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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 15:34

 

Remarquablement bien fait, ce documentaire  a tout pour « accrocher » le téléspectateur : commentaires des spécialistes et narration du commentateur s’y déroulent sur une toile de fond, très vivante, de reconstitution historique digne des films d’action chinois. L’acteur qui incarne le jeune empereur QIN Che Huang-Di (au demeurant fort beau) se compose une physionomie qui reflète très bien ce que devait être la personnalité énergique, implacable de ce monarque plein de colère, de ressentiment et d’ambition qui attachait fort peu de prix à la vie humaine.

Nous sommes aux origines du Céleste Empire, à l’époque où, de l’autre côté du monde, Rome était en train de livrer à sa rivale Carthage une bataille mortelle.

Ici aussi, il est question de batailles mortelles, mais fratricides.

Depuis longtemps, le territoire chinois est morcelé en Royaumes Combattants, qui passent leur temps à se disputer la suprématie.

Jeune roi du royaume de QIN (pronocer Tchin), QIN Che se voit tout d’abord confronté aux intrigues et aux manigances de celui qui est devenu l’amant de sa propre mère, LAO HAÏ, soi-disant eunuque, lequel tente, par une « révolution de palais », de lui ravir le pouvoir.

Drôle de situation : « sa mère le poignardait dans le dos » et l’amant de cette dernière, père de ses deux demi frères, essayait de l’assassiner !

Pour le jeune QIN, comme on s’en doute, ce fut un « tournant décisif ». Submergé par l’amertume, sous le choc, « il a décidé [dès lors] de détruire tous ses ennemis, d’unifier la Chine et de devenir empereur de tout l’univers ».

Une fois venu à bout de la « révolution de palais » menée par le faux eunuque, il se trouva « face à un dilemme » : qu’allait-il faire de sa coupable mère ?

La forte piété filiale chinoise jouant, il se contenta de l’exiler, cependant que, dans le même temps, se suicidait le non moins coupable premier ministre LU BO-WAÏ.

Ensuite eut lieu un « prompt procès », qui se solda par l’exécution de LAO HAÏ, ainsi que par celle de ses deux fils – qui étaient pourtant « fruits de l’union » avec la mère du jeune roi – et de la totalité de l’entourage de l’ « eunuque ». On le voit, sans merci !

Aujourd’hui, peut-être dirions-nous que le jeune homme avait « pété les plombs »…

Quoi qu’il en soit, tous ces « problèmes de famille » enfin réglés une bonne fois pour toutes, le roi de QIN se mit en quête d’un « homme perspicace, expérimenté et au fait de la chose politique » ; il le trouva rapidement en la personne de LI SEU, « politicien de premier ordre » et ex disciple de SUN SZU, qui devint son premier conseiller. Ce fut là, nous signale-t-on, une décision qui eut un « impact considérable ».

Comme on l’a déjà dit, les projets de QIN étaient déjà bien arrêtés. Avec toute la détermination dont peuvent être capables les Chinois, cette très forte personnalité, cet homme de fer qu’était déjà le jeune monarque s’accrocha à son idée « d’unifier la Chine d’une manière sans précédent ».

Dès ce moment-là, QIN (qui, vraisemblablement, souffrait de paranoïa et de mégalomanie), se voyait comme « pivot entre les affaires du Ciel et celles de la Terre ».

Mais, sans doute, pour que nous comprenions mieux la situation et le contexte, le documentaire se livre à un flash-back qui nous transporte «  dix mille ans avant la naissance de QIN Che ».

En 1027 avant Jésus-Christ, les QIN sont de redoutables « cavaliers nomades ». Leur territoire est vassal d’un état voisin, le royaume de ZHOU, alors directement en butte à la menace des HUNS et des MONGOLS qui déferlaient du nord. Obligé de fuir sa capitale, le souverain de ZHOU fait appel aux QIN, dont il connait les qualités guerrières et dont il sait que le Duc lui est resté loyal. Ces derniers volent à son secours et le résultat ne se fait pas attendre : « les QIN parviennent à stopper la poussée des Barbares » par leur « bravoure », et, en récompense, « le roi de ZHOU accorde un fief au Duc de QIN ». « L’état de QIN est né » et « le pays commence à se développer ».

Nouveau saut dans le temps, cette fois « trois mille ans plus tard, en Chine de l’ouest » : des paysans, en creusant un puits, déterrent une remarquable statue. S’ensuivent des fouilles menées par une équipe d’archéologues chinois qui, en 1974, déblayent « tout un périmètre », une gigantesque fosse où reposent des milliers de statues d’argile aux dimensions humaines figurant des soldats anciens.

Ces soldats sont flanqués de chevaux, ainsi que de « restes de chars de bois ».

Après la première fosse de 10 000 m2, l’on dégage une deuxième fosse, puis une troisième. On s’aperçoit qu’on a affaire à « quelque chose de vraiment monumental » : « l’une des plus grandes découvertes archéologiques de tous les temps », « une chose jamais vue en archéologie » !

Aussitôt, l’on se demande qui pourrait être à l’origine d’un pareil site.

Dans le but de répondre à cette question, on examine attentivement les armes en bronze retrouvées là : « haches guerrières », « pointes de flèches ».

Ces éléments, par bonheur, sont décorés d’inscriptions, qui se révèleront cruciales : toutes ramènent « à l’origine même de la nation chinoise » ; parmi elles, on note même les « dates de règne du premier empereur » !

L’énigme se dissipe : ce qu’on vient de trouver, c’est le « tombeau du premier empereur, le roi de QIN ».

Des savants (chinois comme anglo-saxons, le documentaire étant une production américaine) nous expliquent : « les six autres Royaumes Combattants s’opposeront farouchement au projet du roi de QIN » ; « c’était tous contre tous » et, au terme de cette lutte, « il ne pouvait subsister qu’un seul état ».

Ceci posé, ils précisent que « l’armée de QIN sera la clé de [sa] victoire ».

Obéissant à une « discipline de fer », cette dernière observait des « méthodes extrêmement dures ». « La société QIN était , s’empressent-ils d’ajouter, très militarisée, un peu comme Sparte, dans la Grèce Antique ». Mais d’autres comparaisons viennent aussi à l’esprit : les Samouraïs japonais, ou les redoutables guerriers de l’Empire Aztèque…

Pour nous donner une idée de ce que pouvait être cette société QIN, le documentaire nous projette des scènes d’entraînement militaire (duels) parfaitement reconstituées.

De suite après, on en revient aux fameux « soldats de terre cuite ». Qui, en effet, est mieux à même qu’eux de nous renseigner sur l’armée QIN ?

Un savant chinois nous apprend qu’on a extrait « 8 000 pièces au total » dans les trois fosses.

Parmi elles, on trouve une « majorité de fantassins ».

Ces soldats d’argile devaient représenter « l’élite de la machine militaire QIN ». Ils constituent une « représentation » étonnamment « réaliste » d’une « armée antique » et, de ce fait, nous livrent « nombre d’informations » inestimables.

Grâce à eux, par exemple, nous savons maintenant que l’armée QIN alignait de « grands chars de guerre précédés et suivis d’infanterie ».

Ces chars étaient en fait des « postes de commandement mobiles » qui donnaient une « vue générale du terrain et de sa configuration ». Ils se caractérisaient par leur légèreté et leur mobilité.

Les ordres étaient donnés à coups de tambours, ou de cymbales.

Dans la fosse N°2, nous rencontrons des cavaliers, « lointain souvenir et résidu des ancêtres nomades des QIN ».

Les cavaliers avaient eux aussi leur utilité : ils « coupaient les lignes de ravitaillement ennemies » et bénéficiaient d’une « puissance de frappe décisive lors des affrontements dans les grandes plaines centrales ».

Autre atout : les impressionnantes épées de bronze des QIN, qui mesuraient « presque un mètre de long », leur permettaient de jouir d’un « avantage énorme en combat rapproché », puisque, grâce à elles, l’ennemi se trouvait « tenu à distance ».

Ces épées QIN, qui datent de 2 000 ans, ont été l’objet d’études approfondies, au terme desquelles on a pu déterminer qu’elles étaient constituées « à 80% de cuivre » et à « 20% d’étain ».

Les chercheurs sont restés  « abasourdis » devant la constatation que les QIN maîtrisaient la technique du « chrome soudé sur du bronze », une technologie qui n’était tout bonnement « pas sensée être inventée » à cette époque.

Rendez-vous compte : « on pensait cette technique inventée en Allemagne, où elle avait fait l’objet d’un dépôt de brevet, en 1937 » !

Cela plaide pour une « avance technologique de plusieurs siècles ».

De même, l’analyse des 40 000 pointes de flèche en bronze a révélé une « proportion étain/cuivre/plomb similaire ».

Ainsi est-on, à l’heure qu’il est, sûr que leur fabrication était une fabrication « standardisée », et qu’elles étaient donc produites en masse, « à la chaîne ». Eh oui, les QIN, en vue de leurs guerres de conquête, avaient édifié « un complexe industriel militaire » bien avant la lettre ! Ils disposaient d’un « gigantesque complexe de manufactures » !

On nous présente, là-dessus, une autre découverte, qui a de quoi laisser « perplexe » : un objet articulé, en bronze, toujours, dont on nous explique qu’il s’agit d’une gâchette d’arbalète, également « standardisée », qui permettait des « réparations en plein champ de bataille », de même qu’une « augmentation considérable de la fréquence des tirs, comme dans le cas d’une mitraillette ». Ah, l’ingéniosité chinoise !

Tout ceci dénote, chez les QIN, « une connaissance approfondie de l’aérodynamique ».

Ces arbalètes, qui avaient une portée de 300 mètres, étaient « l’arme principale de la cavalerie ». Les salves étaient tirées alternativement par plusieurs rangs d’arbalétriers, ce qui permettait aux uns de recharger leur arme, pendant que les autres décochaient. Ce « système, développé 2 000 ans plus tôt que chez les Européens », avait à son actif une « puissance de frappe plus grande ».

Il est temps de passer à l’Histoire.

Les QIN réalisent l’importance de trois états situés au centre-nord de la Chine.

Mais le premier royaume à être visé par eux est le royaume HAN.

Il faut insister : « tout [chez les QIN] était tendu vers cette échéance » ; le but était bien « d’édifier un état impérial inédit » et, pour cela, les QIN avaient mis sur pied « une armée d’une taille exceptionnelle ».

Nous avons droit à des scènes de reconstitution filmée de la bataille. Entre HAN et QIN, « les combats sont rudes » et ne durent pas moins d’ « une année ».

« L’ennemi [les HAN] était puissant et déterminé ; ce ne fut pas une bataille facile », commente un spécialiste. Elle se déroula en 230 avant Jésus-Christ et, au final, « les QIN sont parvenu à écraser les HAN ».

Peu de temps après, ils s’en prirent au royaume de ZHAO, que « le roi de QIN dut attaquer trois ans avant d’en venir à bout ». Il faut, à ce stade, s’arrêter sur un détail qui a son importance : QIN Che avait une revanche d’ordre privé à prendre sur ce royaume, qui l’avait personnellement humilié lors d’un séjour ancien.

Donc, en 228 avant Jésus-Christ, c’est avec une détermination toute particulière qu’il attaque, encore tout imprégné des souvenirs relatifs aux mauvais traitements que les ZHAO avaient jadis infligé à son père, à sa mère, ainsi qu’à lui-même.

Mais une question – qui, certes, vaut la peine d’être posée – se pose : « comment les QIN ont-ils constitué une armée aussi grande ? »

La réponse nous est donnée par un tombeau de l’époque, retrouvé par un archéologue chinois. A l’intérieur de cette sépulture, des « rouleaux de bambou en parfaite conservation » nous renseignent sur la manière dont on vivait dans l’armée QIN.

« Les grades reçus au combat ont une extrême importance pour les soldats QIN », lesquels étaient payés en fonction du nombre de têtes ennemies tranchées qu’ils rapportaient au camp. Ce système de « récompenses » explique que ces militaires « prenaient énormément de risques » : « tuer l’ennemi, lui couper le tête et la remettre aux autorités était très important »…brrr !

« Férocité et loyauté » étaient d’autant plus développées que , de surcroît, venait s’ajouter l’extrême « sévérité » du roi QIN. « Des unités QIN entières pouvaient être punies d’exécution en cas d’échec ». Comme quoi on « stimulait » à la fois par la récompense et par la terreur !

La capitale du royaume ZHAO fut, comme on en a une illustration dans les scènes du film qui défilent, incendiée et proprement « dévastée » par les tendres QIN. « Tous les hommes QIN de plus de quinze ans participèrent à cette bataille cataclysmique ». Là, comme nous l’avons vu, à la sévérité et à l’esprit de conquête pur s’ajoutait une rancune tenace : QIN Che était, certes, né chez les ZHAO, mais dans une famille qui y était otage ! Aussi « avoir conquis l’état de ZHAO ne suffit[- il] pas au roi de QIN » : le cœur plus que jamais empli de haine, il s’en vient visiter sa capitale en ruine, afin de jouir du spectacle. Ceux des ZHAO qui, autrefois, l’avaient offensé le plus gravement seront écartelés chez lui, au pays QIN, ce qui, aussi, a une fonction d’ « avertissement » lancé aux autres. A tous les autres…

« En six ans, QIN a défait la plupart de ses ennemis ». Reste cependant le grand et notablement puissant état de ZHOU, toujours dangereux, car plus que jamais « susceptible d’unifier la Chine pour son propre compte ».

Dimensions, richesse, capacités militaires et tempérament « farouche » de ses gens : « ZHOU est le plus grand défi de QIN ». Un gros morceau, en quelque sorte !

QIN Che ne fait ni une ni deux : il convoque sur le champ ses plus grands généraux, le jeune LI SIN et WANG DIEN, un homme déjà âgé. Ces deux-là ne sont pas d’accord sur le nombre d’hommes que l’on doit réquisitionner en vue de la bataille qui s’annonce.

QIN, peut-être en raison de sa propre jeunesse, préfère se fier au jeune LI SIN et opte pour un nombre de 200 000 soldats. Il va bientôt s’en repentir, car les QIN essuient une défaite, et « 100 000 de leurs soldats seulement survivent ».

Extrêmement mécontent, le roi de QIN rappelle de suite WANG DIEN en retraite, qui a même droit à des excuses ! A ce propos, un savant ne peut s’empêcher de conjecturer : « il a dû être très difficile au roi de QIN d’admettre qu’il avait fait une erreur »…et on le croit sans peine !

Mais il faut dire que « ZHOU était un pays aussi vaste que raffiné ».

« Les QIN, nous révèle-t-on, usèrent de ruse ». WANG DIEN, qui était un vieux briscard et, par conséquent, un vieux roublard, feignit de se cantonner dans son camp, totalement passif et immobile pendant une longue période, dans le même temps qu’il « entraînait son armée dans le plus grand secret ». Ceci eut pour effet de relâcher sérieusement la vigilance des ZHOU. Au moment où ceux-ci avaient cessé presque complètement de se méfier et de s’attendre à quoi que ce soit, le général « mena ses 600 000 hommes à la bataille ». L’effet de surprise fut foudroyant.

D’une façon plus générale, « les guerres QIN furent des batailles très dures », qui excluaient complètement les tractations.

Insistons encore là-dessus : « tous ces royaumes ont combattu jusqu’à la fin ».

Après ZHOU, et non sans « combats à mort », « féroces et sanglantes mêlées » que les diverses scènes de reconstitutions qui continuent de défiler sous nos yeux évoquent très bien, c’est au tour des forces de l’état de CHU d’être défaites.

L’état de YAN (prononcer Yen) , lui, se rend à QIN… du moins selon les apparences car, en fait, il s’agit d’une ruse. En grand secret, là encore, les YAN ont recruté un guerrier, qu’ils ont déguisé en messager ; ils le dépêchent au palais du roi de QIN, avec pour prétexte de notifier la reddition et pour véritable mission de l’assassiner. Introduit dans la salle du trône, l’homme lance son poignard vers QIN Che. Ce dernier, pourtant, mal lancé, ne fait que se planter dans une colonne de pierre. Entre temps, prestement, QIN s’est mis à l’abri derrière la colonne, et ses soldats se précipitent, abattant l’intrus sans plus tarder. On peut dire qu’il l’échappe belle !

Fou de rage pour le coup, QIN lance son armée, et balaye YAN en un mois.

Le dernier royaume encore indépendant, celui de QI, sans doute impressionné par tout ce qui précède, se hâte de capituler (et je crois qu’on peut le comprendre). 

« En dix ans, QIN avait unifié tout le sous-continent pour les deux prochains millénaires », mais il l’avait fait au prix de milliers de vies humaines.

Il savait cependant qu’aux yeux des Chinois, la légitimité impériale ne s’acquerrait pas par voie purement militaire, la destinée d’empereur étant, d’abord, une « destinée céleste ». C’est la raison pour laquelle il n’était pas question qu’il omette de s’acquitter d’un devoir essentiel : l’offrande au dieu de la rivière (il se sentait lié à l’eau).

Le film nous le montre déposant dans les eaux bleues et vives d’un fleuve un beau disque de jade troué en son milieu.

Il ne lui reste plus alors qu’à s’autoproclamer « dieu parmi les hommes », et il le fait, en choisissant un nouveau nom.

Désormais, on accolera à son nom premier de QIN Che celui de Huang-Di, qui signifie « dieu suprême », « dieu le plus vénéré », « auguste » (DI étant, là-dedans, « le terme qui servait à nommer les dieux »).

« QIN, conclut-on, avait hérité du projet que chérissaient ses ancêtres et l’avait mené à bien ».

Mais, juste avant que ne prenne fin cette première partie du film, le commentateur ne manque pas de nous avertir :

« QIN Che Huang-Di ne connaîtra pas la paix ; l’histoire de son règne s’écrira en lettres de sang ».

On veut bien le croire lorsqu’on regarde le visage de l’acteur chinois qui l’incarne.

Rendez-vous samedi prochain pour le deuxième volet de l’aventure.

 

 

P.Laranco.

 

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