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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 11:46
Né en 1955 à Ripailles (Ile Maurice), d'origine indienne (très exactement de l'état indien du Bihar) et modeste, un temps enseignant puis journaliste, Vinod Rughoonundun, grâce à ses recueils de poèmes "Mémoire d'étoile de mer", "La saison des mots" et "Chair de toi", s'est vu consacré "poète mauricien le plus puissant de sa génération".
Egalement novelliste ("Daïnes et autres chroniques de la mort", 2004 (1) ), et avec non moins de talent.
Homme discret,  avant toute chose passionné par la quête langagière, Vinod vit désormais en France, à Paris, et anime des ateliers d'écriture, tout en continuant lui-même à écrire.
Pour lui, écrire n'est autre chose que "réactiver une mémoire" (2).
Savourons maintenant ce magnifique poème qu'il nous envoie...





                                                            les vigiles veillent


sous les biefs du nord fleurit le mauve de ton sel


    dans le mot bâillonné la mer se noie en silence
           voici la quête aujourd'hui traversées d'errance


           tu cheminais le bleu des étoiles
         la lune dans une main dans l'autre le soleil
    tes rêves étaient senteur de liberté


entre tes doigts se tissait le lin de la vie
     d'autres horizons s'ouvraient dans tes yeux
           si novembre à tes lèvres avait goût de mai
      le gris des cendres est venu avec février
recouvrir ces couleurs poussière de lumière


                         je navigue entre les vents déposer mon offrande
                      à la racine de toute larme   et y verser l'eau de mes prières
                   celles-là mêmes que chaque matin levant je façonne
              avec le chant des oiseaux   pour que soit l'arc- en - ciel
                   et viendra le jour où sur les biefs du nord
                        les vigiles ne veilleront plus
                            où la mer dans le silence de son sang
                                  donnera l'aurore au mot désenclavé


Vinod RUGHOONUNDUN
Paris, le 05 Juin 2006.


(1) Voir, dans ce blog, l'article sur "Daïnes et autres chroniques de la mort".
(2) Lire, à ce propos, son interview réalisée par Claire Riffard à l'adresse suivante: www.culturefrance.com/librairie/derniers/pdf/nl158_4.pdf
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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 11:17
Le métissage est hautement favorable à l'épanouissement de l'art en général et de la littérature en particulier.
Deux exemples me viennent à l'esprit : le Brésil, dont mon ami le poète français Jean-Paul Mestas dit purement et simplement qu'il "est poète", pas moins, et l'Ile Maurice, où l'on constate l'explosion d'une vitalité littéraire assez étonnante compte tenu de la taille et de l'importance mondiale de ce tout petit pays, de cette île-confetti isolée aux antipodes de "là où il se passe quelque chose".
Maurice a produit des auteurs de grande valeur et continue d'en produire.
Loys Masson, Robert-Edward Hart, Malcolm de Chazal, Edouard Maunick (qui est l'égal d'un Césaire bien qu'hélas, nettement moins connu), Tsang Mang King, Jean Fanchette, Jean-Georges Prosper, Le Clézio, Marie-Thérèse Humbert et, plus près de nous, Khal Torabully, Ananda Devi, Umar Timol, Vinod Rughoonundun, Shenaz Patel, Yusuf Kadel, Nathacha Appanah, Sedley Assone et j'en oublie (qu'ils me pardonnent)... On le voit, nous avons affaire à un palmarès impressionnnat au regard d'un aussi minuscule bout d'ïle.
La richesse, le dynamisme de la littérature mauricienne sont, sans doute, une illustration patente de l'effet enrichissant, dopeur de créativité, du métissage.
Maurice a pour elle de réunir, dans un territoire minuscule et, par conséquent, qu'on le veuille ou non, propice au contact étroit entre les diverses cultures, une population-mosaïque en provenance de trois continents et de pas moins de cinq aires culturelles différentes (le sous-continent indien lui-même divisé en deux aires religieuses, l'hindoue et la musulmane, la Chine, l'Europe qui, pour sa part, a apporté deux influences, deux langues, la française et l'anglaise, Madagascar et l'Afrique Noire - on peut difficilement faire mieux !).
Cela fait d'elle, certes, un petit point sur le vaste océan, mais un petit point tourné, tout naturellement, vers tous les horizons, tous les voyages et toutes les ouvertures..
Et puis, il y a ce fameux problème de "l'identité mauricienne", qui traverse tout le champ de la littérature de ce pays. Maurice est (comment pourrait-il en être autrement ?) un pays qui se cherche, ce qui favorise le jaillissement des idées, de l'inspiration. La société mauricienne est traditionnellement marquée par ce que l'on appelle là-bas le "communalisme" (et que l'on appellerait, ici, le "communautarisme", un terme qui fait frêmir les âmes françaises) et, en ce sens, se voit obligée de questionner son identité .
Qu'est-ce qu'un mauricien ? Toute la littérature résonne de cet inconfort, de cette complexité, de cette quête. Toute la littérature s'en voit aiguillonnée, et stimulée.
Maurice, c'est, cela ne peut pas être autre chose qu'une école du "vivre avec l'Autre", qui encourage l'ouverture d'esprit.
Figurez-vous que c'est un des rares pays sur cette planète où une multitude de groupes ethniques et religieux (sans compter les produits des divers métissages) se côtoie sans qu'il y ait de tensions raciales majeures et dramatiques dans le style, par exemple, de celles que connaissent l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, le Sri Lanka ravagé depuis trente ans par une guerre qui l'empêche d'accrocher son wagon au train du développement économique asiatique, ou, même,  l'Inde, régulièrement en proie à des émeutes religieuses des plus sanglantes entre hindous et musulmans rivaux.
A Maurice, pas d'explosion.
Un sens aigü de la démocratie, rare dans le monde africain auquel, géographiquement, l'ïle-patchwork se trouve rattachée.
A Maurice, pas de guerres "tribales", pas de dictateur sanglant et mégalomane, pas de famine. Un dynamisme économique qui, certes, est loin d'être exempt de zônes d'ombre (telles, entre autre, le sentiment d'exclusion que ressentent les Créoles et dont se plaint, à juste titre, Sedley-Richard Assone, la pauvreté que dépeint, par exemple, une Ananda Devi , la trop grande importance que revêt le tourisme haut de gamme dans l'économie que de pareils choix fragilisent, le fait que l'économie demeure contrôlée par l'oligarchie blanche ultra minoritaire au plan démographique) mais qui n'en est pas moins un point positif, une source potentielle d'évolution si l'on sait bien en faire usage (demeurons optimiste !).
Tout ceci, me semble-t-il, concourt au fait que les mauriciens commencent à se sentir fiers de l'être.
Ils prennent conscience de la richesse multiculturelle qui est la leur et si, longtemps, ils ne l'ont pas vraiment assumée en raison de la double tradition (coloniale et anglo-saxonne) de cloisonnement ethnique, il la considèrent désormais de plus en plus comme une chance, une illustration rare et ramarquable du fait que multiculturalité et multiracialité sont des atouts, bien plutôt que des handicaps.
A méditer.
Surtout dans un pays comme la France, par exemple.
Maurice est l'exact contraire, l'exact opposé de son ancien pays de tutelle coloniale, où l'on cultive une vieille identité rigide et monolithique, laquelle, si elle demeure égale à elle-même, risque de se scléroser.
Pays francophone, donc proche de la France par certains côtés, l'ïle- arc-en-ciel est un modèle de gestion raisonnable de la multiculture, de l'"unité dans la diversité".
Cette gestion n'est pas chose aisée, loin de là, mais on remarque - et on a,d'ailleurs, toujours remarqué - que les grandes avancées civilisationnelles se font et se sont toujours faites sur les territoires de contact, de confluences : ainsi, la Méditerranée et, aujourd'hui, le "melting pot" américain (quelques soient les critiques qu'il puisse, par ailleurs, justifier).
Il n'est pas de salut hors l'apprentissage du "vivre avec l'autre".
Ni pour le génie social, ni pour le génie artistique.
La preuve.

P.Laranco.
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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 15:32

Pourquoi les gens ne nous aiment-
ils que perdants
ou malheureux ?
Pourquoi faut-il qu'ils se sentent
diminués par nos succès
ou
spoliés par nos bonheurs
comme s'ils leur portaient atteinte ?

Je ne sais pas moi mais la joie
cela devrait être plutôt
contagieux, cela devrait
se propager
de proche en proche
un peu comme le fait
le feu,
cela devrait
être un moteur.

Mais penser ainsi, c'est compter
sans les gens, qui aiment à rester
rogues, bougons et négatifs
comme si
cela faisait mieux.

Ils se sont caparaçonnés,
blasés, murés dans un fortin
plus que rétif de bouderie,
certainement, sans autre but
que celui de ménager
leur fragile petit ego
qui s'affole pour un rien
(on en revient toujours à ça !)

Leur déformation d'esprit
étrange les pousse à penser
que tout ce qui est réussi
procède presque du délit
voire même de l'obscénité.

Et seule la médiocrité
rassure ces faces de rats,
de bouledogues grommeleurs,
insupportés par tout espoir.

P.L

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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 11:06

Méfiez-vous, l'avenir
démarre
maintenant,
l'Inconnu
qui vous attend
est là,
à vos portes.
Le présent n'est présent qu'en ce qu'il est le seuil,
l'antichambre de ce
qui sera après lui.
C'est le présent qui
élabore
l'avenir,
en sème les germes et les spores dans l'air;
faites attention, vous n'étes déjà plus ici
ni maintenant, sentez, soyez donc attentif
au grand flux qui commence à faire mouvement !
Le présent, qui ne tient pas en place, a toujours
hâte de s'engouffrer à l'intérieur de
la gueule du futur vorace
qui l'avale !


Patricia Laranco.

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 12:35

Edgar Morin : "Introduction à la pensée complexe", Editions du Seuil, Points, 2005

C'est à une véritable révolution de la pensée que nous invite le sociologue Edgar Morin, lequel est, sans doute, l'un des penseurs contemporains les plus interessants et valant le plus le coup d'être lus. Quoique sociologue de formation, E. Morin a su devenir un "esprit universel" de par son intérêt pour les sciences et la philosophie.
Ce livre nous démontre avec brio que nous ne pouvons plus penser de la même façon. Tout simplement et rien que ça.
Les découvertes de la science du XXième siècle (relativité d'Einstein, incetitude quantique de Schrödinger et Bohr, théorème d'incomplétude du logicien Kurt Gödel, théorie du chaos d'Ilya Prigogine) ont balayé le confort de la pensée strictement cartésienne et l'espoir d'une explication simple, claire, directe de l'univers. Tout simplement parce que l'univers, lui, n'est pas simple, clair, ni direct.
"Le réel est monstrueux" et notre cerveau lui-même (que nous avons tant de difficultés à comprendre, c'est le comble des combles !) est un extraordinaire exemple de la "complexité". Plus la connaissance avance, défriche, plus elle se heurte à des questions et à des paradoxes.
C'est pourquoi Edgar Morin lance un urgent appel à l'assouplissement de l'intellect. C'est son cheval de bataille depuis un certain nombre d'années.
Dans ce court et dense essai, l'esprit de synthèse, de survol que l'on lui connaît fait merveille et lire ce livre n'est rien moins qu'un régal pour l'esprit.
Le rêve implicite des scientifiques et des philosophes, depuis la Renaissance, est de trouver une sorte d'Absolu de la connaissance. Née en culture occidentale et judéo-chrétienne, la science moderne a été longtemps inconsciemment fascinée par ce "point oméga" (au point qu'Einstein allait jusqu'à dire : "Dieu ne joue pas aux dés").
La "pensée complexe" que propose E.Morin insiste, elle, au contraire, sur les LIMITES de la pensée humaine. Il faut accepter ces limites, si difficile que ça puisse paraïtre. Même "la mathématique", ce miraculeux outil de compréhension au-delà des apparences, se révèle, grâce à (ou à cause de) Gödel, confrontée à la limite. (1)
Dans le sillage de Descartes (dont il aime à reprendre le mot "méthode"), Edgar Morin interroge la notion de conscience et, ce faisant, pose une question fondamentale, vertigineuse et fascinante : "il n'y a d'objet que par rapport à un sujet (qui observe, isole, définit, pense) et il n'y a de sujet que par rapport à un environnement objectif (qui lui permet de se reconnaïtre, se définir, se penser, etc., mais aussi d'exister"; "Ainsi apparaït le grand paradoxe : sujet et objet sont indissociables, mais notre mode de pensée exclut l'un par l'autre" ; "Et l'on peut, effectivement, avancer que la conscience, d'une façon incertaine sans doute, reflète le monde; mais si le sujet reflète le monde, cela peut aussi signifier que le monde reflète le sujet".
On le voit, le serpent se mord la queue, et l'oeuf ne sait plus que faire de la poule.
La notion de réfléxivité est centrale dans la pensée de Morin, qui n'exprime jamais si bien le problème que dans ce fulgurant aphorisme : "Ainsi le monde est à l'intérieur de notre esprit, lequel est à l'intérieur du monde".
On mesure donc bien combien la connaïssance, dans son acception classique, est  vouée à l'impasse, et combien le dépassement du moule cartésien s'avère nécessaire.
La "scienza nuova" que propose audacieusement Morin est, selon lui, le seul remède possible à la crise de la pensée qui se profile : pas de solution miracle en dehors de l'ouverture de la pensée, de la confluence entre "la pensée analyste-réductionniste et la pensée de la globalité" ; "Nous avons besoin d'une rationalité autocritique, d'une rationalité exerçant un commerce incessant avec le monde empirique, seul correctif au délire logique"  ; "Vous allez joindre l'Un et le Multiple, vous allez les unir, mais l'Un ne se dissoudra pas dans le Multiple et le Multiple fera quand même partie de l'Un".
Le style d'Edgar Morin est d'une limpidité rigoureuse et éblouissante. Il a l'art , que dis-je, le génie, d'exposer avec une redoutable clarté des notions qui , pourtant, rechignent souvent à se prêter à une pareille précision. Il réalise la parfaite jonction entre synthèse et analyse qui est le propre des grands esprits.
Son esprit brillantissime, on le sent, aspire à tout embrasser. Dans notre monde de plus en plus fragmenté, il faut saluer sa perception globalisante comme un bol d'air pur.
Morin, de plus, a le mérite d'être un philosophe "en éveil", attentif à l'extrême au monde scientifique de notre époque et aux préoccupations philosophiques qui, de plus en plus, assaillent les gens de science (2) . Il mériterait une place de choix dans les programmes des classes de philo des lycées. Il réconcilie sciences et philo, qui, en fait, ont partie liée.
Quoi qu'il en soit, lire ce livre nous ouvre des horizons de pensée nouveaux, spiralés à l'image de la photo très évocatrice et très belle qui figure sur la couverture de cet ouvrage de poche.


P.Laranco.

(1) Morin parle du théorème de Gödel comme d'une "brèche infinie ouverte au sommet de tout système cognitif".
(2) Lire aussi : Guy Sorman : "Les vrais penseurs de notre temps", Le Livre de Poche, 1989.

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 12:27
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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 12:24
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