Le silence des objets fait masse.
Lorsqu’on les regarde attentivement, l’on est frappé par sa pesanteur, sa capacité d’appesantir.
Il fait, par exemple, de ce poste de télévision un sphinx. Il l’épaissit, l’impose et, pour un peu, le rendrait omniprésent.
Le silence fortifie encore les contours-frontières de la matière.
Il a une façon de la tasser, d’en resserrer les mailles qui en approfondit le sens.
Le silence intensifie, démultiplie la présence des choses.
A force d’être là, il les densifie en des blocs de présence, en des cristallisations d’être qui finissent par acquérir la dureté du diamant brut.
A force de peser, il en arrive à s’effondrer sur lui-même et à se muer en un horizon qui ne se laisse pas dépasser.
Il s’est fait, sans le savoir, justification absolue ; sens immanent qui ne trouve sa racine, son socle, sa légitimité qu’en lui-même.
Et si le silence était la force, la glu qui resserre l’union des atomes ?
Et s’il était le liant organisateur, fusionnel de ce qui est, de tout ce qui s’organise, se soude dans l’être ?
Et si, loin d’être l’émanation des objets, il en était plutôt le grand principe originel ?
Patricia Laranco.