Enfilade de couloirs gris-béton sale et de rues sombres, laiteuses.
Lacis de murs blêmis par l’hiver, par le ciel à deux doigts de la neige.
Coudes de rues blafards, pavés frôlés par le firmament poudreux, placettes aux triangles esseulés, mauves, dressant des fontaines rétives dans les bassins desquelles l’eau à demi figée, croupit, encombrée de cubes et de pellicules de glace souillés, jaunâtres (berk !).
Jardinets inattendus, secrets, encore noyés sous les feuilles mortes dont l’épaisseur bariolée se hérisse, par endroits, d’étranges touffes d’herbes d’eau raides au vert très sombre qui finissent (mais il faut regarder assez longuement) par trahir le ténu et terne miroitement d’une minuscule pièce d’eau qui repose sous la mosaïque fauve.
Et puis…le froid traînard qui s’acharne à pincer tout jusqu’au sang.
Et puis…ce désespoir soudain, incontrôlable, qui vous submerge dès que vous levez les yeux vers les clochers gainés d’un ciel rosâtre, livide, aux airs complètement absents.
Et puis…crapahuter de nouveau dans le métro : quais, couloirs nus, voûtés, sans fin ; vitesse du pas, folie de la marche.
Le mouvement…sans trêve…ça devient une hypnose, une sorte de drogue.
Un mouvement brownien parfaitement répétitif, mécanique.
Un brassement échevelé de particules…où l’on s’oublie.
PL.