L’ignorance, partout…
une énorme ignorance.
Une énorme coque d’ignorance, qui nous cerne.
Une coque que nous ne pouvons pas briser.
Que nous ne pouvons même pas percer de trous infimes.
Ainsi se résume l’univers :
par ce mot.
Par ce vocable abrupt, sec, tranchant :
l’ignorance.
L’ignorance est là, et l’on tourne en rond dedans. Tout comme un hamster s’échine à mouvoir sa roue.
Rien qu’un monde…
un monde qui s’ignore lui-même.
Exactement comme nous-mêmes, nous nous ignorons.
C’est cela, le long somnambulisme de la vie.
C’est cela, le somnambulisme de l’univers.
L’ignorance émane sa série de bévues…sa chaîne, son enchaînement de trébuchements, d’à-peu-près.
Il en résulte nous et ce dans quoi nous vivons. Ce que nous traversons, sans même nous en rendre compte.
Nous. Nés de ce qu’on peut appeler la grande inconscience.
Nous. Rendus presque fous.
Parce qu’on voudrait savoir.
Parce qu’on s’accroche à ce mot, « savoir », comme à une bouée.
Comme à un lumignon, perdu dans les ténèbres.
« Savoir »…mais que savoir ?
Et avec quoi, savoir ?
Que savoir d’un monde qui est en ignorant qu’il est ?
Que savoir d’avant l’irruption de notre corps ? De cette énorme nuit d’inconscience muette ?
Si le monde avait conscience qu’il est, qu’en serait-il ?
La coque opaque d’ignorance se fissurerait-elle ?
Trêve de rêve…Nous sommes des fragments d’ignorance.
Nous sommes modelés par le refus de savoir.
Ce refus farouche qui préexiste, suit, survit.
Nos corps…et s’ils n’étaient que ses crachats ?
Simplement ?
04/12/2007.
Patricia Laranco.
