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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 10:42

La beauté est partout. Elle existe depuis la nuit des temps. On ne sait ce qu’elle est vraiment, on ne peut pas trouver de mots pour l’expliquer. Mais on sait qu’elle est là, qu’elle est partout, qu’elle est à l’intérieur de notre corps, dans notre sang, qu’elle est dans le monde, dans la moindre petite chose, dans l’univers, partout absolument partout. Elle se dit que ceux qui ne voient pas la beauté ne vivent pas vraiment, ils n’ont pas encore commencé à vivre. Ils croient vivre mais ce n’est pas le cas. Dans leurs yeux, il y a quelque chose qui manque, il y a un vide parce qu’ils ne voient pas, parce qu’ils ne veulent pas voir. Et la beauté est partout et cette beauté est tellement forte que Sarah doit parfois fermer les yeux pour qu’elle ne se mette pas à pleurer et à frissonner.

 

 

 

Elle se dit qu’elle aimerait être aveugle pour ne plus voir la beauté parce que c’est trop fort.

 

 

 

La beauté est née un jour ne dans les yeux d’un enfant, il y a très longtemps de cela, ou exactement, personne ne le sait et cette beauté était une étincelle qui, tout à coup, a surgi, comme ca, sans explication et cette étincelle est devenue une flamme, puis une lumière puis quelque chose d’encore plus fort mais il n’y pas de mots pour le décrire et cette chose a commencé à s’étendre, à se répandre partout, très très vite et cette chose a commencé à créer de la matière, un monde, qui s’étendait de plus en plus vite, à une telle vitesse que même la lumière ne parvenait a le rattraper et la moindre poussière était beauté, la nuit était beauté, l’aube, le crépuscule, les milliards et les milliards d’étoiles et d’astres, la mer bleue ou turquoise, le souffle des nuages, les visages, les mains, la terre, les ombres, les montagnes, les fleurs, les rêves, les songes, les pensées, les cheveux, le bois, les arbres et même les formules de mathématiques, les nouvelles idées, tout était beau, tout ce qui émanait des yeux de cet enfant et qui se répandait partout était beau et c’est cette beauté qui rendait le monde possible et il fallait que l’enfant crée toujours plus de beauté, qu’elle s’étende toujours plus sans quoi le monde cesserait d’être mais l’enfant ne s’arrêtera jamais car ses yeux sont immortels, car la beauté est immortelle.

 

Et puis un jour on a oublié l’histoire de la beauté et on a oublié les yeux de cet enfant.Sarah parle parfois à cet enfant et il lui dit qu’il faut voir la beauté sinon ce sera trop tard.

 

Sarah aimerait raconter cette histoire au bonhomme mais il ne l’écoutera pas.Surement pas.Elle ne l’a raconté, à vrai dire, qu’a une seule personne, Kabir. Et Kabir n’a pas rigolé, il l’a écouté attentivement et il lui a dit de raconter une deuxième fois, puis encore et encore. Kabir aime son histoire.Kabir lui dit des choses compliquées et elle n’y comprend rien.Que la beauté est essentielle.Qu’il faut se démunir de tout.Qu’il faut taire ses passions.Qu’il faut peupler son imaginaire de rêves.Kabir est trop intelligent. Quand il se met à parler comme ca, Sarah est très impressionnée mais elle ne lui dit rien sinon il va se mettre à rougir, il ressemble alors à une pomme d’amour.

 

 

C’est trop rigolo tout ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sarah parfois ouvre son corps au monde. Elle aime bien ça. Son corps est alors comme une offrande, comme un don. Elle offre ses yeux, sa peau, sa bouche, sa chair à la beauté du monde et en l’encrant en elle, elle concourt à son éveil, à sa création.

 

La beauté ne subsiste que si on la désire.

 

Parfois, quand sa maman n’est pas là et qu’il fait très chaud et que le soleil brille de tous ses feux et que le temps courbe sous son poids elle monte sur le toit de sa maison. Elle s’assied par terre en position du lotus et se met à contempler le ciel.

 

Et elle attend. Elle sait que rien ne presse.

 

Elle sait la force des éléments mais il faut être patient. Il faut savoir attendre.

 

Ensuite elle ferme ses yeux. Et elle ouvre son corps.

 

Et la lumière, petit à petit, s’y immisce, s’y infiltre, la lumière bleue du ciel, la lumière qui provient des astres, la lumière qui provient des confins, la lumière des origines, lumière douce, lumière liquide et cette lumière entrouvre son corps, entrouvre ses veines, ses artères, son sang et cette lumière entrouvre l’infime en elle pour s’y mêler, s’y dissoudre.

 

Mais plus encore se déploient en elle toutes les tempêtes, tous les fleuves, tous les nuages, tous les océans, toutes les dunes, tous les martèlements des éléments, toutes les pulsations du moindre atome.

 

Elle n’est désormais plus qu’une béance qui accueille et révèle tous les manifestes de la beauté.

 

Elle est la beauté incarnée et elle en est la conscience.

 

 

 

 

 

 

 



Sarah aime les personnes invisibles, ceux qu’on ne voit pas, ceux dont personne ne parle. Sarah les aime parce qu’elles permettent au monde de se perpétuer. Elles ne font rien de grandiose, de spectaculaire, l’histoire ne retiendra pas leurs noms, elles n’ont aucun disciple, elles se contentent de tisser les fils de l’éphémère.

 

Ce sont des fils qui rêvent l’architecture secrète du monde.

 

C’est parfois cet homme qui consacre dix années de sa vie à sa mère malade ou cette femme qui fait son travail de son mieux, qui reste fidèle à des principes ou encore cet ami qui a choisi de vivre simplement, de se contenter de peu. C’est sa maman, Kabir, Martin et bien d’autres encore. Elle les aime, ces personnes-là, parce qu’elles ne veulent pas paraitre et si elles ont le désir de peu de choses elles ont la soif de l’essentiel. Sarah se dit qu’elles sont comme des fourmis qui travaillent avec acharnement, elles remuent la terre et le ciel, de façon modeste mais indispensable, et elles leur permettent d’exister.

 

Que serait la terre et le ciel sans la dévotion des personnes invisibles ?

 

Sans doute un champ de bombes ou un désert.

 

Sarah se dit aussi que le plus sage des hommes et des femmes est peut-être un inconnu car la sagesse est dénuement. Mais on n’a jamais entendu parler de lui. Peut-être que c’est un voisin, le boutiquier du coin, la bonne, un enfant ou un vieillard, qui sait, personne ne le sait. Sarah a envie parfois d’arrêter des gens dans la rue pour leur poser cette question.

 

Dites-moi, êtes-vous le plus sage parmi les sages même si personne ne vous connaît.

 

Elle a envie de poser cette question aux gens. Car elle a envie d’en rencontrer encore plus, les Invisibles.

 

Elle a envie de dire aux autres qu’il faut qu’ils parlent aux personnes invisibles, qu’il faut qu’ils les remercient car sans eux rien n’est possible. Ainsi quand vous rencontrez une personne invisible il faut l’enlacer et lui faire le plus gros des câlins. La personne invisible risque de rougir car elle est souvent timide. Mais il faut le faire.

 

C’est très important.

 

N’oubliez pas, la prochaine fois que vous rencontrez une personne invisible il faut l’enlacer très très fort et lui faire de gros bisous.

 

Elle aimerait, elle aussi, un jour devenir invisible, qu’on cesse de la voir ou qu’on croit qu’elle est sans importance mais elle saura, comme tous les invisibles, que sans eux, les gens risquent d’avoir encore plus peur, de souffrir encore plus.

 

Elles rêvent, avec des fils éphémères, l’architecture secrète du monde.

 

Ne l’oubliez jamais.

 

 

 


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