Avec les fils de ma vie je veux tisser un visage
Jeune encore de préférence le mettre dans ce cadre sans joie
Mais avec la paix que donne une force nouvelle il faut se mesurer au vent contraire
France Burghelle-Rey.
Yves-Alain Corporeau
Conseiller culturel près l’Ambassade de France
Directeur de l’Institut français de Maurice
a le plaisir de vous inviter à célébrer
LE PRINTEMPS DES POÈTES 2012
AVEC LA PARTICIPATION DE
Richard Beaugendre, Saïd Hossanee, Neshen Teeroovengadum et Eric Triton
LE VENDREDI 13 AVRIL 2012 À 18H
à l'Institut français de Maurice, 30, avenue Julius Nyerere, Rose Hill, Ile Maurice T +230 467.42.22 www.ifmaurice.org
Livre écrit par Joseph Cardella
Vous trouverez dans les librairies mauriciennes « Pause Philo – Réflexions sur l’actualité », recueil des articles de l’année 2010 publiés dans l’hebdomadaire l’express dimanche.
Les articles sont classées par thème :
- Éducation
- Culture
- Religion
- Philosophie
- Politique
- Société
- Langue
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De 1986 à 1990, Gerry L’ETANG et
Victorien PERMAL recueillirent le récit d’Antoine TANGAMEN, dit ZWAZO.
Dernier grand tamoulophone de Martinique, détenteur de la mémoire indienne et hindoue de l’île, ce maître du sacré est décédé en 1992.
Les extraits qui suivent, traduits du créole antillais, ont été publiés en 1994.
LIRE SUR :
http://www.montraykreyol.org/spip.php?article1676
L’instant présent n’existe pas.
Où – plus exactement – s’il existe, ce n’est que par sa fugacité, sa brièveté, son inconsistance.
Il est mouvement. Temps en mouvement.
Vomi par le passé, il s’engouffre tout aussitôt dans l’avenir, nous condamnant au provisoire.
Le pire, c’est sans doute cela.
Sentir, au cœur du présent même, de sa pulpe pourtant bien réelle qui nous enserre et qui sollicite tout ce qu’il y a de réellement nos sens, ce caractère mouvant, instable, volatil, frissonnant qui est le sien.
Chaque instant n’est qu’évaporation, que dissolution de sa propre substance. Chaque instant est bond pour s’échapper au plus vite hors de lui-même. Pour échapper...
Oui, c’est ainsi : nous reposons tous sur cette fondrière-là. Nous sommes les involontaires captifs, les otages de cette ruée, de cet élan temporel.
Nous pourrions, bien sûr, nous attacher, nous accrocher à l’idée que tous les instants se ressemblent. Que le Temps ne serait qu’une apparence, en tout et pour tout une simple illusion de mobilité. Qu’en fait, il n’y aurait, en lieu et place de ces instants qui nous donnent l’impression de se succéder, qu’un seul et même instant, éternel, changeant seulement par la diversité apparente de ses facettes, des visages toujours renouvelés qu’il nous offre. Le Temps, donc, n’aurait pas, dans son essence réelle, la structure que nous percevons.
L’intuition d’un « instant intemporel » hante tout aussi bien les poètes que les quêteurs mystiques.
Peut-être, pourquoi pas ?...Après tout…le réel est si compliqué, et si étrange !
Pourtant notre intuition commune, quotidienne nous tient un tout autre langage. Celui, tenace, de la naissance, de la mort, de la fin et du commencement. Toute notre perception nous parle d’un mouvement, de changement, d’usure.
Que nos sens (ou nos calculs, dans le cas de la thermodynamique) nous trompent ou non, nous sommes complètement immergés dans ce vécu, et adaptés à lui. C’est profondément, intimement et intensément que nous en ressentons le vibrato.
L’éternité existe peut-être. Mais nos sens ne la captent pas. Nos vies sont bel et bien dans le Temps, déployées dans le sens de la marche du Temps.
Peut-être l’éternité est-elle au Temps qui passe et se déroule ce que le cristal est au fluide (la glace à l’eau, pour prendre un exemple)…
En attendant, nous, nous faisons partie du Temps, de sa fluidité remuante. Quoique solides, nous nous laissons, par la force des choses de la nature, emporter par son cours, un peu comme des morceaux de rocs se laisseraient drainer par un glacier. Il nous traverse dans la même mesure que nous le traversons, évoluons en lui et par lui.
Existe-t-il parce que nous évoluons, ou est-ce le contraire ? La réponse à cette question est, semble-t-il, loin d’être trouvée.
(Toujours) en attendant, le Temps est ce qui se déploie, de notre commencement à notre fin. Il ne s’arrête véritablement, à notre échelle, que quand notre conscience, notre perception cessent d’exister.
Il fait de nous, du fait même que nous existons, un déconcertant nomadisme.
L’instant dit « présent » ne se nourrit que de métamorphose, de SA propre métamorphose. Lorsqu’on considère sa hâte, son manque d’assise, n’y a-t-il pas de quoi frémir ?
Tout bien pesé, à quoi reconnait-on au juste l’instant de pur présent ? Ne serait-ce pas au fait que nous sommes EN TRAIN de le vivre, de mourir avec lui ?
En un sens, nous pourrions dire que seul le passé nous est vraiment fidèle. Connu, inchangeable, stable, le passé a le mérite d’être stocké dans notre mémoire. Ce qu’il raconte, même déformé, est à quai une bonne fois pour toutes. Il est tout à la fois perdu et délicieusement « arraisonné ». Nous ne pouvons jouir de son immobilité qu’au prix de sa perte.
P. Laranco.
MOYA.
Si je pouvais rendre tout ça Beau
je dirais allons à Moya
Les plages jumelles sur l’île
de l’autre côté –
Nyambo Titi
où les origines de Mayotte
sont à portée de main.
Les demi-lunes, les moitiés de cratère
où l’océan s’écrase
et l’écume s’épand en voile.
Les tortues échouent là
pour pondre
dans le ventre de cette cache de sable blanc
de la poussière de corail entre des murs de craie
comme un cirque
un amphithéâtre où jouent les éthers.
Derrière ce lieu sans âge
le grand cratère
Dziani Zaha –
Le lac Dziani –
où les bruns de la terre se mêlent
aux différents tons de bleus et de verts
là-haut le ciel
à gauche l’eau stagnante
à droite l’océan à perte de vue
la terre ocre tout autour.
Moya
où la tranquillité est en paix
seulement perturbée deux fois la journée
par les avions décollant
et atterrissant.
Les pies et les chiens y trouvent
des bébés chéloniens à manger.
Où – enfin –
chacun peut se détendre
et rêver que cette île
est tranquille.
Walter Ruhlmann.
In LIBELLE – Mensuel de poésie, avril 2012, N° 233.
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