Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 11:03

Raharimanana, Sorabe et Tantaran’ny andriana :

les littératures malgaches, laboratoire et paradigme du « bricolage » générique et de la « re-création » littéraire.

 

 

Lorsqu’on interroge les textes de Raharimanana à propos du Genre littéraire, l’accent peut être mis, d’emblée, sur la poétique particulière mise en œuvre par l’écrivain : sur l’émergence, dans ses deux premiers romans, d’une esthétique nouvelle, signe d’une quête et d’une affirmation identitaire particulières.

«  Dire cette terre [...]. Se reconvaincre de nos [...] valeurs. [...] Se ressouvenir», scandent les narrateurs de Nour, 1947 et de L’Arbre anthropophage, confiant ce qui semble la préoccupation de l’auteur, figure représentative de la “nouvelle littérature malgache francophone”.

Le mot avancé par la Critique est « postcolonialité », au sens de détermination chronologique et à celui où Jean-Marc Moura signale que l’absence de tiret entre les 2 termes du mot désigne les stratégies d’écritures arrivées « après » la colonisation ; et qui veulent donc déjouer la vision coloniale du monde.

Intéressant, cet éclairage historiciste enclave l’écrivain, ne caractérise ses textes que :

- comme littérature « mineure » -au sens de G. Deleuze et F. Guattari, qui désignent ainsi les littératures « que [ des] minorité[s] f[on]t dans une langue majeure »- ;

- comme littérature “émergente”, “périphérique” », donc, par rapport à un centre franco-français, contre les normes duquel s’ériger…

Nous le verrons, l’écriture de Raharimanana se caractérise par une configuration particulière de l’écriture romanesque, qui recourt constamment aux traces de passé malgache afin de figurer une mémoire insulaire lacunaire*. Se référant, implicitement et explicitement, à des mythes, legends, documents historiques anciens, l’auteur en intègre des extraits dans ses récits.

Le Genre littéraire, dans Nour, 1947 et L’Arbre anthropophage, se caractérise par son aspect « composite », voulu.

Affichant son désir de dialoguer avec les genres, les textures, Raharimanana effectue un véritable travail de tissage multiforme des références, qui vont du fonds oral traditionnel malgache, à des documents historiques, privés ou officiels. Mais les mélanges de référents font aussi intervenir des genres tels que les Sorabe sacrés ; ou Tantaran’ny Andriana.

Mise en évidence des rencontres culturelles hétérogènes fondatrices, qui ont fait des rivages malgaches la « forgerie d’une humanité nouvelle » avant la lettre. Reflet du réel de la terre malgache, le Genre littéraire dévoilé par ces 2 romans rime avec unité dans la pluralité et complexité. Les textes sont en effet discontinus, constitués de traces génériques « mé-tissées ».

Que signifient les reconfigurations des genres traditionnels chez Raharimanana ? Ne sont-elles à considérer que sous les angles, plus tôt cités, de la « francophonie insulaire émergente », de la « postcolonialité », donc ? Ne sont-elles, donc, que le signe d’un refus de la pensée systématisante occidentale, de ses theories, de leurs principes synonymes de cadrage et d’organisation ?

Au rebours de toute construction rationnelle et continue, les genres littéraires élaborés à base de traces génériques mêlées par l’écrivain semblent abonder dans ce sens. Aménager autrement les outils consensuels apparaît comme une revendication esthétique, le désir d’une poétique qui puisse lire et dire l’île natale d’une façon nouvelle ou, selon le mot d’Aimé Césaire, « native natale »… (ancrée dans le TERROIR)

Ces réinventions génériques ne sont-elles donc à considérer que comme une singularité de l’auteur ? Que comme une spécificité du nouvel espace littéraire malgache francophone ? Ne sont-elles synonymes que de « contemporanéité » ?

Dès les XIIème, XIVème et XIXème siècles, les Sorabe et Tantaran’ny andriana superposent et entrelacent les genres canoniques ! Les différentes notions avancées par la Critique, à propos de cette rive poétique « nouvelle », vers laquelle convergent ces romans, semblent donc à interroger ou du moins, à redéfinir. La « contemporanéité » de cette généricité faite de mélange, de réélaboration de traces, se voit remise en question.

Ainsi que semblent l’indiquer les analogies notées entre les textes malgaches anciens et ceux de Raharimanana, le Genre littéraire est-il à penser hors des grilles de lecture que lui apposent l’Histoire, l’Histoire littéraire et leurs catégories ? 

Les romans qui nous occupent et, par extension, les littératures francophones, « émergentes », peuvent-ils donc se laisser entrevoir comme une porte d’accès privilégiée à l’appréhension de la notion de « Genre » et sur la compréhension du processus qui donne naissance à celui-ci ? En un mot, quelle contribution une littérature dite « mineure », « périphérique », est-elle susceptible d’apporter à l’étude de la généricité ?

 

 

 

Intervention  du  07/07/11  à  l’ Académie Malgache - Résumé. Haut du formulaire

 

Bas du formulaire

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Patrimages
  • : Ce blog s'intéresse à la poésie, à la littérature de l'Océan Indien, à la philosophie, aux sciences, à l'Homme et au sens de la vie.
  • Contact

Texte Libre

Je valide l'inscription de ce blog au service paperblog sous le pseudo ananda.

<img src=http://annuaire-de-voyage.com/annuaire.gif"alt=Annuaire de voyage"border="0">

Annuaire de voyage

Recherche

Archives