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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 12:28
Je me retrouvai loin dans le temps. Dans cet appartement d'autrefois.
Le salon plongé dans l'ombre avec son lourd buffet basque et son canapé au velours très sombre et à l'odeur bizarrement forte, presque nauséabonde qui se faisaient face était toujours aussi perpendiculaire à la salle à manger.
A vrai dire, les deux pièces, accolées ensemble, offraient la forme d'un T.
La barre de ce T, c'était la salle à manger longue , rectangulaire, étroite, dotée de murs qui affichaient un papier peint d'un vert d'eau cru et de vastes fenêtres pourvoyeuses de clarté . Ces trois fenêtres, comme on eût pu s'y attendre, donnaient sur le torrent vert et large, ourlé de festons d'écume laiteuse, flanqué, d'un côté (juste en bas de notre immeuble) d'une petite "plage" plate, assez austère, de gros galets gris et de l'autre, sur la rive opposée, d'un grand talus  bourbeux qui descendait en pente extrêmement abrupte et où s'enchevêtrait une sorte de "jungle" inextricable d'arbustes, de fougères et de lianes sèches : un lieu à l'abandon dont la relative laideur se trouvait , sur la gauche, étrangement surmontée par la très gracieuse silhouette solitaire d'un haut et fin pin parasol qui se détachait sur le ciel un peu façon estampes japonaises .
Et puis, subitement, sans crier gare, ma tante Pauline apparut. Elle se matérialisa devant moi dans l'espace de la salle à manger.
Je sursautai, car je me demandais d'où elle pouvait ainsi surgir.
Mais j'étais heureuse de la voir...de retrouver son doux visage bistre.
Du coup, le bras gauche tendu, je m'appuyai contre le mur de la pièce, entre deux fenêtres.
Des chatons, des bébés, des chiots jouaient en se roulant sur le parquet noir; ils formaient tous une sorte de grouillement, ils se tortillaient; ils entremêlaient leurs miaulements, leurs gazouillis, leurs jappements.
Trop occuppée à les regarder, c'est à peine si j'entendis  la voix de ma tante qui m'avertissait : "attention ! Ne t'appuies pas trop contre ce mur !".
Le mur, pourtant, était solide, et il l'avait été de tout temps.
Cependant, au bout d'un petit moment, ma paume de main ne sentit plus sa dureté, son épaisseur : il lui sembla bien plus léger.
Quelques instants après encore, je constatai qu'il avait pris la consistance tout à fait reconnaissable du carton-pâte.
Et puis, il bascula tout entier alors que je m'y appuyais toujours.
Je n'eus que le temps de reculer, de faire un saut en arrière afin de ne pas le suivre dans le vide.


P.Laranco.
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