LEMAURICIEN.COM/WEEK-END
par Norbert LOUIS,
LIEN :
Françoise SAGAN fut le dernier grand « monstre sacré » de la littérature française.
Dans cette biographie, Marie-Dominique LELIEVRE nous restitue avec tendresse cette auteure, mi-écrivain, mi-légende (mi-« people », dirions-nous aujourd’hui) dont la vie « à toute allure » fut peut-être la plus réussie des œuvres.
Car Sagan ne se contenta pas d’écrire, d’une plume impeccablement classique et feutrée, des romans ayant pour cadre le milieu qu’elle connaissait et d’où elle n’est jamais sortie (c’est le reproche qu’on peut lui faire), celui de la bonne bourgeoisie française plus ou moins « libérée », elle marqua son époque jusqu’à en devenir l’un des « gourous », l’un des symboles.
Ce que Sagan incarnait, à l’échelle française, c’est la révolution des mœurs qui balaya les pays occidentaux pendant l’immédiate après-deuxième guerre mondiale.
Soif de liberté, fureur de vivre (symbolisée par l’objet saganien par excellence, la voiture rapide), rejet total et infantile des contraintes et des frustrations, hédonisme festif, insouciance solaire (Sagan « lança » Saint-Tropez) furent, en ces temps pleins d’espoir, la caractéristique d’une jeunesse qui n’allait pas tarder à faire craquer cadres et conventions « bourgeoises » classiques.
Enfant précoce, d’une très vive intelligence (elle « pensait trop vite »), Françoise Sagan, comme tous les surdoués, avait tendance à « s’ennuyer au milieu des autres ». Et cependant, fragile, elle ne supportait pas la solitude !
Dotée de « l’oreille littéraire absolu », elle aurait pu devenir un très grand écrivain, mais fut boudée, dédaignée par les universitaires (ce qui, chacun le sait, en France, ne pardonne pas).
Elle était sans doute trop occupée à s’étourdir, à fuir son angoisse au moyen d’un trop de vie pour élaborer autre chose que sa fameuse « petite musique ».
Marie-Dominique Lelièvre nous montre fort bien comment elle fut, toute sa vie durant, tentée par la régression et les addictions de toutes sortes (dont la principale, cependant, reste son extraordinaire boulimie de lecture).
Le maître-mot de la vie de cette petite femme frêle, d’une vivacité toute française et d’un charisme atypique, est sans conteste le verbe « s’évader ».
Sagan, au fil de ces pages entraînantes, apparait telle qu’en elle-même : complexe, fascinante, instable, atteinte d’ « inaptitude à la vie » chronique.
De la provinciale née à Cajarc (Lot), elle avait conservé le naturel, la simplicité parfois ascétique qui alimentait son esprit « bohème » ; de la bonne bourgeoise hexagonale, elle avait gardé la pudeur, le caractère secret, presque « coincé » en un sens, la « bonne éducation » ; de l’enfant gâtée, de la « gosse de riches » qu’elle avait été, elle tenait ses foucades, son goût pour le train de vie de la « jeunesse dorée », les excès sans nombre de sa générosité dépensière et l’insouciance de son adolescence à vie.
Sagan, c’est d’abord un personnage que seule son époque pouvait enfanter : un être atteint du « syndrome de Peter Pan » avant la lettre. Une androgyne qui avait le temps qui passe et la mort en sainte horreur, et qui leur opposait de constants défis, de constantes prises de risque voisines de l’autodestruction.
On n’a le choix qu’entre l’abîme de la mort et celui de la défier.
D’autres que Sagan l’illustrèrent : James Dean, Jim Morrison ou même Michael Jackson.
Sagan ne mourut pas aussi jeune qu’eux et, cependant, on est autorisé à dire qu’elle mourut jeune, car son esprit ne grandit jamais, ne vieillit jamais. C’est cela, sans doute, qui la rend si touchante, si attachante.
Sagan savait séduire, à sa manière qui n’appartenait qu’à elle. Sans quoi Marie-Dominique Lelièvre n’aurait jamais écrit cette biographie.
Conquise par l’écrivain, elle va la chercher dans son être profond.
Elle la cerne…autant que cerner un tel personnage est possible.
Car cette séduction ne tient-elle pas, justement, à un mystère qu’il est impossible de réduire, de maîtriser ?
Un livre plein de la présence de Sagan, plein aussi de sa fêlure, de son énigme irréductible, inexpugnable…
Un livre singulièrement alerte et agréable à lire ; vivant, actuel comme seuls savent l’être, parfois, les ouvrages de journaliste.
P. Laranco.
Passeuses
Sentinelles
dessaisies de nous-mêmes
dans la rencontre fuite du mot
où l'enfance du temps
invente un jeu pervers d'étranges alternances
avec son propre éclat
Un vacarme infini
que le silence lisse
in L'Elle du doute –
Edition Librairie-Galerie Racine
Louve, bête,femme, que m'importe puisque mes ailes sont engluées dans cette mare d'illusions/
Tremblement, frémissement, vertige, que m'importe puisque la genèse a dispersé mes cendres et mes rêves sur le seuil du monde/
ce goût de braise qui s'éternise sur ma langue/
Ce voile à jamais virevoltant devant mes yeux/
Je cherche les sables brûlants du désert dans tes yeux, nomade éternel
Le sel s'effrite dans le flot de mon sang/
La cadence ralentit au rythme de mes peurs/
l'oiseau des noces me berce de son chant lugubre/
surplombant mon désir de berceau/
Ma soif, je la tends vers ce ciel brumeux/
Ma soif dans le désert n'est qu'apprentissage de la langue des anciens/
O dunes, O lunes, O lents vertiges de mon être à ton être/
recueillez ma semence, ma décadence, ma démence
Le monde chavire dans le néant/
fissure dans la coque du bateau ivre/
Les naufragés agitent les drapeaux sur la grève/
Je vogue à travers les paysages à la recherche de mots perdus/
J'oublie les cloches insistantes/
je partage ce dieu qui pleure de miséricorde dans mes entrailles/
j'avance vers les oubliettes, ivre du feu des vivants/
les lanternes se vautrent dans une phosphorescence vacillante/
Un battement de tes paupières et je retrouve le mystère de la profondeur
Fais-en une ferveur, fais-en une saveur interdite dans le calme des marées/
La nuit regorge du murmure de mes voiles brisées à l'enclume des vagues/
Tourment dans mes yeux lorsque la boussole devient folle échevelée/
dans le creux des tempêtes/
Chute de l'oiseau altier sur le manuscrit des angoisses/
O ce dieu qui pleure en moi comme un enfant mort-né/
Dans les perles de ta salive, je cherche un nid d'amertume/
L'œuvre d'un orfèvre/
Dieu qui respire/
A Ronny Rengasamy.
Avant d'avoir conscience que l'on est, on est. Dans l'immédiateté de l'immersion profonde. Sans aucun recul. On sait. Sans savoir qu'on sait.
Dans le non-savoir est la vigueur du savoir. Son implantation, son enracinement plein.
Son plein droit qui ne souffre aucune discussion.
L'innocence, la spontanéité d'être, brute....
La totale préhension sur le réel.
L'état basique, argileux de la perception.
L'inconscience, dans toute sa splendeur épaisse. Comme un bec de colibri enfoncé dans le calice du présent.
Avant d'avoir conscience que l'on est, on est, de tout son être. Sans restriction, sans réflexion, sans miroir pour venir tout troubler.
Se sentir exister met fin à cette plénitude existentielle. C'est un peu comme quand, en physique quantique, l'observation introduit le doute, l'incertitude quant à son objet d'étude même.
Le monde quantique existe-t-il toujours, dès lors que l'on l'observe ?
Et nous ? Existons-nous encore dès lors qu'on se sait existants ?
Patricia Laranco.
La mémoire effacée /
Le déclin de nos vœux /
Et la beauté toujours mortifère /
Des étoiles /
Je ne sais pas /
Je ne crois pas savoir /
Il me faut ce peuple solaire /
Venu des ailleurs /
Il me faut les cadences /
De cette peau figée /
Il me faut une certitude /
Celle que tous les écarlates /
Sont du lieu de ton sang /
Il me faut peaufiner tes blessures /
A défaut de pouvoir les apaiser /
Partir sans doute /
L’exil n’est qu’un prélude /
Tout s’en va /
DESTIN D’ÎLIEN
SONG FOR MAGALI
Elle était celle qui défroissait les nuages
Celle qui apprivoisait le soleil
Celle dont les orteils ramassaient les îles
Celle qui se blottissait contre le vent
Elle avait une tête de palmier
Et l’œil profond comme un songe
Ses bras coulaient le long des fleuves
Elle avait des seins de sirène
Et des pépites dans les yeux
Et elle portait la terre dans son ventre
Je l’avoue elle était une femme
Elle avait l’odeur du pain
Le goût des abricots mûrs
Et elle prêtait ses jambes aux rivières
D’où venait-elle
Je ne sais pas
Je crois qu’elle venait de la liberté
Je crois qu’elle dressait des colombes
Je crois qu’elle portait les vêtements de la mer
Et qu’elle savait parler aux vagues
Je m’en souviens
Comme elle jonglait avec son corps
Comme elle brodait les mots
Comme elle gonflait la lune
Elle était celle qui jouait de la guitare avec les lianes ou les varechs
Celle qui ravaudait le drapeau du ciel
Elle était celle qui était
Faugas
Le 22 juillet 2011
Je voyagerai plus loin que moi,
que demain,
plus loin que la nuit qui enserre mes tempes
avec la violence d’un étau de fer
plus loin que les grands papillons incandescents
qui se heurtent aux parois de cristal du cosmos
plus loin que l’aube au frémissement reptilien
Je tâcherai de me dissoudre dans le vent,
dans la tempête des couleurs échevelées,
dans l’écheveau des réalités chevauchées
par d’autres tronçons, d’autres portions
de réel
Je m’annulerai et renaîtrai dans le cri
du corbeau qui déchire juste avant le jour
le lisse tissu du silence sanctifié
Oui, j’irai
là où me portera
le présent
qui s’incurve vers l’horizon de l’avenir
avec l’oxygène pur des mots pour tout toit,
le pétillement du doute
pour seul bagage !
Je valide l'inscription de ce blog au service paperblog sous le pseudo ananda.
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