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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 09:56
Renais à la vie !

J'étais je ne sais plus quand, ni où.
Simplement, nous avançions.
Le sol était nu, gris, cendreux, raviné, jonché de cratères; ça ressemblait à une immense coulée de lave plate solidifiée...où, aussi, par certains côtés, à une étendue de sol lunaire.
Le ciel était violacé, presque noir au dessus de nous.
Je ne m'aperçus pas que j'avais pris de l'avance sur mes compagnons.
Non, je n'avais qu'une idée fixe : avancer, comme une mécanique. Me soustraire, à force d'avancer, à cette sinistre étendue sans fin.
A un moment, je fus essouflée et, quoique à contre-coeur, je fis halte.
Après avoir repris quelque peu mon souffle, je sentis oeuvrer une mystérieuse force qui me contraignit à me retourner pour regarder en arrière.
Je lui obéis et, ce faisant, constatai que, derrière moi, il n'y avait plus personne.
Stupeur !
A nouveau haletante, j'attendis un moment, tendant l'oreille, l'oeil fixé sur la lointaine ligne d'horizon dans la direction d'où je venais.
Mais ce fut en vain.
Les gens avec qui je faisais route ne réapparaissaient toujours pas.
Que faire ?
Je ne pouvais pas me permettre de  demeurer plantée ici, au coeur de ce paysage lunaire, stérile et noir où, curieusement, se dressaient à présent, de loin en loin, les silhouettes hautes, bien droites, lugubres et hérissées de longs dards aigus de cactus géants style chandelle.
Un frisson d'appréhension brute me parcourut des pieds à la tête.
Il n'y avait pas à ergoter : je devais d'urgence me remettre en marche !
Ce que je fis, tâchant de mon mieux de chasser, d'éloigner l'angoise, comme si elle n'avait été qu'une mouche importune.
Le ciel conservait toujours cette teinte éteinte, crépusculaire.
Chacun de mes pas soulevait un petit nuage de scories noirâtres.
De toutes mes forces, je m'efforçai de faire abstraction de cette ambiance oppressante.
Et, mine de rien, les kilomètres succédaient aux kilomètres.
Rien ne changeait. Cependant, ma détermination était forte.
Trouvant aux cactus un air de moins en moins engageant, je les tenais soigneusement à distance.
Au bout d'un certain temps, je fis une nouvelle halte, dans le but de reprendre haleine. Je ne savais, franchement, plus où cette longue marche me mènerait.
Mais, lorsqu'une fois les battements de mon coeur calmés, je relevai les yeux, ce fut pour apercevoir, très bas sur l'horizon, un énorme disque rouge-sang en lequel je reconnus le soleil.
De suite après, mon regard me fit découvrir que je me trouvais à présent sur un plateau désert, au beau milieu d'un amoncellement de corps humains poissés de sang et de liquide vitellin (quoique parfaitement adultes) qui rampaient, se traînaient à ras de terre.
"Qui sont ces étranges êtres ?" me dis-je, frappée de stupéfaction, dans un soudain haut-le-coeur brutal.
Je voulus reculer, mais ils m'environnaient à perte de vue. Je devais les enjamber pour pouvoir continuer ma marche.
Et ils rampaient, et ils rampaient, tout comme s'ils n'avaient point de jambes. Leurs visages essayaient de se redresser vers moi et je voyais alors leurs bouches ouvertes, grandes et plus sombres que des fours, d'où montaient de caverneux râles.
Je tentais, du mieux que je pouvais, d'éviter le contact de leur chair ensanglantée, visqueuse. Cependant, j'étais pieds-nus, et cela n'était guère facile.
Plus je les regardais, plus la nausée faisait son chemin en moi. Je redoutais de glisser, et de m'étaler parmi leur masse grouillante.
Pourtant, je progressai, tant bien que mal, ravalant de mon mieux mon dégoût
Mais le pire advint lorsque je vis, subitement, des multitudes de bras blèmes, striés de filets sanglants, qui se levaient, se tendaient dans la direction de mon corps en marche.
Les râles se firent plus profonds, plus insistants : "viens nous rejoindre !". Je n'avais dès lors plus qu'une pensée à l'esprit : me maintenir debout; résister à l'étreinte de ces mains tendues et gluantes qui se refermaient autour de mes mollets en tentant de les aggripper, de les empoigner, de les retenir.
Dès que je me débarrassais en ruant brutalement, d'une de ces mains serrées autour de ma chair, c'était pour voir de suite une autre - ou même quelquefois plusieurs - m'attrapper et se mettre en devoir de me déséquilibrer, de me faire chuter à terre afin que je me confonde avec cet étrange amas de créatures nues, livides, rougies.
En définitive, prise d'une rage mâtinée d'une horreur panique, d'une révolte qui tenait du réflexe, je me mis à piétiner furieusement, aveuglément ces mains, et puis, dans la foulée, ces corps qui voulaient m'entraîner avec eux, à ras de terre, tels une monstrueuse toile d'araignée. Ils se réduisirent vite à une bouillie informe, rougeâtre et terriblement glissante. A ce stade, j'en étais réduite à patauger, à déraper, cependant que, de chaque côté, les innombrables corps gélatineux que je n'avais pas détruits continuaient à ramper à l'infini, à la façon de larves, de limaces. Mes pieds et le bas de mes jambes se trouvaient pour lors souillés de cette gélatine dont la vue entretenait ma nausée.
Toutefois, déterminée à avancer, à me tirer de ce mauvais pas, je continuai à repousser, puis à fouler aux pieds, avec une hargne, une énergie du désespoir qui décuplaient. Sous les impacts de mes coups, je sentais les corps qui explosaient avec un bruit mou et flasque, pareils à des raisins qu'on foule - sauf que le jus qui en jaillissait était bien loin de ressembler à celui que donne la vigne. Qui plus est, il dégageait une odeur fort incommodante, qui évoquait la putréfaction, la vase croûpie des marécages, la fermentation gazeuze et soufrée des lacs de bitume.
Maintes fois, je manquai perdre l'équilibre et m'affaler contre un de ces corps, dans une de ces flaques écoeurantes.
Là encore, je crus que cette traversée maudite ne connaitrait pas de fin.
Les corps au sol, maintenant, se contorsionnaient mieux que des vers en exhibant ouvertement leurs plaies aux allures de cratères ou de mauvais furoncles.
En dépit de tout, je m'acharnai, sans doute sous le coup de mon instinct de survie.
Sans états d'âme, je ne pensais qu'à m'extraire de ce bourbier. Il me fallut néammoins des heures - et des kilomètres sur des kilomètres encore - pour y parvenir.
Quand j'émergeai enfin (désormais sans plus trop y croire, et fourbue) de l'étrange champ de créatures rampantes à l'apparence humaine, je m'écroûlai à mon tour, d'un seul bloc, au pied d'un énorme cactus.
Mon corps était si fatigué, si vidé de ses forces que je m'endormis.
Ce fut un sommeil noir, profond, guère encombré du moindre rêve. Je ne sais combien de temps il dura. Mais il se trouva interrompu par une mince, timide lame de lueur qui se glissa sous mes paupières, s'employant manifestement à les séparer du reste de l'oeil.
J'eus un sursaut réflexe, et je fis tout pour résister à la pénétration de la lame. J'aurais fait n'importe quoi pour regagner mon sommeil profond, comateux.
Ma lutte fut vaine, car je sentis, peu à peu, mes fragiles paupières qui s'écartaient. J'avais maintenant les yeux ouverts, et, bien sûr, je m'attendais au pire. Le monde est si cruel, parfois, dès lors que l'on ouvre ne serait-ce qu'un oeil !
Ma première réaction fut d'employer ma main à tâter le sol. Mes doigts têtus se refermèrent sur une touffe d'herbe odorante !
Mon attention, juste après, se focalisa sur une sensation : celle que mon corps tout entier était recouvert de soleil !
J'avais chaud : une délicieuse, lumineuse chaleur me pénétrait et s'enroulait autour de moi à la manière d' une fourrure ! Une chaleur qui, quelques minutes plus tard, sut m'insuffler la force et le courage de me redresser.
Le buste désormais à peu près droit, je jetai un oeil tout autour.
Ce que j'y vis me sidéra : de tendres vallonnements verts pleins d'herbe, un ruisseau qui, à deux pas, filait...et puis des arbres, des arbres partout...de vrais arbres, non ces cactus horribles ! Des pommiers et des cerisiers, et même des magnolias...en fleurs !
Mon ouïe m'apprit, là-dessus, que des milliers de chants d'oiseaux retentissaient. Tous semblèrent bientôt, par-delà leur joie, leur excitation cacophoniques, sans nulle retenue, porter vers moi - aussi bizarre que cela paraisse - une seule et unique voix haute, intelligible, étincelante.
Cette voix ne me disait rien d'autre que : "tu as gagné ! Renais à la vie !"

 

Patricia Laranco.

 

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 09:44

Un film à voir absolument : VINCERE  de Marco Bellochio ( Italie / France, 2009)

 

  Ce film fait revivre une tragédie enfouie dans la mémoire italienne.Une jeune femme, Ida  Dalser tombe follement amoureuse  d’un jeune homme ambitieux et exalté, Benito Mussolini, dont la  seule raison de vivre est de vaincre (sens du mot italien : vincere) . Elle va l’aider financièrement à  fonder un journal , voix du futur parti fasciste. Plus tard, Mussolili n’aura de cesse de faire taire cette femme qui lui a donné un fils, renié lui aussi.

  Cette fresque de l’épopée de Mussolini mêle habilement le jeu des acteurs (magnifiques Giovanna Mezzogiorno et Filippo  Timi),et les documents d’époque. C’est aussi une réflexion  sur la folie , son traitement au début du 20ème siècle, et son utilisation par des pouvoirs totalitaires. Ce film a la force d’un opéra et d’une tragédie  antique, tout  en dépeignant la folie d’un peuple sous l’emprise de l’idéologie fasciste incarnée dans le visage et la barbarie de son Duce. 

                                                                                                          Eliane Biedermann

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 10:28
Bonjour,
 
Un ami haïtien vient de me faire connaître, par le biais de la toile, le poète Jean Dany JOACHIM, originaire d'Haïti et enseignant à Cambridge au Massachusetts. Or, j'ai été plus qu'impressionnée par son talent poétique d'abord, par son habileté à réciter une de ses oeuvres en 4 langues simultanément (anglais, français, créole et espagnol) ensuite, et ... par sa voix des plus chaleureuses et dont le vidéo ci-joint rend bien justice. Je vous invite donc à prendre cette pause de 8 minutes pour apprécier toutes les subtilités et l'originalité de son poème narratif intitulé "Monologue of a loquacious dog" sur http://www.youtube.com/watch?v=YrClSwi8sgw . Vous ne serez pas déçu !
 
Diane DESCÔTEAUX
(poétesse du Québec)
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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 10:19
Il écrit court, Eric Dubois ! Mais il écrit juste, au plus vital, avec cette façon habile de laisser parler les marges et les blancs, d'opter pour un langage économe et nerveux proche du parler - mais du parler vrai. Si le personnage en agace certains par son militantisme implacable sur le Web, ses courriels répétés, ses coups de pub (!), bref, sa quête de reconnaissance, ceux qui l'ont rencontré connaissent son affabilité, sa gentillesse, son sens de la famille et de l'entraide littéraire. Car Eric ne fait pas cavalier seul : pour preuve, la centaine d'auteurs que le poète-revuiste a contribué à faire connaître via le Web en quelques années ! Son écriture s'en ressent, généreuse qu'elle est, poreuse à l'air du temps, attentive aux visages, aux couleurs... A mille lieues des canons de la poésie actuelle - souvent aride : fragments de textes distordus, au sens dilué, ou à l'inverse d'interminables proses bavardes et prétentieuses -, le père du Capital des mots s'est bâti un univers poétique à taille humaine, où l'on revient se balader avec plaisir. Parce qu'on s'y retrouve. De ces lectures qui accompagnent votre histoire, vous aident à vous comprendre, à faire vos deuils... Ah, justement :


RADIOGRAPHIE

Nous
quelques uns

Dans le champ de vision
à demander

Sur la photo
la route

Une famille
quelle route?

Nous voilà réunis
oui

Pour la circonstance
c'est jour d'été

Il faut se serrer
le jour est liquide

Un peu plus
c'est poisseux

Pour la photo
ah la poisse

Qu'on ne prendra pas
on ne fait pas de photo

Le jour des obsèques
dans une banlieue métallique

Sud-ouest de Paris
mon oncle était tourneur-fraiseur

Je vais avoir dix-sept ans
il habitait à côté de l'usine

Prendre conscience
toute sa vie à trimer

Qu'on peut aussi disparaître
pour ça



Depuis nous cherchons
les années ont passé

A être
il y a eu d'autres disparitions



Extrait de "Radiographie"

à paraître






François - Xavier MAIGRE

Source : le blog de François-Xavier Maigre
cliquez sur link



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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 11:36
The Truth looklikes an eye of fly
its multiplicity of facets are turning it to all the directions.
Depending on whether you look at it from one or another position
it can change its aspect,
it can modify its shimmering..
Every prism, every avatar,
every rhombus
is incomplete as a fragment of stained glass window
where light is getting trapped.
The Truth is like that;
it's necessary to always look at it with a lot of circumspection,
only for what it's accepting to show, that is to say nothing but a part.
The moon can't show us its dark side
and you cannot be staying everywhere,
nobody is gifted with ubiquity,
continuously is missing some element.
There is no way to see anything except for
according to a particular angle of view
which can easily and quickly transform itself
to another totally different one
perfectly able to amend completely your opinion.
The Truth ? It is a very old habit to believe in it, sure,
we even can go on worshiping it,
thinking it is trusty
and keeping its myth alive.
But take care of its mobility,
be careful of its fullness,
don't forget we understand nothing about its deep nature;
no reason to get surprised by this fact :
it is too much intricate !



Patricia Laranco
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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 11:27
Je vous signale que la version ebook de mon dernier recueil est désormais disponible sur :

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=27380



U.T
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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 16:22

HYDERABAD – 25 September 2009 -


The great Indian divide along north-south lines now stands blurred. A pathbreaking study by Harvard and indigenous researchers on ancestral Indian populations says there is a genetic relationship between all Indians and more importantly, the hitherto believed ``fact'' that Aryans and Dravidians signify the ancestry of north and south Indians might after all, be a myth.

``This paper rewrites history... there is no north-south divide,'' Lalji Singh, former director of the Centre for Cellular and Molecular Biology (CCMB) and a co-author of the study, said at a press conference here on Thursday.

Senior CCMB scientist Kumarasamy Thangarajan said there was no truth to the Aryan-Dravidian theory as they came hundreds or thousands of years after the ancestral north and south Indians had settled in
India.

The study analysed 500,000 genetic markers across the genomes of 132 individuals from 25 diverse groups from 13 states. All the individuals were from six-language families and traditionally ``upper'' and ``lower'' castes and tribal groups. ``The genetics proves that castes grew directly out of tribe-like organizations during the formation of the Indian society,'' the study said. Thangarajan noted that it was impossible to distinguish between castes and tribes since their genetics proved they were not systematically different.

The study was conducted by CCMB scientists in collaboration with researchers at Harvard Medical School,
Harvard School of Public Health and the Broad Institute of Harvard and MIT. It reveals that the present-day Indian population is a mix of ancient north and south bearing the genomic contributions from two distinct ancestral populations - the Ancestral North Indian (ANI) and the Ancestral South Indian (ASI).

``The initial settlement took place 65,000 years ago in the Andamans and in ancient south India around the same time, which led to population growth in this part,'' said Thangarajan. He added, ``At a later stage, 40,000 years ago, the ancient north Indians emerged which in turn led to rise in numbers here. But at some point of time, the ancient north and the ancient south mixed, giving birth to a different set of population. And that is the population which exists now and there is a genetic relationship between the population within India.''

The study also helps understand why the incidence of genetic diseases among Indians is different from the rest of the world. Singh said that 70% of Indians were burdened with genetic disorders and the study could help answer why certain conditions restricted themselves to one population. For instance, breast cancer among Parsi women, motor neuron diseases among residents of Tirupati and Chittoor, or sickle cell anaemia among certain tribes in central India and the North-East can now be understood better, said researchers.

The researchers, who are now keen on exploring whether Eurasians descended from ANI, find in their study that ANIs are related to western Eurasians, while the ASIs do not share any similarity with any other population across the world. However, researchers said there was no scientific proof of whether Indians went to
Europe first or the other way round.

Migratory route of Africans

Between 135,000 and 75,000 years ago, the East-African droughts shrunk the water volume of the lake Malawi by at least 95%, causing migration out of Africa. Which route did they take? Researchers say their study of the tribes of Andaman and Nicobar
islands using complete mitochondrial DNA sequences and its comparison those of world populations has led to the theory of a ``southern coastal route'' of migration from East Africa through India.

This finding is against the prevailing view of a northern route of migration via
Middle East

, Europe, south-east Asia, Australia and then to India.

 

 

Source : THE TIMES OF INDIA.

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 09:42
Lointitude, quel beau titre pour une poésie qui prend ses racines dans lez métissage des cultures ! Puisque l’auteure a la chance d’avoir bénéficié d’une naissance multiple, de racines plongeant dans le bagage de trois continents – l’Asie, l’Afrique, l’Europe, avec, de surcroît, le parfum des îles tropicales -, d’un éclairage où se mêlent les soleils du sud et les lumières plus nostalgiques de hivers du nord, "quand le crépuscule d’hiver / se referme avec lenteur / sur l’espace clos" (p.35).

La métrique est libre. Le vers d’amplitude variable. Le spectacle du monde rebondit en interrogations existentielles spontanées, presque sans faire appel à la dialectique rationnelle. Les roses (p.43) sont verrouillées dans leur immédiateté. Les paupières qui se ferment (‘pp.57-58) sont chemins presque instantanés vers "le socle / de la pensée".

En d’autres termes, chez Patricia Laranco, il n’y a pas de séparation nette entre le réel et la pensée, entre "la peau / qui claque aux quatre vents" (p.33) et la "Solitude/ Silhouette seule dans le vent" (p.69), entre le "corps orphelin" (p.67) et le "corps quasi immatériel" (p.54). Partant le "lézardement du réel" (engendre) malaises et questions (p.66). La lecture pourrait s’intégrer aussi bien dans un monisme matérialiste que dans un monisme hégélien. Chez elle, le verbe est ciment entre la matière et l’esprit, entre l’être de chair et l’être dématérialisé, voire le vide, "évasement béant "(p.74) qui pourrait être le terme (bénéfique) de l’être, comme l’ont pensé certaines traditions de l’orient.

Malgré cette gravité apparente du propos, son écriture reste d’une extrême légèreté, qui frôle la grâce, par le canal d’un style particulièrement aérien. (p..58).
La respiration (p.71) s’étire spontanément vers l’infini.
Georges Friedenkraft décembre 2009
in site de La Jointée, recensions de la revue JOINTURE








Lointitude, le recueil de Patricia Laranco, plonge le lecteur, dès son poème liminaire, au centre des problèmes de l'être, dans le questionnement le plus intime. Les trois vers mis bout à bout : " Effacé…dans le mot…par l'exil" en sont une preuve ainsi que les derniers vers  qui sonnent comme un cri : " Le Rien…/ miroir glacé /où l'on ne peut / se reconnaître ". Il s'agit bien de l'abolition de l'être et par là de ses mots et  de son écriture elle- même. L'homme se trouve réduit à un corps, à une voix,  à un visage et cela " au fond du fond de l'univers " dans le silence et l'obscurité.

 

Le ton est donné dès les premiers textes où une philosophie se révèle et s'exprime dans de vraies trouvailles. Nous nous y reconnaissons " tissés d'espace et de temps ".

La poétique de l'auteur se nourrit d'éléments concrets, de la pluie, de la peau et un réalisme tout villonnien fait hurler les loups en plein " crépuscule d'hiver " jusqu'à la roche de Lascaux qui suinte.

Quand l'auteure fouille son imaginaire c'est pour conduire son intimité " jusqu' à la racine de l'univers ". Mais s'il y a geste, nous dit-elle, c'est pour mieux se rétracter ", pour " regagner l'état originel ".

Comment exprimer plus clairement, tout en respectant la part de mystère de la poésie contemporaine, la souffrance humaine et ici celle du vrai poète ?

Il faut attendre le coeur du livre pour y lire l'espoir, celui qui vient par les roses. Sont-elles des roses de l'ailleurs, d'Ispahan? Elles sont, en tout cas, les roses du pays des poètes et elles y " vibrent ", comme plus loin vibre la présence des enfants-rois, du firmament et du pain.

Ainsi les variations surprenantes du ton sont-elles une preuve de plus que le réalisme ne nuit pas à la grande et " belle " poésie. En effet comme les roses – et c'est une surprise de plus – est évoqué un visage qui nous tient lieu de légende tant il est beau, celui de la grand-mère. Chaque lecteur de Patricia Laranco ne peut que s'identifier aux éléments fondateurs de la petite-fille devenue poète.

Malgré ces raisons d'espérer, le mot " vacuité " est un cri de plus mais on n'est pas ici à un paradoxe près comme chez tous les poètes-philosophes. Et cette vacuité n'est-elle pas plénitude en fait ? 

L'écriture permet sans doute, comme dans l'athanor des alchimistes, la résolution des contraires, et contient de quoi stopper le vertige devant le " lézardement du réel " évoqué dans " Sensation ".

Mais " Séquelle " nous dit une fois de plus que rien n'est simple. Le texte  qui le suit, en effet, s'appelle tristement " Solitude " et rime, pour faire sens, avec " Lointitude ",  néologisme éponyme ingénieusement créé.

Ce livre circulaire comme dans les cycles de vie et de mort,  nous fait  retrouver, dans la respiration du poème et dans le souffle de l'écriture, la "présence " évidente et torturante de la non-parole, du non-dit.

Mais nous avons été heureusement apaisés le temps de notre lecture. Avant de refermer ce recueil remarquable par ses trouvailles et son message nous avons compris que tout se fait, se pense à cause du " vague-à-l'âme  ".

 

Aussi Patricia Laranco rejoint-elle l'Olympe des poètes qui, sous d'autres cieux et à d'autres époques, ont défini cet état de l'humanité aux prises avec le " joyau de l' immaculée nuit "et nous ont légué, par l'admirable véhicule de la poésie, leurs souffrances et leurs joies.

Nous ne pouvons que l'en féliciter chaleureusement.

 

 

Par FRANCE BURGHELLE REY - Janvier 2010
in
Le Blog de France Burghelle-Rey








Voici,

Chère Patricia,

un petit texte inspiré de ton livre.

Je m’y suis hasardé sans réserve

en pensant au plaisir

de te conter mon voyage…

 

de «  lointitude  » en  proximitude

 

apprendras-tu les mots à se dire

avant que tu les aies connus

ou bien apprendront-ils à te dire

après que tu aies cessé de te reconnaître 

à l’heure de l’obscure incertitude

quand la nuit aura noirci la page

en effaçant ce visage

qui n’arrive plus à te ressembler

et que tu t’abandonnes au doute

en cette fuite d’identité ?

 

l’absence de sommeil qui te prive de rêve

t’épargne les cauchemars que tu redoutes

un besoin d’amplitude

t’aurait fait pousser des ailes

si seulement la transhumance

avait souhaité ton envol

 

comme si par impossible

tu ne visais plus loin

 

 

l’errance circulaire

n’aura raison de tes phantasmes d’odyssées

même si dans l’asile il en est des myriades

à tourner en rond

au grand jamais privés

d’un horizon quelconque

 

plonger dans le vide des mots

est toujours un sursis pour les esprits fragiles

dont tu ne seras

un trop-plein de dignité

t’épargnera le pire

et tu rendras du souffle

aux pensées qui expirent

 

sans te laisser piéger

par de gluants mirages

recruter des bandes de mots

qui ne transigent pas

et reprendre à zéro

pour être originel

renoncer à l’infini

du moins provisoirement

et porter le fer dans tout

ce qui trop vite prolifère

surtout s’il s’agit

de poèmes qui blasphèment

en misant sur une ressemblance

avec des mots à double tranchant

 

 

des mots en transes qui dansent

sur l’air du temps des tourmentes

avant de sombrer dans un grand vide pathétique

de sens et de socle

 

la poésie étant cette enfant

à laquelle il faudra apprendre à parler

pour mériter le droit de se taire

et cetera…et cetera…

«  On pense au silence. » 

qui pour peu

simulerait la somnolence

pour ce divin plaisir de prêter l’oreille

- lui qu’on disait s’en être amputé -

aux remous de ton verbe

 

les lignes de ton temps

s ‘échappent de ta main

une part de ta vie

a mis le cap sur l’exil

à des myriades d’années-lumière

de ce corps désormais superflu

 

de l’angoisse dans la solitude

à la rassurance dans la multitude

au seuil des « lointitudes »

farouchement singulières

férocement plurielles

mais avant tout

éperdument uniques

 

 

 

avec dans le rétroviseur

à peine qu’on devine

la ronde des semblables

si peu préparés à te suivre

mais qui un temps pourront survivre

dans la délectitude de tes mots

Louis SAVARY

 

 

 

 

 

 



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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 10:23
Question : La simulation est elle la solution ?
Réponse : Moi ? Simuler ? Mais voyons, jamais ! (source : AOL Femmes)

Autre réponse possible : Moi, je préfère la stimulation à la simulation !

PL
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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 09:36
 Meddy Gerville et ses musiciens 
auront très bientôt le plaisir de démarrer cette nouvelle année par un concert dans
un lieu mythique parisien:


"L'Olympia Bruno Coquatrix"

MEDDY GERVILLE: PIANO/VOIX, MICHEL ALIBO: BASSE,
JEROME CALCINE: PERCUSSIONS,

PIERRE FRANÇOIS DUFOUR: BATTERIE, JIM CELESTIN: SAX


Infos pratiques:

Date: Dimanche 24 Janvier 2010 à 17H30
Lieu: L'Olympia Bruno Coquatrix dans le cadre du
Carib In Jazz Festival


Web: http://www.myspace.com/caribinjazz

Web: http://www.olympiahall.com/


Adresse: 28, boulevard des Capucines - 75009 PARIS

Infos/Réservations: Dans vos points de ventes habituels


Afin de vous donner un avant goût de ce qui vous attend, je vous invite à
découvrir une superbe chronique récemment publiée en ligne pour "Jazz
Magazine" par un journaliste très réputé dans le mileu jazz en France,
bonne lecture...

Jazz coktail en Martinique

Martinique Jazz Festival
Fort de France, 2 au 6 décembre



..."Dans l’équation d’un festival la variante public entre toujours en
ligne de compte. Et pas forcément seulement sur un plan comptable,
strictement mathématique. Question audience en Martinique, ce n’est jamais
facilement gagné : « Ici question concerts ils ont eu droit à pas mal de
choses, jazz y compris ; les gens sont donc devenus exigeants » explique
Michel Alibo, revenu dans son île le temps de deux concerts.

Et pour prendre la main devant les Martiniquais il aura fallu d’abord
toute la fougue, la fraîcheur d’un autre ilien, un p'tit gars de la
Réunion : Meddy Gerville a joué fort, droit, clair et pris par surprise le
public du festival jazz de Fort de France d’habitude plutôt distancié dans
l’écrin de l’Atrium, salle sanctuaire du Centre Martiniquais d’Action
Culturelle .



Quasi inconnu aux Antilles, sa voix, son piano et sa musique chaudes
alliant le jazz aux rythmes complexes et métissés du m’aloya et de la sega
de son île de l’Océan Indien ont définitivement eu raison de la réserve
locale. Le plaisir affiché, le ton, la qualité de la prestation scénique
ont su déclencher l’impact. Pas de fausse pudeur: dans le contenu le
populaire et le savant se mélangent à plaisir. Les lignes de piano
rehaussent celles de la voix, les percussions –Titi Dufour (dm),Jérome
Calciné (cong) duo aussi jeune qu’imaginatif - mènent le bal sans
complexe.



Les parts d’improvisation elles mêmes ont vocation à raconter des
histoires. Toujours aussi volubile basse en main, Michel Alibo régional de
l’étape ne boudait pas son plaisir face à des visages familiers
souriants"...

Robert Latxague

Web:
http://www.jazzmagazine.com/index.php?option=com_fireboard&func
=view&id=1428&catid=14

www.meddygerville.com



www.myspace.com/meddygerville





Source : l'ARCC (Association Réunionnaise Communication Culture)

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