L’ego se veut immortel, il sait la finalité de son destin, il sait qu’au bout de toutes ses hystéries se trouve l’unique communion mais il ne cesse de crier, de hurler, de vitupérer, il ne cesse d’affirmer sa présence, il ne cesse de revendiquer son être, sa démesure, il se construit dans une demeure qui est sa prison, la soif perpétuelle de reconnaissance, le souci des yeux des autres, et il fuit ainsi sa solitude, il fuit le face à face avec lui-même, ainsi nudité de l’âme face à la toute-puissance de la nuit, nudité de l’âme face au vertige du temps, nudité de l’âme qui se sait précaire, fragile nudité de l’âme qui se cherche, qui ne cesse d’ériger de nouvelles idoles pour mieux s’oublier, nudité d’un ego qui se croit essentiel, qui se croit le centre du monde alors qu’il n’est que poussière, alors qu’il n’est que l’étreinte d’une lumière toujours fugitive, nudité d’un ego qui veut toujours fuir la mort mais qui ignore, ou peut-être ne le sait-il que trop, qu’il n’est que son ombre, nudité d’un ego qui ne peut s’achever que dans le souffle du divin mais qui se perpétue dans le culte de ses trop dérisoires folies.
Umar Timol.
