir offert l’occasion de nous plonger dans les structures abyssales de  ce texte aussi  profond que beau !

 


 

RIRE.

 

 

Rire tout à coup. Un bon coup.

D’un grand rire dévastateur.

 

Eternuer de rire.

En hennir. Naseaux chatouillés, irrités.

 

Rire bien fort.

Le dos au mur. Les boyaux flasques, secoués.

Faute de mieux. Parce que c’est mieux.

Parce qu’on est pris au dépourvu.

Parce qu’on n’a plus rien à dire, ni à penser. Parce qu’on se sent submergé par l’absurdité foncière.

 

Rire face au bruit de la mer.

Qui a un rire de chacal.

 

S’arrêter un bon coup. Et rire. D’un rire diarrhéique, franc, obtus. Rire. Se plier en cinq de rire. Comme si l’on allait vomir !

 

Rire au milieu des colonnes de poussière sans couleur, qui montent.

Ne plus s’arrêter de rire à deux pas de l’haleine fétide tourbillonnante des gravats qui s’enroule, en spires, autour des nuages informes.

 

Ejecter expectorer évacuer éructer son rire. Sans même avoir la moindre idée d’où il jaillit. Même à l’ombre des échafauds des échafaudages bancals.

 

Comme si le soubassement du monde était une vaste et secrète clownerie.

Patricia Laranco
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