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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 13:47

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 16:59
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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 16:14










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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 14:37
Il faut les meubler, tous ces jours
sinon
ils ne seraient
que vide;
il faut à tout prix
les remplir
de nos gestes, de nos pensées,
de nos projets, de nos désirs,
de nos paroles échangées
souvent, à tort et à travers.
Il faut à tout prix
les combler
comme on colmate
un trou béant :
v'là, aujourd'hui, j'ai dit,
j'ai fait
les heures ont été bien remplies.
Il faut bien en faire
quelque chose
de ces suites de moments
indifférents, heures étirées
qui, au fond, se déploient
sans nous.


Patricia Laranco.
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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 15:34

 

Madagascar.

 

Madagascar est une île du sud-ouest de l'Océan Indien. Située à l'est des côtes sud-africaines, elle en est séparée par le large Canal du Mozambique.
Traversée par le Tropique du Capricorne, Madagascar affiche une superficie de 587 041 km2, d'où le surmom de "Grande Ile",ou même d'"Ile-continent" qui lui est souvent donné. Tropical dans l'ensemble, son climat s'avère, dans le détail, très nuancé, très varié, selon les régions. Sa population, quant à elle, est relativement ancienne, et constituée d'un mixte d'apports africains et asiatiques. Les Malgaches se divisent, en fait, en 18 peuples qui, cependant, ont tous en commun la même langue. L'identité malgache est forte, parce qu'originale,  spécifique, du fait de l'histoire comme de la géographie.

Au plan économique, Madagascar figure encore parmi les nations les plus démunies de la planète : son économie continue d'être largement tributaire de l'activité agricole.

L'histoire de Madagascar est, à ses débuts, très mal connue : sans doute dès avant l'ère chrétienne, l'île s'est vue peuplée de populations probablement originaires de l'est du continent africain. Après quoi, entre les premier et conquième siècles de notre ère, elle accueillit des vagues successives et très denses de migrations en provenance de l'archipel indonésien (Ile de Bornéo) : ces nouveaux arrivants introduisirent la culture du riz et la langue malgache, langue non pas africaine, mais malayo-polynésienne.

En 1500, les Portugais furent les premiers européens qui foulèrent le sol de la Grande Ile. Très vite, ils furent relayés par Hollandais, Français et Anglais, attirés par la "Route des Indes". Au XVIIIème siècle, la France et l'Angleterre commencent à se disputer les zônes côtières de l'île, tandis qu'à l'intérieur, le roi Andrianampoinimerina (1777-1810) unifie sous son autorité le haut plateau central appelé Imerina (ou "pays des Merina", les Merina étant l'ethnie la plus "indonésienne" de Madagascar) et crée une royauté dotée d'une administration dèjà remarquable. Son fils Radama Ier (1810-1828) achève  son oeuvre, en unifiant, cette fois, l'île entière sous la houlette merina, ce qui a pour conséquence l'épanouissement d'une société de castes, centrée autour de l'élite merina vivant à Tananarive, la capitale. Cette société hiérarchisée fait une part assez belle à l'esclavage.

En 1881, Rainilaiarivony  va jusqu'à créer l'embryon d'un état moderne, doté d'un code de justice qui émancipe les esclaves et renforce encore l'organisation étatique..

Mais, en 1885, la Troisième République française se met en tête de faire de Madagascar un de ses protectorats : en 1895, elle oblige la dernière reine de Madagascar, Ranavalo III, à reconnaître sa souveraineté. L'insurrection malgache ne peut rien contre cette agression inexorable, et Ranavalo est exilée.

Vient ensuite la période coloniale, qui se caractérise par le déboisement des forêts, la mise en place de plantations, l'exploitation des ressources minières et des travailleurs autochtones, l'appropriation sans vergogne des meilleures terres par les colons et les entreprises étrangères. Les malgaches-et c'est bien compréhensible- vivent cette période comme une période de rabaissement et d'oppression fort pénible. A tel point qu'éxcédés, en 1947, ils se soulèvent. Leur indépendance ne sera cependant pas acquise avant 1960. Elle sera suivie de 10 années de stabilité politique, sous forte influence française, puis, ensuite, d'une période de turbulences exacerbées, tant politiques que sociales et économiques. Depuis 2 ou 3 ans cependant, Madagascar semble remonter la pente, avec une croissance forte et, de la part du pouvoir, une réelle volonté de redressement, et de modernisation du pays.

 

La poésie malgache.

1. La poésie malgachophone.

"Présence", "vitalité, "prestige", ainsi  pourrait-on résumer, en trois mots, le statut de la poésie à Madagascar.

La Grande Ile est le pays des contes, des poèmes, des proverbes.

La tradition littéraire malgache s'enracine dans la culture orale très riche et très puissante du "kabary", discours public prononcé en toute circonstance sollennelle, véritable art oratoire dont l'extrême codification n'empèche nullement la recherche de la beauté et de la musicalité. A côté de cela, signalons les poèmes oraux dits "hain-teny", qui, en vers brefs, dans une langue très imagée, cultivent la subtilité, le non-dit  et tournent, le plus souvent, autour du thème de l'amour.

La poésie malgachophone écrite est l'héritière directe de cette tradition , dont elle emprunte la forme courte, le sens aigu de la métaphore, de l'énigme, de même que la musique des sons. Les grands poètes strictement malgachophones sont Jean-Verdi Razakandriana (1913-1978), Georges Andriamanantena dont les recueils sont encore fort populaires à Madagascar,  et Elie Rajoanarison.

Très souvent vouée à être mise en musique et chantée, la poésie en langue malgache confère au poète une fonction sociale assez enviable, un peu semblable à celle qui, dans l'ancienne Europe, revenait aux bardes, ou aux aèdes.

Passons maintenant à la poésie écrite. L'écriture, depuis fort longtemps, jouit, à Madagascar, d'un incontestable prestige. Ainsi, le roi Radama Ier l'utilisa pour mieux gouverner son royaume, après avoir, au préalable, fait mettre au point par des missionnaires protestants anglais un système de notation de la langue malgache en caractères latins. Dès 1828, une imprimerie se trouva installée. L'écriture satisfaisait aussi des besoin d'ordre plus privé,tels la conservation de généalogies, de traditions, de collections de poèmes "hain-teny". L'année 1866 vit la naissance d'une presse en langue malgache, qui eut, par la suite, le mérite de publier la plus grande partie de la production littéraire moderne. Une fois la colonisation installée, la poésie malgachophone écrite devint un  véhicule privilégié de l'expression du désir de se libérer du joug de l'occupant. Dans les années 1920, les poètes de Madagascar se regroupent de plus en plus volontiers en cercles littéraires, et une anthologie poétique est publiée.

2. La poésie d'expression française.

La colonisation impose la prééminence de la langue française, langue de pouvoir, donc de prestige. Une vie littéraire locale en français se développe, d'abord sous l'égide d'expatriés venus de France, qui mettent en place de belles revues, dans lesquelles les fonctionnaires français qui écrivent publient leurs oeuvres d'inspiration "malgachisante". Les mêmes fontionnaires français auront également le mérite de guider les premiers essais des jeunes écrivains malgaches d'expression française.

Les principaux poètes malgaches francophones sont :

- Régis Rajemisaraolison (1913-1990). Il a consacré sa vie à la recherche sur la civilisation malgache, et à sa sauvegarde.En 1948, il a publié le recueil "Les Fleurs de l'île rouge", dans lequel il célèbre le passé de son pays sur un ton nostalgique : "Sur le coteau bleui par des ombres sereines / Que la lueur du jour naissant faisait plus pur / J'ai cru voir, ce matin, découpé dans l'azur, / Plus beau que chaque jour le PALAIS DE LA REINE."

- Elie-Charles Abraham (1919-1980), professeur de langues (malgache et français ), revuiste, critique littéraire et poète : "L'hiver malgache, il faut le dire / Est le plus doux, le plus charmant, / Lui seul, il garde à tout moment, / Dans la tristesse ou le délire, / Son éternel petit sourire." (in "Flux et reflux", 1949)

- Jean-Joseph RABEARIVELO (1901 ou 1903-1937) est, sans conteste, le géant de la littérature malgache. C'est un écrivain tourmenté, dont les thèmes de prédilection sont la nostalgie du passé,  la fascination de la mort, le ressourcement. Egalement homme de théâtre, traducteur émérite jonglant entre les deux langues malgache et française avec une maîtrise parfaite, Rabearivelo fut, en dernier ressort,  la poignante victime de l'incapacité à vivre qui le rongeait : sa vie finit par un suicide.

"Fondues ensemble toutes les étoiles / dans le creuset du temps, / puis refroidies dans la mer / et sont devenues un bloc de pierre à facettes. / Lapidaire moribonde, la nuit, / y mettant tout son coeur [...] taille amoureusement le prisme. / Mais c'est une stèle lumineuse / que l'artiste aura érigée sur sa tombe invisible." (in "Presque-Songes", 1934)

- Jacques RABEMANANJARA ( né en 1913), est également un auteur d'une grande stature. En sus d'être un écrivain (poésie, théâtre), il fut aussi un homme politique. Son oeuvre lui valut, en 1988, le grand prix de la francophonie de l'Académie Française. Il rêve, lui aussi, dans ses poèmes, d'un retour aux origines, aux "rites millénaires" si ancrés dans le profond de l'âme malgache. Vigoureuse, engagée, sa poésie est toute d'élan lyrique :

"Mais qu'étions-nous avant cette heure / et qu'était le monde lui-même ? / Double néant sur le chaos, / Grains de poussière sur la route."(in "Rites millénaires", 1955)

- Flavien Ranaivo (né en 1914), nous a donné une oeuvre poétique assez brève, profondément imprégnée de l'esprit de la poésie malgache traditionnelle: "Six routes / partent du pied de l'arbre-voyageur : / la première conduit au village-de-l'oubli, / la seconde est un cul-de-sac, / la troisième n'est pas la bonne, / la quatrième a vu passer la chère-aimée / mais n'a pas gardé la trace de ses pas, / la cinquième / est pour celui que mord le regret, / et la dernière... / je ne sais si praticable." (in "Mes chansons de toujours", 1955).

-Esther Nirina (née en 1932), a longtemps vécu en France. Sa poésie est toute de subtilité, et de mystère : "Flamme mouvante / D'une bougie presque / Consumée / Seule enfant / Du temps / Qui jamais / Ne sera."(in "Lente spirale", 1990)

-Lucien-Xavier-Michel Andrianarahinjaka (né en 1929). Professeur de malgache, puis, ensuite, homme politique, il nous offre une poésie lyrique fervente et même, quelque peu teintée de mysticisme : "Ainsi amarré au centre de l'émerveillement, / je m'étonne d'avoir été si loin sur le chemin de l'angoisse. / Un ciel bleu par-dessus les collines, / dans mon coeur l'appel d'une grande saison dédiée à la joie de vivre." (in "Terre promise",1966).

 

Patricia Laranco. 

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 14:02







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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 13:59
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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 13:55
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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 08:47
                                                            Chantier de poème pour

 

                                                              Le Chant de l'enfance

 

 

 

 

 

I
Le texte suivant est inspiré de la  musique et des " adunata "(  formules de l'impossible ) qui caractérisent l'écriture d'Alain Duault dont je lis en ce moment le triptyque en cours.

Le travail de l'écriture est une aventure étonnante. On peut se mettre en condition avec la lecture d'un poème, la relecture d'un autre, se contenter de feuilleter un recueil à la recherche de mots à réserver, ou même vérifier le sens, l'étymologie, les emplois de mots rares.

 

 

Arracher les peaux du chagrin voilà

ce que je veux inventer même

des racines des chimères sans larmes

L'or de ma mémoire fabriquera

 

 

des promesses qu'on ne m'a jamais faites

J'ai lu hier Apollinaire Les émotions

ça fait si mal  tu n'es plus là

O avaler sa salive quand ça passe si mal

 

Je veux dormir avant La fatigue

m'a tué mourir avant que

de t'écrire est impossible

Le soleil brillera moins que l'or de ma mémoire

 

 

 

II

 

 

 

Strophe I

 

Je commence par corriger la fin du vers 2  et par enlever ce " même " qui n'est pas du tout à sa place. Mais je garde " inventer " auquel " racines  " et " chimères " correspondent bien comme objets directs et que je fais précéder d'un blanc. Celui-ci s'allie à la solennité de la première volonté et annonce la seconde, " inventer ", que je laisse elliptique sur le plan grammatical. La suite de la strophe me contente et je passe à la suivante qui va représenter le travail le plus important

 

 

Strophe 2

 

 

Deux problèmes se posent :

 

1-     la répétition de" ça fait si mal " ( j'éprouve toujours des réticences à en faire une )  doublée de l'emploi du neutre" ça " de langue  trop courante pour moi.

Il me faut des termes plus littéraires, plus " poétiques ", et en tout cas, davantage de musique.

C'est le moment de parler du choc que j'ai reçu la veille de l'écriture de ce texte dont le vers 6 est autobiographique. En feuilletant Alcools j'ai lu au hasard " La synagogue " et suis restée comme foudroyée par le génie musical d'Apollinaire. Il m'est apparu encore plus fortement  que d'habitude qu'il ne peut y avoir de poésie sans musique et que mieux, la musique est déterminante. Sans celle-ci, il ne peut y avoir, pour moi, d'émotion.

Et comme je viens de me procurer l'anthologie de Christophe Dauphin de ce qu'il  appelle " l'émotivisme " je me demande si on ne pourrait pas parler tout simplement de " musicalisme " sur le plan purement esthétique et formel.

Les sonorités des mots, leur alliance m'ont toujours semblé heuristiques. L'intérêt du poème" La synagogue " ne serait-il d'ailleurs pas principalement musical ?

 

2- De ce fait, la proposition " tu n'es plus là " est très faible pour rendre compte à la fois du choc lui-même, une émotion dont je ne suis pas encore remise, et du sens de ce choc.

Il me faut, tout en évitant le conventionnel, trouver la musique, voire l'incantation, dans l'expression la plus originale possible et empruntée, pourquoi pas, à Apollinaire.

La première qui me vient à l'esprit est le nom d'un des deux juifs " Ottamar Scholem ".

 

 

Ces changements me semblent provisoires tant je ressens l'importance de cette strophe dans l'ensemble de mon  recueil, Le Chant de l'enfance, et dans celui de ma recherche poétique :

 

 

J'ai lu hier Apollinaire Des émotions qui

font si mal      Ottamar Scholem

O avaler sa salive quand elle passe si mal

 

 

Strophe 3

Au vers 2  et 3  l'expression" avant que de " est franchement trop désuète mais je garde la répétition et double même la figure de style avec un chiasme : " et avant de mourir / pouvoir t'écrire " qui supprime " est impossible.
J'aimerais, sans faire de l'ombre à la chute du derniers vers qui reste inchangée, terminer le vers par un substantif qui provoque un effet de surprise mais n'en trouve pas.

 

 

Arracher les peaux du chagrin voilà

ce que je veux   Inventer

des racines des chimères sans larmes

L'or de ma mémoire fabriquera

 

des promesses qu'on ne m'a jamais faites

J'ai lu hier Apollinaire Des émotions qui

font si mal      Ottamar Scholem

O avaler sa salive quand elle passe si mal

 

 

Je veux dormir avant La fatigue

m'a tué et avant de mourir

pouvoir t'écrire

Le soleil brillera moins que l'or de ma mémoire

 

 

 

III

 

 

Plusieurs modifications s'imposent encore.

 

 

Strophe 1

 

J'ai, en premier, l'idée  de mettre  au vers 2 " ce que je fais " à la place de " ce que je veux ". Le verbe " faire ", proche de ma réalité mentale actuelle, produira, me semble-t-il, un effet plus percutant.

 

 

Strophe 2

 

1- J'ai la même impression pour les vers 9 et 10 où je permute les deux propositions, quitte à supprimer le chiasme " dormir avant et mourir avant… "

 

 2-                                                     l'adunatone

Soleil tu brilleras moins que l'or de ma mémoire

 

Oserais-je imposer au lecteur un mot rare pour annoncer la chute, d'autant que je le fémininise visuellement pour permettre la prononciation grecque ?

J'en prends la responsabilité mais décide de l'éclaircir en le faisant suivre de deux points explicatifs car la chute est bien une figure de l'impossible.

Au dernier vers l'apostrophe s'impose, même si elle est trop classique, dans le but d'éviter un second article défini et surtout pour rendre un hommage final à Apollinaire qui a écrit " Soleil cou coupé ".

 

Strophe 3

 

La dernière décision est la plus difficile à prendre.

Il me faut choisir entre exprimer un certain mystère avec le nom propre Ottamar Scholem et libérer un sens. J'ai, en effet, en feuilletant de nouveau Alcools, retrouvé à la fin d'un vers de " Zone "  l'expression " Lazare affolé par le jour " qui m'avait impressionnée quand j'avais étudié le recueil. Elle annoncerait et prolongerait à la fois " l'or de ma mémoire " mais je ne restituerais plus le choc autobiographique en ne citant plus " la synagogue ".

Comme cela n'a rien à voir, à mon avis, avec la qualité du texte, je préfère relire encore la strophe à haute voix et opte définitivement pour la première solution. L'incantation s'y réalise assez magiquement même si on peut lui reprocher un côté trop solennel. Je ne recule devant rien pour honorer la grande poésie, quitte à paraître manquer de simplicité. 

 

 

 

Arracher les peaux du chagrin voilà

ce que je fais    Inventer

des racines des chimères sans larmes

L'or de ma mémoire fabriquera

 

des promesses qu'on ne m'a jamais faites

J'ai lu hier Apollinaire Des émotions qui

font si mal    Ottamar Scholem

O avaler sa salive quand elle passe si mal

 

 

 La fatigue m'a tué Je veux dormir

 et avant de mourir pouvoir

 t'écrire l'adunatone  :

Soleil tu brilleras moins que l'or de ma mémoire

 

 

 

 

                                                                           juillet 2009 

                        
      
 

                                                                           France BURGHELLE- REY

 

 

 

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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 11:21
Ce documentaire libanais en deux parties est une rediffusion de la chaîne câblée Planète.
Il aborde, sous l'éclairage de toutes récentes découvertes archéologiques ma foi assez troublantes, les "mystères de la période pré-dynastique" de l'Egypte ancienne, c'est à dire les tout premiers balbutiements de la civilisation égyptienne.
Il nous entraîne , pour cela, dans une région bien précise : le désert oriental du pays des Pharaons, et vers une époque très ancienne, pour mieux dire encore, préhistorique..
Tout d'abord, il apparaît que le désert oriental égyptien fut habité par des populations qui accordèrent une place majeure à l'art rupestre. C'est, ainsi, grâce à ces représentations peintes ou gravées dans le rocher ,que l'on peut à présent se faire une idée des conditions climatiques qui régnaient sur la future Egypte à cette époque reculée , voici pas moins de 4000 ans. Aussi surprenant que ça nous paraisse, il s'agissait d'un climat de type tropical, où girafes, éléphants et acacias hantaient une sorte de savane.
Mais, auprès de scènes de chasse tout à fait représentatives, on se voit tout à coup confronté à une autre sorte d'étonnement : voilà-t-il pas que, sur les parois des dédales de gorges (appellés ouadi), apparaissent d'étranges figurations de "barques à haute proue, gravées sur les falaises". Sur ces barques à haute proue sont figurés des personnages à la tête ornée de plumets, porteurs de queues postiches et surtout équipés de massues pyriformes., tous objets qui furent, par la suite, en Egypte pharaonique, des symboles royaux liés au dieu Horus et au groupe de ses "suivants".
"Le désert oriental, précise l'un des nombreux savants qui prennent la parole à l'occasion de cette émission, est primordial pour comprendre les débuts encore si énigmatiques, de l'Egypte".
Toute cette aventure tourne autour de l'étude des gravures rupestres.
Trois expéditions scientifiques permirent, tout d'abord, la découverte d'un véritable dédale de gorges, repérées, à l'origine, par satellite. Dans ces gorges, on distingue vite le "site N° 26", que l'on ne tarde pas à baptiser "la chapelle sixtine de l'art rupestre égyptien", avec ses parois littéralement couvertes de pétroglyphes. Les dits pétroglyphes représentent les fameuses barques à haute proue précédemment évoquées, ainsi que des animaux de toutes sortes et des chasseurs sacrifiant des taureaux. On en déduisit que ce site devait être très important dans la vie des gens de l'époque. : une ancienne oasis ? Peut-être.
En tout cas, sa datation le situe en pleine période dite "Nagada 2".
Il est très important, nous font bien comprendre les spécialistes, de noter que la période préhistorique considérée par ces recherches se répartit en deux périodes, assez distinctes l'une de l'autre : la plus ancienne, Nagada 1, est marquée par la présence, aux mains des chasseurs, de massues dites "discoïdales", tandis que celle qui lui succède directement, Nagada 2 (celle dont nous venons de parler), pour sa part correspondant au 4ème millénaire avant notre ère, affichait, au contraire, et ce quelques siècles seulement avant l'apparition des Pharaons, des massues de type pyriforme, que l'on a également mises au jour lors de la fouille d'une nécropole datant de la même période.
Il n'en a pas fallu plus aux archéologues tout excités pour que ce changement de massue leur suggère l'idée, l'hypothèse d'une "arrivée de nouveaux venus", de non autochtones sur la terre du Nil. Tout les porte à croire, en effet, que "ce matériel est apparu de façon subite" et que "la massue pyriforme n'est pas d'invention égyptienne". En tout cas, elle est  "beaucoup plus efficace que l'autre massue, la discoïdale", nettement plus ancienne.
Alors ? Les porteurs de massues pyriformes, des "gens venus d'ailleurs" ? Une "race dynastique" à l'origine des tout premiers Pharaons (tels le fameux Narmer) ?
Il faut tout de même préciser que ces hypothèses ne sont pas neuves. Pour être franc, elles remontent au tout début du XXème siècle, une période où la mentalité coloniale battait son plein, y compris chez les hommes de science et qui, donc, répugna d'emblée à admettre le fait qu'une civilisation aussi précoce et aussi impressionnante que l'Egypte ancienne ait pu être fondée, mise sur pied par de "vulgaires africains". La théorie émise par l'archéologue britannique Petrie (celle dite de la "race dynastique") finit donc par tomber aux oubliettes avec le temps, sous l'effet (bienheureux) de l'évolution des mentalités au cours du XXème siècle.
Mais, à présent que la science a pris définitivement ses distances avec tous les préjugés liés au colonialisme, de nouveaux chercheurs ont décidé de reprendre les idées de Petrie ( qui au demeurant était un homme assez génial), de la rééxaminer avec un "oeil neuf", confortés qu'ils sont par les études actuellement menées.
"La massue pyriforme a été inventée en Mésopotamie". Non seulement, ainsi que nous l'avons vu, sa présence est attestée dans le désert oriental d'Egypte, mais l'on y trouve également des vases de pierre à anses percées et des sceaux cylindriques d'allure totalement mésopotamienne dans des tombes égyptiennes du prédynastique tardif. Pour les savants, "cela atteste de relations entre les rois d'Egypte et une élite étrangère".
L'"exploration" de la période dite "Nagada 3" ne laisse, aux dires des spécialistes, "aucun doute sur cette présence étrangère en Egypte", puisque on y note l'apparition de la figure du "Roi-prêtre" d'Uruk sur le manche d'un couteau d'apparat égyptien. Les restes de cette période livrent également des motifs représentant des chasseurs aux prises avec des lions (thème sumérien classique) et, plus interessant encore, une représentation de bataille navale apposant manifestement des barques à haute proue à des embarcations nilotiques autochtones. Or, "les barques à haute proue sont typiques du sud de l'Irak".
"La théorie de la migration prédynastique en provenance du sud de l'Irak et du Golfe Persique" semble se fortifier. "Il semblerait, nous dit à ce propos l'un des savants, que des Mésopotamiens soient venus par bateaux, porteurs de nouvelles technologies".
Reste à savoir, maintenant, de quelle manière ces "bateaux immenses" ont été transportés par voie terrestre de la Mer Rouge d'où ils venaient jusqu'au Nil, via les gorges (ouadis) du désert. Et "pourquoi ces gens l'ont-ils fait ?", quelles furent leurs motivations ?
Des centaines de barques à haute proue ont été gravées dans les gorges de l'Egypte orientale. Elles contrastaient notablement avec les esquifs nilotiques locaux, en papyrus et en forme de croissant. Les embarcations à haute proue étaient enduites de goudron, d'un bitume qu'on ne pouvait trouver, à l'époque, en abondance, qu'en Irak. Au vu des peintures rupestres, on sait qu'elles étaient occupées par des équipages nombreux...était-ce à dire qu'en cette fin de la préhistoire, elles possédaient une dimension rligieuse ou funéraire ? Toutefois, certaines d'entre elles évoquent fortement, par leur aspect, une fonction militaire.
Une autre découverte récente, à Bouto, vient encore appuyer la thèse de l'apport sumérien : elle concerne, cette fois-ci, le domaine de l'architecture, puisqu'on y a mis au jour des bâtiments aux murs décorés de magnifiques mosaîques dites "à cônes", une spécialité de la cité sumérienne d'Uruk.
Toutes ces constatations archéologiques alimentent donc, on le voit, une présomption de plus en plus forte, marquée, plaidant  en la faveur d'"une vaste migration en provenance de la Mésopotamie à la toute fin de la préhistoire égyptienne". Ces Sumériens, dont on ignore encore s'ils "partaient pour ne plus revenir", avaient, toujours selon les savants, apporté et implanté des idées nouvelles, lesquelles auraient, par la suite, abouti à la naissance d'une "culture unique", profondément originale, celle des Pharaons.
Certains savants (mais ne s'emballent-ils pas trop vite ?) en veulent pour preuve supplémentaire la tombe du grand roi guerrier Thoutmôsis III dans la Vallée des Rois : sur les fresques funéraires, en effet, ce n'est autre qu'une barque à haute proue qui prend le Pharaon à son bord pour le mener vers l'au-delà, en prenant la direction de l'est (celle de la Mésopotamie ?).
C'est sur cette grandiose vision que s'achève la première partie du documentaire, très rapidement relayée par la seconde.
Tout au long de cette seconde partie, on reste toujours sur le même thème : "les gorges reliant la Mer Rouge au Nil recèlent des milliers de pétroglyphes révélateurs".
"Durant la dernière décennie, toute une série de missions archéologiques ont été menées", dans le but d'étudier les tombes et les pétroglyphes de cette région, tout en se penchant, parallèlement, sur la religion et l'iconographie pharaoniques.
De tout ceci, apparemment, il ressort (ou il ressortirait) que les deux premières grandes civilisations humaines seraient liées l'une à l'autre de façon très étroite.
Assez catégoriquement (trop, peut-être ?), l'on nous affirme, on nous martelle que "les Pharaons ont pris le pouvoir soutenus par une élite connue sous le nom de  : les Suivants d'Horus". D'ailleurs, c'est bien un fait, tous les souverains d'Egypte sont appellés "Horus".
La découverte récente de lapis-lazuli  d'Afghanistan datant de ces périodes reculées apporterait encore de l'eau au moulin de cette thèse.
Mais est-ce suffisant pour prétendre mordicus que ce furent les Sumériens qui furent "les catalyseurs de la civilisation du Nil" ?
Les objets trouvés en Egypte se rapportent à la période d'Uruk. D'autre paart, il est incontestable que l'architecture égyptienne évoque celle de la Mésopotamie, avec le même emploi de la brique crue, inventée dans l'ancienne Sumer. Il est assez remarquable de constater que les "façades ornées de niches" apparaissent au même moment en Mésopotamie et en Egypte.
Les pré-sumériens vivaient à l'intérieur de huttes en roseaux, dans les marais du sud de l'Irak. Les façades à niches, quant à elles, "apparaissent d'abord à Uruk", puis, rapidement, en Egypte, sous forme de mastabas, tels le palais funéraire d'Abydos. Est-ce, là encore, le signe d'"un lien culturel fort entre les rois d'Egypte et la zône culturelle sumérienne"?
On constate aussi que la couronne blanche de Haute Egypte était portée par les premiers souverains mésopotamiens, ce qui pourrait suggérer, là encore aux yeux de certains savants, que "les migrants de l'est n'auraient pas été simplement des habitants, mais des monarques".
A l'époque pré-dynastique égyptienne, la Mésopotamie voit l'épanouissement de grandes cités, et des fameux ziggourats (cousins des mastabas, pyramides à degrés d'Egypte, antérieures aux grandes pyramides). Les savants soupçonnnent les Sumériens d'être eux-mêmes des peuplades originaires des montagnes plus au Nord qui seraient descendues, attirées par les deux fleuves.
A cette époque des premières cités, ils pratiquaient déjà "une forme primitive de comptabilité", qu'ils consignaient sur des tablettes, à l'aide du fameux kalam, phénomène qui donna, quelques temps plus tard, lieu à l'apparition de l'écriture. "Eh oui, constate en souriant un savant à l'oeil malicieux, les premières tablettes sont presque uniquement comptables"; elles alignent des pictogrammes primitifs, et, de ce fait, l'on ignore la langue que parlaient les Sumériens (même problème que pour les peuples de la Vallée de l'Indus).
Assez curieusement, le documentaire nous fait ensuite passer du coq à l'âne puisqu'il se met, sans crier gare, à pointer du doigt le déluge (biblique) et les légendaires figures de Nemrod et de Gilgamesh.
On a un peu du mal à suivre...
La question centrale semble maintenant être "quand le déluge eut-il lieu ?". Question accessoire : "eut-il lieu ?".
Toujours d'après nos archéologues, il ne faut rien exagérer. Les résultats de leurs fouilles plaident plutôt pour la probable survenue de quelques séries d'inondations qui, en tant que catastrophes écologiques, "auraient pu pousser  les Sumériens, dont la population devenait de plus en plus nombreuse, à des émigrations".
Mais qui est le fameux Roi-prêtre ? On sait qu'il est chasseur de lions, qu'il adore Inanna, la déésse d'Uruk, qu'il se ballade continuellement sur des bateaux à haute proue et qu'il serait le bâtisseur du tout premier temple à terrasses. Pourquoi ne pas voir en lui Nemrod ("Nemrod" signifie, rappellons-le au passage "le Vaillant Chasseur")?
On sait aussi que cette époque lointaine connut des vagues de migrations du sud de l'Irak en direction de l'Euphrate, qui achèvent de nous convaincre que ces gens subissaient une pression tout à la fois écologique et démographique et qu'ils avaient le caractère aventureux.
Mais, techniquement, le voyage du sud de l'Irak vers l'Euphrate n'a rien de comparable avec la très grande aventure que représente un déplacement en direction de la lointaine terre africaine.
En quoi consista ce périple ? "Un cabotage le long des côtes ?" Il faut penser qu'à cette époque, un courant descendait de l'Inde, lié à la période des moussons.
Un savant constate : "nous sous-estimons l'importance de la navigation maritime aux époques préhistoriques", et il n'a certainement pas tort.
Le cabotage semble, par conséquent, l'hypothèse la plus plausible. Même si ce fut sans doute "très difficile", c'était la meilleure solution, car les voies terrestres devaient déjà être infestées de tribus nomades pillardes. Les marchands avaient de ce fait, tout intérêt à privilégier, par prudence, la voie maritime.
Cependant, parler du seul cabotage, c'est peut-être parler un peu vite. En effet, une campagne archéologique menée cette fois au Koweït il n'y a pas longtemps a permis de mettre en évidence des vestiges de bateaux conçus pour la navigation en haute mer, sous la forme de morceaux de coque en roseau revêtu de bitume et, surtout, exhibant des bernacles incrustées. On s'est aussi, par la même occasion, aperçu que ces "navires" transportaient de l'obsidienne en provenance du Yémen. Or, la présence d'obsidienne à Nagada, en Egypte, à la même époque, est avérée.
"Hypothèses archéologiques à étudier ?", questionnent les savants.
A cela s'ajoute le sens du nom Horus : "celui qui est lointain".
Nous revenons ensuite à nos pétroglyphes du désert d'Egypte. Figurez-vous que c'est là qu'on vient de découvrir "la plus vieille carte du monde". Eh oui, cette région regorge de cartes géographiques anciennes, dessinées dans le roc. Ce qui fait dire au scientifique émerveillé qui les contemple et les effleure du doigt : "il est plus que probable que les bateaux ont été traînés dans les ouadi jusqu'au Nil". (?)

Récapitulons à présent : au commencement (c'est à dire il y a 6000 ans) apparaît la toute première cité, située au sud de l'Irak , ERIDOU. Puis sont fondées , probablement par le fameux chasseur Nimrod Ur et Uruk.
Cependant, de probables poussées démographiques liées aux changements de vie amoindrissent sans doute les ressources dans les marécages du sud, et c'est alors qu'un besoin impérieux d'émigration se fait sentir (vers l'Euphrate au Nord et vers la Mer Rouge et l'Afrique, au Sud). Armés de leurs redoutables massues pyriformes et montés sur leurs embarcations à haute proue, les nouveaux arrivés en terre égyptienne se heurtent aux autochtones, puis remontent le Nil jusqu'au delta (site de Bouto).
Mais quant à savoir si les Pharaons étaient des Mésopotamiens, des Sumériens, c'est une autre paire de manches !
Pour ma part, j'ai trouvé ce documentaire prenant, mais quelque peu confus.
Je ne suis pas encore convaincue par cette "thèse sumérienne".
Les Sumériens, à ce que je sais, étaient des commerçants dans l'âme. Ils commerçaient avec des civilisations souvent lointaines (telles celles de la Vallée de l'Indus, de l'Iran antique et de la "Civilisation des Oasis" d'Asie centrale). Il y avait déjà, à ces époques (nous en avons les preuves), de vastes réseaux d'échanges commerciaux et culturels et il n'y a aucune raison pour qu'ils n'aient pas, aussi, englobé l'Egypte.
De toute façon, que l'Egypte soit le résultat d'un mélange de races et de cultures ne me gêne guère. Bien au contraire. Peut-être sa grandeur lui vient-elle de là.


Patricia Laranco.
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