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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 19:14






Je vous invite à aller découvrir le dernier e-book de mon ami Jean-Marc Couvé. Il s'agit d'un livre d'art qui s'intitule

"MAN...NUSH...ERRAIENT"

LIEN :


www.evazine.com...

Bonne découverte.



PL
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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 12:43



Point barre, revue semestrielle de poésie

Direction : Ming Chen
Coordination : Yusuf Kadel
Comité de lecture : Michel Ducasse, Alex Jacquin-Ng, Christophe Cassiau-Haurie et Umar Timol
Révision et corrections : Michel Ducasse
Conception graphique : Azna Kadel



La revue Point barre, publiée par Cygnature Ltée, avec le concours du Centre culturel français Charles Baudelaire, est la première publication mauricienne entièrement consacrée à la poésie d’aujourd’hui. Elle est ouverte à tous les poètes, locaux et étrangers, quelles que soient leur sensibilité et langue d’expression ; les textes proposés sont jugés uniquement sur leurs qualités littéraires et leur conformité au thème défini pour chacun des numéros. Point barre compte parmi ses collaborateurs réguliers la plupart des jeunes poètes mauriciens.


Le numéro 7 de la revue, sorti le 29 octobre 2009, est dédié à la mort et a pour titre « Six Pieds sous terre». Il comporte vingt-huit poèmes inédits en français et créole, agrémentés de trois illustrations originales d’Alex Jacquin-Ng. L’éditorial est signé Christophe Cassiau-Haurie.


Figurent au sommaire les auteurs suivants :

Alex jacquin-Ng (Île Maurice)
Arnaud Delcorte (Belgique)
Catherine Andrieu (France)
Catherine Boudet (La Réunion)
Catherine Laurent (Nouvelle-Calédonie)
Dev Virahsawmy (Île Maurice)
Dominique Gaucher (Québec)
Fednel Alexandre (Haïti)
Fred Johnston (Irlande du Nord)
Gérard Larnac (France)
Jalel El Gharbi (Tunisie)
Jean-François Cocteau (France)
José Le Moigne (Martinique)
Kenzy Dib (Algérie)
Laurent Fels (Luxembourg)
Michel Ducasse (Île Maurice)
Muriel Carrupt (France)
Nathalie Philippe (France)
Patricia Laranco (France/Île Maurice)
Pierre le Pillouër (France)
Robert D’Argent (Île Maurice)
Saint-John Kauss (Haïti)
Sylvestre Le Bon (Île Maurice)
Tahar Bekri (Tunisie)
Tahir Pirbhay (Île Maurice)
Teddy Iafare-Gangama (La Réunion)
Umar Timol (Île Maurice)
Yusuf Kadel (Île Maurice)


Point Barre est en vente en ligne sur le site de la Librairie Le Cygne.




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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 11:02
Le cerveau ? Serait-ce simplement "une machine, un ordinateur" ?
"C'est ce que nous sommes tentés de croire", constate, pour commencer, cet excellent documentaire canadien, dans lequel notre guide sera le professeur Norman Doidge, grand spécialiste de la question.
Selon lui, la vision de notre maître-organe est en train de se modifier, et cela sous l'espèce d'un "bouleversement révolutionnaire".
On a en effet longtemps pensé que le cerveau ne changeait plus après l'âge de dix huit ans, d'où la théorie classique du "cerveau immuable". Mais, désormais, "il faut totalement revoir cette conception".
On est en train de s'apercevoir que" le cerveau change sans cesse, à chaque pensée, à chaque sensation". ça a de quoi laisser rêveur, non ?
Le Pr Doidge nous parle des pionniers de la science neurale, inventeurs de ce qui "change tout" : la neuroplasticité.
Derrière ce terme plutôt barbare se cache le fait, étonnant mais incontestable, que "le cerveau n'est pas pré-câblé", qu'il est, au contraire, "malléable".
Aussi inimaginable que ça puisse sembler, on utilise aujourd'hui des machines capables d'aider le cerveau à se recâbler.
Le documentaire nous montre, ainsi, des prothèses pour aveugles qui utilisent la technique de la "substitution sensorielle", partant du principe que "ce que fait le cerveau des sensations, c'est cela, l'important" et que certaines parties de cet organe peuvent se réorganiser pour traîter d'autres types de sensations que celles qu'elles traîtaient originellement.
La prothèse pour aveugles consiste en une paire de lunettes spéciales équipée d'une mini caméra et reliée à un capteur que l'on a posé sur la langue de l'individu concerné.
Le patient aveugle lui-même nous explique : "ça trace des images dans ma tête".
Voilà qui confirme le fait que "des modules cérébraux censés traîter certaines sensations peuvent en traîter d'autres" et nous y voilà : c'est cela, tout bonnement, la neuroplasticité.
Autre exemple, celui de Sheryl, jeune femme victime d'un trouble de l'équilibre irréversible qui, l'amenant à tomber sans cesse, la faisait vivre dans une pénible "sensation de chute permanente".
Un membre de son entourage témoigne : "elle tombait constamment, chancelait terriblement, et cela la minait". Elle, pour sa part, nous parle d'"un bruit permanent dans sa tête ou plutôt la sensation d'un bruit". On a ajusté sur la tête de la malheureuse un casque lui aussi relié à un capteur placé sur sa langue...et Sheryl a appris à bouger de façon à se tenir parfaitement droite. La jeune femme a retrouvé sa stabilité, pour ainsi dire miraculeusement.
En fait, son cerveau apprenait à se transformer grâce à l'appareil.
"L'appareil a recâblé mon cerveau" admet une Sheryl enthousiaste qui, à présent, roule à bicyclette !
Tout ceci, nous précise le Pr Doidge, a été rendu possible par le grand précurseur que fut le neurologue Paul Bakirita. Ce scientifique, décédé en 2006 d'une tumeur cérébrale (quelle sombre ironie !) a mis quarante ans pour imposer le concept de plasticité du cerveau, hypothèse plus qu'audacieuse qui s'avère de plus en plus confirmée et qui, pourtant, s'est heurté dans le monde scientifique, à une très forte résistance.
Barbara Harrow-Smith-Young gère une école de recâblage du cerveau où l'on accueille des élèves souffrant de troubles de l'apprentissage. Cette neuro-plasticienne qui, au départ, souffrait elle-même de ce type de handicap, nous renseigne sur son parcours pour le moins extraordinaire; jugez-en ; "quand j'étais enfant, déclare-t-elle sans ambage, j'étais stupide. Je croyais avoir un bloc de bois dans la tête qui m'empêchait d'apprendre". Mais Barbara s'est mise en tête de prendre le taureau par les cornes : elle a identifié la région de son cerveau qui fonctionnait de travers. Puis ensuite, après avoir entendu parler de la neuroplasticité, elle a eu l'idée géniale de se servir des travaux de Rosensweig et du Russe Luria pour "renforcer, faire travailler le région cérébrale à problème". Des exercices pratiqués régulièrement lui ont permis d'établir de nouvelles connexions neuronales dans la région atteinte.
A présent, ce qui frappe l'observateur qui visite l'école Harrow-Smith, c'est le calme et la concentration dont font preuve les élèves, lesquels, tès vite, progressent grâce à des exercices cognitifs ciblés. Le plus remarquable est que "les progrès sont acquis définitivement".
Le travail sur des aires cérébrales est également utilisé par Merzonik dans son établissement, "Fast for Word", qui s'est donné pour objectif de corriger la dyslexie.
"Les dyslexiques, nous apprend-t-il, ont, au départ, des scanners cérébraux très différents de la normale. Le traîtement les rend normaux".
De tels programmes peuvent aussi agir sur les troubles mnésiques, comme en atteste une femme qui fut confrontée à de graves problèmes de mémoire consécutivement à une chimiothérapie anti-cancéreuse. Il s'avère que le type de traîtement qu'a suivi cette femme peut même venir en aide aux personnes âgées, dont les cerveaux, chacun le sait, sont, hélas, rongés par l'oubli.
Il faut savoir aussi, nous dit clairement le Pr Doidge, que "les jeux de développement de la mémoire font augmenter la capacité d'attention". Deux phrases plus générales suivent, qui frappent l'attention de l'auditeur : "la plasticité existe du berceau jusqu'à la tombe" et "quand nous apprenons, nous changeons la structure du cerveau pour apprendre à apprendre".
Le documentaire, dans la foulée, nous présente un homme de 54 ans qui, suite à un AVC, s'était trouvé paralysé de tout le côté gauche du corps. Cet homme qui, désormais, nous parle en conduisant, a bénéficié, pour sa part, à Birmingham (USA) d'une nouvelle thérapie, dite du "mouvement induit par la contrainte". Ce procédé consiste à immobiliser complètement le bras resté valide et, ce faisant, à amener l'autre bras, le membre atteint, à travailler de lui-même. Un tel "modelage fonctionnel" améliore, par toutes petites étapes, des fonctions motrices en amenant la prise en charge des fonctions perdues par de nouveaux neurones. C'est, finalement, un processus très simple qui est ici à l'oeuvre : " l'utilisation du membre atteint exerce une profonde influence sur le cerveau et le système nerveux".
A l'origine de cette idée, une expérience de laboratoire : ce que les spécialiste appellent (encore un mot barbare !) la "désaférentation" d'un membre de singe. On s'arrange, assez cruellement, pour mettre hors service le bras d'un macaque, après quoi on applique une contention à son bras demeuré valide. On constate alors qu'il se met à se servir du bras "désaférenté", qu'il utilisera, à partir de là, jusqu'à la fin de ses jours !
Appliqué à l'Homme, cette méthode donne des "résultats probants", "spectaculaires" (je retranscris ici les mots qu'emploie l'homme de 54 ans victime d'un AVC dont nous parlions précédemment), de sorte qu'on peut vértablement parler, sans risquer de se tromper, d'"une révolution en matière de rééducation".
Le Pr Doidge, là dessus, attire notre attention sur ce qu'il appelle "le paradoxe plastique"; "il est, nous assure-t-il, plus facile de suivre toujours les mêmes traces, encore et encore". Par conséquent, "en éxécutant des tâches répétitives, le cerveau devient rigide et routinier"; c'est ainsi que s'installent les habitudes et, finalement, les réflexes.
Ces relations entre activité cérébrale et comportement ont été mises en relief par un savant du nom de Pascual Leon. D'après celui-ci, des troubles comme l'autisme et le syndrôme d'Asperger seraient la conséquence d'une hyper plasticité cérébrale, d'une plasticité anormale, excessive (fascinant, n'est-ce pas ?). Toujours selon Pascual Leon, la fameuse hyper-sensibilité qui caractérise ces deux syndrômes provient d'un cerveau hyper stimulé, d'un "trop-plein de connexions', en somme. On pourrait, suggère-t-il, atténuer cette hyper-plasticité par la stimulation cérébrale.
Mais revenons aux gens dits "normaux", eux aussi sources de grandes surprises : on sait, maintenant, que" le simple fait de penser modifie le cerveau", que "le fait de penser crée de nouvelles connexions cérébrales", d'où l'utilité des thérapies, qu'elles soient cognitives ou psychanalytiques.
N'oublions pas : "à chaque pensée, à chaque sensation, le cerveau change".
Sur ces fortes paroles, le documentaire aborde un autre cas : celui des amputés confrontés aux fameuses "douleurs fantômes".
Ces douleurs, elles aussi, seraient induites par la plasticité cérébrale.
Là, entre en scène le Pr V.S Ramachandran, véritable "magicien de la neuroplasticité".
Par lui, on apprend que les membres amputés peuvent non seulement donner lieu à des douleurs fantômes, mais aussi, phénomène nettement moins connu, à des sensations fantômes de paralysie.
Il s'explique : si la main manquante n'existe plus, l'aire cérébrale qui lui correspondait existe toujours et peut donc toujours être activée.
Ramachandran nous affirme que "les aires cérébrales correspondant au visage débordent sur celles du bras". Il ajoute : "l'aire cérébrale de la main est adjacente à celle du visage", si bien que, fort bizarrement, "un effleurement du visage activait l'aire de la main amputée du patient".
Ramachandran nous expose son idée, une idée très indienne : "pourquoi pas combattre une illusion par une autre ?". Dans la pratique, et en application de ce principe, il en est venu à se servir d'une illusion visuelle (en l'occurrence, un jeu de miroir) pour supprimer, chez l'amputé, l'illusion première de la douleur. Il fallait y penser ! Mais, pour lui, ça coule de source, car, étant donnée "la très forte intéraction qui existe entre ces aires sensorielles", l'atténuation de la douleur fantôme s'avère intimement liée au rétablissement de ce qu'il nomme la "cohérence sensorielle".
Ici, Ramachandran met en avant les fascinants neurones-miroirs, dont la fonction est de "dissoudre les barrières entre soi et autrui". En définitive, ce sont eux qu'on met à contribution dans la guérison des douleurs fantômes.
Pour autant, nous détrompe vite et catégoriquement le professeur, ne fantasmons pas : "la neuroplasticité n'a pas de pouvoirs illimités", et croire que l'on peut faire, par son biais, de tout un chacun un génie, "c'est n'importe quoi !".
Cela nous amène au problème des limites de la neuroplasticité. Quelles sont-elles ?
Les savants les cherchent.
C'est ainsi que nous faisons la connaisance de Michelle, une jeune américaine qui a eu l'infortune de naître seulement avec la moitié d'un cerveau (à savoir son hémisphère droit). Un autre spécialiste, Graffman, s'est occupé de son cas (fort heureusement rarissime). D'elle, il nous dit : "le cerveau de Michelle, tout en étant presque normal (puisque, notamment, elle parle), à des fonctions plus limitées que les nôtres". Elle-même, d'ailleurs, sait fort bien situer sa difficulté : "tout ce qui n'est pas concret", nous affirme-t-elle fermement.
Ce qui s'est produit chez Michelle est tout de même extraordinaire : son hémisphère droit unique a repris à sa charge de nombreuses fonctions qu'aurait dû assurer l'hémisphère gauche s'il avait été là.
Voici, on l'avouera, qui plaide pour une plasticité incroyable.
Le scientifique l'explique par le fait que son "accident" intra-utérin s'est, par chance, produit avant que la spécialisation des aires de son hémisphère droit se mette en place, ce qui, ajoute-t-il, "l'a sauvée d'une mort certaine".
Actuellement, on explore, chez Michelle, les limites de la "magie neuroplastique".
Voici venu le temps de conclure. Le professeur Doidge s'y emploie.
Après avoir martelé que nous avions le pouvoir de changer notre cerveau, lequel, d'après lui, se révèle à la fois "plus résilient et plus vulnérable que l'on imaginait", il évoque, en frémissant, l'avenir où "bien d'autres découvertes nous attendent".
Elles nous attendent.
On les attend.


____________________________________________________________________________________________


Réflexions/réactions inspirées par ce documentaire



Alors, plus l'Homme pense, plus son cerveau se développe ?





La pensée serait-elle une sorte d'effet boule de neige ?





Quand l'Homo Sapiens a-t-il commencé, réellement, à penser ?





Le cerveau est comme n'importe quel autre organe, dans ce sens que si l'on ne s'en sert pas (exemple des "enfants sauvages"), il s'"atrophie".





Qu'y avait-il avant la pensée ? Le cerveau humain. Un cerveau qui se développa, se complexifia grâce à la pensée.





Pensée et cerveau ne font qu'un.




Est-ce le cerveau qui a fait la pensée ou bien est-ce l'inverse ?
On tombe là sur une question digne de celle de la poule et de l'oeuf.





Notre cerveau actuel : glorieux résultat de la bipédie, de l'alimentation carnée, de la cuisson des aliments et, pour finir, de la pensée.






La pensée ne serait-elle pas une sorte de phénomène "accidentel" ?





Le cerveau humain avait-il réellement besoin de la pensée ?





La pensée agit sur le cerveau.




P.Laranco.
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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 16:53





Gouache de Patricia Laranco.







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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 20:24
Listen and enjoy :

Rabbi Shergill, Punjabi Song : Bulla Ki Jaana Maen Kaun.
http://www.youtube.com/watch?v=pTxZy32Fv_0&feature=related


and


Nusrat Fateh Ali Khan : Sanu ik pal chain na aawe
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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 16:48
Le virage décolonial dans le monde et les impasses de la gauche blanche




Le 8 mai 2008, je participais à la Marche organisée tous les ans à cette date par les Indigènes de la république. J’étais en compagnie d’un ami de la gauche blanche occidentalisée[1]. Présent plus par curiosité que par solidarité, celui-ci m’interrogea : « Que fait le portrait de Nasrallah à côté de celui de Fanon ? Qu’est-ce que Fanon a à voir avec Nasrallah ? Nasrallah n’est-il pas un islamiste intégriste ? »

 

Depuis la fin du XXe siècle, de nombreux soulèvements anti-impériaux dans le tiers-monde s’expriment non plus en tant que projets politiques anticoloniaux mais décoloniaux. Ils sont portés par une pensée critique produite à partir d’épistémologies et de cosmologies non-occidentales. Révolus sont, en effet, les temps où les mouvements de résistance se définissaient comme marxistes ou marxistes-léninistes. On peut observer ainsi qu’il existe des mouvements de résistance qui, sans être nécessairement anti-marxistes, s’articulent au Moyen-Orient autour de la cosmologie islamique, des mouvements indigènes (amérindiens) en Amérique Latine qui pensent depuis des cosmologies indigènes (tojolabal dans le cas des zapatistes, aymara et quechua en Bolivie et quechua en Equateur), et des mouvements en Asie qui pensent à partir du boudhisme ou de l’islam.

La gauche blanche occidentalisée ne parvient pas à conceptualiser ces processus et continue à leur imposer des catégories occidentales, exerçant par là une violence et une distorsion épistémique. La gauche occidentalisée est perdue. Elle caractérise ces processus en les réduisant à des catégories qui lui sont familières telles que « révolte paysanne », « lutte anti-impérialiste », « lutte des classes », « lutte pour la démocratie », « luttes de nations opprimées », etc., sans tenir compte du nouveau contenu épistémique produit par la pensée critique décoloniale ni s’arrêter pour écouter les nouveaux penseurs du tiers-monde. Or, à partir d’épistémologies non-occidentales, ceux-ci produisent une pensée critique décoloniale très différente de la vision eurocentrique de la gauche occidentalisée, et proposent de nouvelles réponses aux problèmes de la crise capitaliste et écologique mondiale créée par ce qu’ils appellent le projet civilisateur occidental.

De nouvelles catégories critiques émergent en réponse à la crise de la civilisation occidentale. En Bolivie et en Equateur, on parle de la « Pachamama », du « Suma Qamaña » (le « bien-vivre » qui n’est pas équivalent au concept occidental du même nom) et de la « loi de l’Ayllu ». A partir de ces concepts, la Bolivie et l’Equateur ont changé leurs Constitutions, se transformant d’Etats-nations historiquement hégémonisés par les euro-latinoaméricains en sociétés « plurinationales » et « interculturelles » (ce qui est différent du multiculturalisme). En Palestine et au Liban s’articule, à partir de l’islam, une vision anti-impérialiste critique qui ressemble beaucoup à la théologie de libération de l’Amérique Latine, avec des notions comme le « tawhid » et la « sharia » pour proposer des démocraties populaires non-consensuelles (une voix pour chaque citoyen et non une représentation politique à partir d’identités religieuses), critiques tant du consumérisme capitaliste occidental que du militarisme sioniste/impérialiste. Tous ces mouvements représentent le retour et la défense de formes de vie et d’existence que la modernité coloniale eurocentrée prétendait éradiquer. Cette critique de la modernité eurocentrée regarde vers le passé, non pour y retourner mais pour repenser le futur. Pourquoi ces mouvements anti-impérialistes qui s’articulent depuis des cosmologies non-occidentales surgissent-t-ils justement à la fin du XXe siècle ? Ce processus, à l’échelle mondiale, mérite une explication :

1- L’eurocentrisme en tant que perspective hégémonique de production de connaissances a perdu toute légitimité avec la boucherie humaine provoquée par la première guerre mondiale. A partir de ce moment là, les philosophes et penseurs occidentaux ont écrit des volumes entiers pour tenter de comprendre la crise des sciences européennes et ses possibles solutions. Paradoxalement, c’est le projet communiste comme projet eurocentrique de gauche, globalisé à partir de la révolution russe, qui a fourni quelques décades de vie supplémentaires à la pensée eurocentrique moribonde. La révolution russe de 1917 a inauguré une ère d’espoir ainsi que la diffusion d’un nouveau paradigme eurocentrique connu sous le nom de marxisme-léninisme, qui a acquis avec le stalinisme son expression la plus eurocentrique. Pendant et après la seconde guerre mondiale se sont créés de nombreux fronts de guerre de libération nationale anticoloniaux, qui ont détruit l’existence des administrations coloniales presque partout dans le monde. Un cycle de révolutions a débuté dans tiers-monde, qui bien qu’anti-impérialistes et anticoloniales, ont repris à leur compte les idées eurocentrées à travers l’influence puissante du marxisme-léninisme.

2- Au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, avec la crise, l’implosion, puis la disparition de l’empire soviétique, les pays qui avaient à leur tête des mouvements de libération nationale ont perdu leur base de soutien international. Ils ont étés défaits et absorbés par la contre-révolution impérialiste néolibérale. Au début des années quatre-vingt-dix, le paradigme marxiste-léniniste, qui avait prolongé l’eurocentrisme pendant plusieurs décades, est entré en phase terminale. En plus de la crise puis de la disparition du paradigme marxiste-léniniste sont apparues une crise écologique planétaire et une crise financière capitaliste néolibérale mondiale qui ont fini par rendre obsolète la recherche de solutions aux problèmes pressants de l’humanité si cette recherche se situe dans la tradition de pensée des hommes blancs occidentaux, plus connue sous le nom d’eurocentrisme (de droite ou de gauche). Au lieu de produire le progrès, la civilisation occidentale produit la mort. Elle a tant détruit la vie, celle des êtres humains et des autres êtres vivants, qu’aujourd’hui nous en sommes à nous demander si nous n’allons pas disparaître d’ici cent ans. Ceci explique qu’il existe aujourd’hui une conscience mondiale du fait que l’eurocentrisme, de gauche ou de droite, fait partie du problème et non de la solution. Les solutions, il faut les chercher dans la diversité épistémique de la planète, dans le pluri-versalisme comme projet universel et non plus dans une seule épistémologie, l’eurocentrique, qui, depuis son particularisme et son provincialisme, a produit de faux universels.

3- Face à la crise terminale de l’eurocentrisme dans ses manifestations de gauche et de droite à la fin du XXè siècle, les peuples du tiers-monde cherchent dans leurs propres traditions non-occidentales des formes de vie et de pensée qui fournissent des alternatives éthico-épistémiques pour repenser une politique de libération vers « d’autres mondes possibles », au delà de la modernité capitaliste eurocentrée. De là, surgissent les révoltes épistémiques globales d’inspiration islamique, tojolabal, aymara, budiste, yoruba, etc.

La gauche blanche continue à ne pas prendre au sérieux la pensée critique produite par ces mouvements décoloniaux. Ne parvenant pas à comprendre les propositions de ces mouvements, elle leur impose de façon coloniale les catégories eurocentriques de la gauche occidentalisée, déformant les processus décoloniaux qui ont lieu au niveau mondial. Il est curieux de voir comment la gauche occidentalisée soutient - sans les comprendre à cause de leurs visions déformées - les mouvements indigènes dans les Amériques mais ont la réaction inverse face aux mouvements de résistance comme le Hamas et le Hezbollah. Face à ces derniers, leurs soupçons eurocentiques les empêchent de soutenir la résistance, ce qui revient à s’allier de fait avec le colonialisme sioniste et impérialiste au Moyen-Orient. Comme Bush, Sarkozy et Netanyahou, la gauche occidentalisée utilise le terme de « fondamentalisme islamique » pour mettre dans le même sac l’Arabie Saoudite, Ben Laden, les talibans, le Hezbollah, le Hamas, etc., sans faire la distinction entre des mouvements de résistance anti-impérialistes décoloniaux et des Etats réactionnaires qui travaillent pour le colonialisme et l’impérialisme.

Retour à Paris, mai 2008. Alors que nous avancions dans la manifestation des Indigènes, voilà ce que je réponds à mon ami de la gauche blanche : « Nasrallah et le Hezbollah sont au côté de Franz Fanon, Quintín Lame (guérillero indigène colombien), Ali Shariati, le général Giap, Che Guevara, les zapatistes et tous les combattants anti-impérialistes du monde. Et non seulement Nasrallah et le Hezbollah sont anti-coloniaux mais ils sont aussi décoloniaux, dans leur pensée et leur action. Ils appartiennent à la nouvelle révolte épistémique décoloniale du tiers-monde. » Quelle fut la réponse du gauchiste blanc français ? « Je suis désolé, mais je ne peux pas participer à une manifestation comme celle-ci. » Pour la gauche blanche française, la solidarité a ses limites.

 

Franz Quintín Shariati Giap

 

 


Note :

[1] Par gauche blanche et occidentalisée, je me réfère à deux processus différents, quoique liés l’un à l’autre. La peau blanche procure des privilèges et la gauche blanche a beaucoup de difficulté à les reconnaître socialement, et, pire encore, à se reconnaître comme êtres sociaux privilégiés qui occupent la position sociale du colonisateur dans les hiérarchies ethno-raciales, même si une partie d’entre eux critiquent ces hiérarchies. Ils préfèrent cacher cela et maintenir ces sujets dans leur inconscient, plutôt que de penser sérieusement à participer à un mouvement décolonisateur large qui inclue des blancs et des non-blancs. Mais par « gauche occidentalisée », je ne désigne pas seulement la gauche blanche mais toutes les gauches, y compris celles du tiers-monde, qui pensent depuis une épistème eurocentrique. De sorte qu’on peut être eurocentrique sans être blanc, de même qu’on peut être critique de l’eurocentrisme et décolonial tout en étant blanc. Je précise ceci pour éviter tout malentendu ou simplification essentialiste et réductionniste de ma terminologie.

 

 

Source : http://www.indigenes-republique.fr/

 

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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 09:51

Chaque direction est posée

chaque branche, bifurcation,

chaque craquelure de noir,

chaque spasme

de la rosée.

 

Chaque dent qui mord de bon cœur

dans l’axe laiteux du matin

chaque « M » ventripotent

aux gélatineuses pensées

qui dandine son corps lourd vers

l’épine dorsale du Rien.

 

Quand tout se met en mouvement,

tant de tourbillon dévoreurs,

tant de soleils masticateurs

aux noires pattes d’araignées !

 

Quelques points d’interrogation

qui fermentent, dans la mêlée,

dans l’orgie des perforations

près d’un arbre

au dessin sensuel.

 

Tant de carnivoriques élans,

tant de menaces barbelées

et tous d’accord pour encercler

pour transpercer

l’œil reptilien !

 

Oeil

de feuille

et de vent marin,

de pierre et de sels corrosifs

l’écaille à peine soulevée

        comme un œil

ne dort que d’un œil

triompheras-tu des fureurs

ou darderas-tu

ta percée

de khôl meurtrier vers les chairs

ondoyantes telles fumées

ou plus impitoyablement

géométriques

que des anges ?

 

 

Patricia Laranco.

 

06/01/2008.

 

 

 

 

 

Vous pouvez aussi écouter ce poème, remarquablement dit par Claire Elyse, administratrice du site de poésie MURMURES

 

LIEN :

http://murmures.forumactif.net/post.forum?mode=quote&p=18196

Voir le Fichier : HOMOSAPIENSPATRICIA.mp3



 

 


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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 20:06
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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 12:28
Je me retrouvai loin dans le temps. Dans cet appartement d'autrefois.
Le salon plongé dans l'ombre avec son lourd buffet basque et son canapé au velours très sombre et à l'odeur bizarrement forte, presque nauséabonde qui se faisaient face était toujours aussi perpendiculaire à la salle à manger.
A vrai dire, les deux pièces, accolées ensemble, offraient la forme d'un T.
La barre de ce T, c'était la salle à manger longue , rectangulaire, étroite, dotée de murs qui affichaient un papier peint d'un vert d'eau cru et de vastes fenêtres pourvoyeuses de clarté . Ces trois fenêtres, comme on eût pu s'y attendre, donnaient sur le torrent vert et large, ourlé de festons d'écume laiteuse, flanqué, d'un côté (juste en bas de notre immeuble) d'une petite "plage" plate, assez austère, de gros galets gris et de l'autre, sur la rive opposée, d'un grand talus  bourbeux qui descendait en pente extrêmement abrupte et où s'enchevêtrait une sorte de "jungle" inextricable d'arbustes, de fougères et de lianes sèches : un lieu à l'abandon dont la relative laideur se trouvait , sur la gauche, étrangement surmontée par la très gracieuse silhouette solitaire d'un haut et fin pin parasol qui se détachait sur le ciel un peu façon estampes japonaises .
Et puis, subitement, sans crier gare, ma tante Pauline apparut. Elle se matérialisa devant moi dans l'espace de la salle à manger.
Je sursautai, car je me demandais d'où elle pouvait ainsi surgir.
Mais j'étais heureuse de la voir...de retrouver son doux visage bistre.
Du coup, le bras gauche tendu, je m'appuyai contre le mur de la pièce, entre deux fenêtres.
Des chatons, des bébés, des chiots jouaient en se roulant sur le parquet noir; ils formaient tous une sorte de grouillement, ils se tortillaient; ils entremêlaient leurs miaulements, leurs gazouillis, leurs jappements.
Trop occuppée à les regarder, c'est à peine si j'entendis  la voix de ma tante qui m'avertissait : "attention ! Ne t'appuies pas trop contre ce mur !".
Le mur, pourtant, était solide, et il l'avait été de tout temps.
Cependant, au bout d'un petit moment, ma paume de main ne sentit plus sa dureté, son épaisseur : il lui sembla bien plus léger.
Quelques instants après encore, je constatai qu'il avait pris la consistance tout à fait reconnaissable du carton-pâte.
Et puis, il bascula tout entier alors que je m'y appuyais toujours.
Je n'eus que le temps de reculer, de faire un saut en arrière afin de ne pas le suivre dans le vide.


P.Laranco.
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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 13:46
15 Décembre 2009 : parution du n°2 de la revue littéraire "Esprits poétiques" - Le Capital des mots ( éditions Hélices)


une vingtaine d'auteurs qui ont été publiés sur le blog Le Capital des  Mots : Fabienne Alliot, Max Alhau,
Camille Aubaude, Isabelle Bats, Claudine Bertrand, Anne-Lise Blanchard, Alain Boyer, Michel Cassir, France Burghelle Rey, Patrice Cazelles, Denis Emorine, Françoise Coulmin, Charles Dobzynski, Laurent Fels, Constantin Frosin, Jean Gédéon, Pierre Kobel, Patricia Laranco, François-Xavier Maigre, Colette Nys-Mazure, Stella Vinitchi Radulescu, Thomas Vinau


Introduction : Emmanuel Berland

Présentation : Eric Dubois


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A cette occasion Récital de Poésie au Carré des Coignard à Nogent sur Marne le 15 décembre 2009 20h-21h

Pour plus d'infos :

http://helices.fr





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