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4 octobre 2009 7 04 /10 /octobre /2009 12:50
1. ECRIRE


Il y a écrire et écrire
Aujourd’hui j’écris du bout des tempes
Comme un plaidoyer morose pour l’avenir ou la fonte des glaciers
Ce futur de nos pairs qui nous anime à peine
J’intervertis les sens dans ma petite retraite d’argent et refuse
 
J’écris ces champs bourrés d’insectes qui nous frôlent les cuisses qui nous caressent
J’écris les ébats langoureux que connaissent nos filles et nos mères
J’écris la résilience de l’homme avec une certaine sensualité
Connaissance et conscience
J’ouvre
Une nouvelle partie de jeu au monde impromptu
 
Un semblant de révélation à la saveur trop rare et écœurante de papaye mure
 
Comme toi
J’écris pour défier le temps
Mais qu’est-il vraiment que je puisse défier
Ni mon ombre
Ni l’ombre de mon chien
On connait la chanson
 
J’écris pour en finir avec la vie qui m’épuise
Avec ses litanies de civilités hebdomadaires
Qui me font rire ou sourire ou franchement chier
J’écris pour me libérer ou pour mieux me lier
Car j’aime ça
Autant que l’alcool
Autant même que les hommes
 
La peau a ça de bien qu’elle ne parle pas
Même sous la pression
Même sous la torture
 
La peau ne dit mot et ne saurait sérieusement s’écrire
Elle goûte et elle sent
Elle perle de plaisir
Elle brille ou s’éteint comme un astre noir baigné de lune
 
J’aime écrire et ça défie
Ca dépasse
Les commentaires
Comment commenter l’obsessionnel en nous les mots seraient caducs
J’aime écrire comme j’aime adouber certains corps offerts
Qui nous décuplent les tissus
J’aime les honorer
Puis les maltraiter
Avec politesse et sophistication
Et parfois pas
(La sophistication est un luxe qui se paie comptant au royaume des sens)
 
J’aime écrire lorsque le désir point en moi et que je le sens là prêt à éclore entre mes doigts
Ou lorsqu’il se perd
En colliers de solitude
 
J’aime ce goût du verbe tendu
A l’hypoténuse
 
Et de toi
Cette chair diaphane
Que je m’évertue à dévêtir




2. DRISS


Sous la courroie serrée des possibles

Je rêve
Des empâtements d’haleine des écoles de saumons vouées
A l’extinction
Des liquides qui nous dévalent l’œsophage pour noyer le souvenir des alcools oubliés
Qui défroissent
Les ailerons irisés des sirènes de la nuit
Bues sans rémission
Sans rage
Sans raison 
 
Un bouquet de jambes brunes me sourit
Un bouquet de jambes
Un puits de douceur
Une épitaphe de rayons
 
Toi
Driss
Ta bouche et tes yeux
Driss
Ces évitements d’adolescence indigérés
L’accident de tes lèvres
Ces molécules qui nous traversent
Incessamment
Tes petits cafés serrés
Driss de Meknès
Tes accents d’humilité
Qui laissent
Séquelles
Ciel
Qui crissent
Ciel
Sous les vents
Comme grains de sable
A jamais fichés
Entre mes dents
 
Grains de sable dans
Ta lumière




3. A QUOI CA RIME


A quoi ça rime
Au moment précis où je vous parle
Les cimetières fourmillent de jeunes os
Les corbillards noircissent les avenues
Les cercueils s’en-gratte-ciellent
Dénudée la dignité des mères
Estropié l’orgueil des pères
Je goûte
La saveur caractéristique de l’inéluctable
 
C’est le zombie-boom
Il n’y aura bientôt plus assez de planches pour encarapaçonner les corps
Plus assez de glandes lacrymales pour abreuver nos frères d’âme
Plus assez de chairs chères pour assouvir la bête
-Et oui cette bête immonde celle-là même–
Seule subsistera la perfection géologique
La sécheresse absolue du désert
 
Il y a de quoi se retourner dans sa tombe
 
Ce matin
Une explosion de plus
A fait déborder le vase
Fruits étranges sur le tarmac
Comme pluie de grenades mûres 


 
Arnaud DELCORTE.

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