La plupart des gens (y compris ceux qui ont reçu une éducation au-dessus de la moyenne) croient penser alors qu’ils ne font que mâchouiller indéfiniment tel du chewing-gum des « pensées » qui sont simplement « dans l’air du temps » et sur les étals du grand bazar du « prêt-à-penser ».
Les vrais penseurs, il faut les chercher du côté des scientifiques.
La poésie est chose vivante qui appartient à tous. En France, l’esprit scolaire, l’esprit de chapelles et l’élitisme des intellectuels la momifient.
L’esprit de groupe peut conduire tout aussi bien à un grand sens du bien commun et de la solidarité qu’à la xénophobie la plus terrifiante ; telle est l’ambigüité des choses.
L’égalitarisme à tout crin a aussi ses effets pervers, parmi lesquels on compte notamment l’envie généralisée.
Les dominés ne s’aiment pas entre eux, car en chaque autre dominé, ils voient l’image en miroir d’une réalité qui les a marqués, qu’ils portent en eux et qui les oppresse, d’une condition avilissante dont ils désirent surtout s’extraire.
La franchise, l’ « authenticité » sont, en société, des choses à manier avec une infinie précaution. Trop les cultiver peut aboutir à une recrudescence des conflits.
Le pardon n’existe pas seulement chez l’Homme, il existe chez de nombreux animaux sociaux, tels les hyènes, les dauphins, les macaques et, bien entendu, nos plus proches parents génétiques les bonobos et les chimpanzés.
Pas de société sans résolution des tensions, conflits ; sans réconciliation.
Rien d’étonnant, donc, à ce que les groupes humains soient si enclins à attendre le pardon de leurs membres et à lui attacher une telle valeur (sanctifiée d’ailleurs par bon nombre de religions) ; ils savent que c’est VITAL.
Quel dommage que, dans leur prétendue « recherche de la vérité », les gens ne retiennent et ne sélectionnent que ce qui les arrange !
Des milliards d’années d’inconscience animale, et puis, soudain, cet étonnement, cette émergence du « pourquoi ? ». La conscience, qui cherche à répondre à toutes ses questions, inédites. Qui interpelle toutes ces strates d’amnésie, voulant les faire parler.
Car oui, c’est comme un éveil. L’éveil d’une toute nouvelle dimension de l’être. L’éveil après des tonnes, des milliards d’années de non-mémoire, et un éveil qui demande des comptes.
La « volonté de savoir » (pour dire comme Foucault) est-elle donc si étrangère ?
Nous isole-t-elle à ce point du reste du monde vivant ?
Ne serait-elle pas, à y regarder de plus près, un exil ?
Ou, bien plutôt, représenterait-elle le retour d’un état antérieur ?
Premier stade : être.
Deuxième stade : devenir conscient que l’on est.
Mais que penser de tout cela ?...
Cela obéit-il à un processus inéluctable, lié à la complexification du monde ?
Cela DEVAIT-il arriver (parce que compris dans le possible) ou est-ce une simple fleur de hasard, une sorte d’ « accident » ?
Qu’exprime un phénomène tel que la conscience ? Que traduit-il ?
Comprendre l’Homme implique de se distancier du « chauvinisme » humain.
L’Homme oscille sans cesse entre deux pôles : l’arrogance et l’empathie.
L’être veut le pouvoir car il a soif d’avantages et de jouissances.
Mais le pouvoir, en même temps, est synonyme de stress, de lutte (pour le conquérir, le conserver). Il se heurte aux résistances de l’ensemble du corps social qui s’en méfie en raison de l’avidité qui le sous-tend.
Les femmes n’ont pas de mérite particulier à être douces. Elles ne font qu’obéir à leur conditionnement biologique, de même qu’elles doivent « faire avec » leur moindre force physique.
Elles ne sont pas les êtres semi divins qu’imaginent les hommes.
Le conflit à l’intérieur d’un groupe ou d’une société, ce n’est jamais bon. Cela est toujours susceptible de la déstabiliser.
Mais l’agressivité existe (ne serait-ce qu’à cause de la frustration).
On s’arrange donc pour la « retourner » vers un ennemi extérieur, ou pour la canaliser sur un quelconque bouc émissaire interne.
Le pacifisme des femmes : lié à l’amour réel de la paix ou à la crainte de la violence ?
Sans l’influence occulte des femmes et en particulier, des mères, peut-être l’humanité se serait-elle depuis longtemps autodétruite.
Etre, n’est-ce pas réagir, interagir ?
Ne sommes-nous pas, constamment, le produit de notre interaction avec le temps, avec le reste de l’Univers qui nous entoure et, bien sûr, avec nos semblables ?
Notre conscience et notre sentiment d’être un individu bien distinct nous trompent.
Car bien distincts, nous ne le sommes jamais qu’incomplètement et partiellement.
L’individu dissocié du lien, c’est une vue de l’esprit.
Tous ces peuples qui se veulent grands, qui veulent tant qu’on les respecte et les admire, qui se posent en parangons de civilisation, en phares culturels avec droit de regard sur la planète entière n’en sont pas moins aussi xénophobes qu’une vulgaire bande de babouins ou de chimpanzés !
Des êtres, nous ne voulons voir que leur part de luminosité, d’éclat ; mais ils ont également leur part d’ombre.
Dérision : l’Homme, si arrogant, si prompt à se mettre en avant, si avide de pouvoir, d’attention, si jaloux, en un mot, si egocentrique, est absolument inapte à se construire et à exister sans l’empathie et le partage qu’impliquent la vie en sociétés étroitement soudées que lui a également imposé sa nature la plus profonde.
N’est-ce pas là une sorte d’ironie que Dieu a mise sur notre chemin ?
P. Laranco.
