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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 14:00

l’Atelier décriture

est une revue littéraire qui prolonge un atelier d’écriture que j’anime le samedi de 10 heures à midi au Centre Charles Baudelaire à Rose-Hill, île Maurice. Y participent Christine Ah Fat, Didié Aza, Jean-Clément Cangy, Catherine Capponi-Langlois, Christophe Cassiau-Haurie, Neerusha Chuttoorgoon, Claudette Commarmond, Elizabeth Commarmond, Bhimsen Conhyedoss, Shenaz Currimjee, Amina Issack, Bruno Jean-François,

Sabir Kadel, Yusuf Kadel, Evelyn Kee Mew, Sandrine Koa Wing, Dini Lallah, Brigitte Masson, Monica Maurel, Dominique Merven, Sandy Murden, Munavvar Namdarkhan, Brinda Pillai, Véronique Pompon, Olivier Précieux, Olga Savannah, Claudine Sohawon, Umar Timol et Jean-André Viala.

Dès les premières séances de l’atelier en novembre 2008, j’ai été frappé par la qualité des textes présentés, et j’ai compris qu’une nouvelle génération d’écrivains était à l’œuvre au cœur des êtres et des choses, parfois obscurément, et j’ai voulu, comme éditeur, les accompagner dans leur quête littéraire. Nous avons donc décidé de poursuivre l’atelier, qui aurait dû prendre fin le 28 mars 2009, et de créer une revue pour permettre de découvrir chaque mois des textes lumineux, inédits ou méconnus. D’autres auteurs nous ont rejoints, de Maurice et d’ailleurs, porteurs d’œuvres singulières, en français surtout, mais aussi en créole et en anglais, comme autant d’éclairages qui s’énoncent dans leur vitalité originelle.

Vous pouvez nous aider à élargir cet espace de liberté et de diversité en vous abonnant à l’Atelier décriture. La revue sera dans votre boîte aux lettres dès sa parution : et ça vous changera des prospectus.

 

Barlen Pyamootoo

 


Oui,

je désire m’abonner à la revue L’ATELIER D’ÉCRITURE – Parution mensuelle

 

Maurice        1 an (12 numéros)        1 200 Roupies

Étranger        1 an (12 numéros)            96 Euros

 

Règlement ci-joint, par chèque bancaire, à l’ordre de L’ATELIER D’ÉCRITURE LTÉE,

ou

par virement bancaire sur le compte de L’ATELIER D’ÉCRITURE LTÉE

 

Maurice : 11/2000216

Étranger : IBAN : MU97BARC0311000002000216000MUR       SWIFE CODE : BARCMUMU

Nom :    ------------------------------------------------------    Prénom :   ----------------------------------------------------------


Adresse :   -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Compagnie: ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

E-mail :   -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

À retourner sous enveloppe affranchie à Barlen Pyamootoo, L’ATELIER D’ÉCRITURE LTÉE, La Pelouse,

Trou d’Eau Douce, île Maurice

Tél : (230) 948 58 22          E-mail : barlenpyamootoo@hotmail.fr

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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 10:15

venez

 

embourbés dans ces destins qui descellent les nuits

 

venez

 

empêtrés dans la mémoire des pestilences et du verbe avorté

 

venez

 

quand le songe assigne le déclin des envoûtements


venez

 

quand la terre opale fomente un peuple de soleil orné d’un trop grand obscur

 

venez

 

quand les monstres foulent les creux ( ou est-ce les crevasses ) de vos gangrènes

 

venez

 

quand la blessure entrouvre tout cœur qui n’a pas encore osé la mort

 

venez

 

quand les mots vagabondent à l’entre-jouissance des os et de la mer

 

venez

 

engoncés dans les vestiges d’un minuit qui assermente la vengeance et déflagre l’amour

 

venez

 

enroués dans les aléas de ces corps qui éconduisent les transparences de la pierre mortuaire

 

venez

 

encensés par les rythmes d’une parole énoncée par des larmes qui pourissent

 

venez

 

il n’y aura en ce lieu que la contrainte du vertige

il n’y aura en ce lieu que les soumissions de la vacuité

il n’y aura en ce lieu que l’insolence brutale des affamés

il n’y aura en ce lieu que le bleu des racines et le rouge de vos veines blessées

il n’y aura en ce lieu ni langage ni ébauche de langage seulement le serment de l’absence

 

venez

 

quand les abîmes décrètent la panoplie des vers

 

venez

 

quand les boursouflures des fleurs fanent des épis de syllabes

 

venez

 

quand le sang pluriel macule ces murs qui érigent une trop grande haine

 

venez

 

il n’y aura en ce lieu que les éboulis du silence

 

on ne vous réclamera

 

que la sentence du dévoiement

 

venez

 

poings déliés

 

mains mêlées aux tumescences de la folie

 

venez

 

poings déliés

 

mains mêlées aux ouvrages de la pénitence

 

venez

 

poings déliés

 

mains mêlées aux constellations qui archivent nos misères

 

venez

 

impunis

 

car vous semez dans sa chevelure encore vaine les semences des écarlates

 

venez

 

car il n’y aura en ce lieu que le fragment d’un bleu qu’un innocent convoite

 

et qu’il a oublié

 


VENEZ

 




umar

 

 

 

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 17:18

 

 

 

Barack Obama à Accra au Ghana, le 11 juillet 2009

Le premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama, a appelé samedi l'Afrique à prendre en main son propre destin en combattant les pratiques antidémocratiques, les conflits et la maladie et en l'assurant du soutien américain dans cette vaste entreprise.

Au cours de sa première visite de président en Afrique noire, M. Obama a ravivé le grand slogan de sa campagne électorale victorieuse, "yes, you can" pour appeler les Africains à ne plus invoquer le colonialisme pour expliquer les guerres, la maladie, le sous-développement, les pratiques antidémocratiques et la corruption sur un continent plein de "promesses", selon lui.

"Vous pouvez vaincre la maladie, mettre fin aux conflits, changer fondamentalement les choses. Vous pouvez faire ça. Oui, vous le pouvez" ("yes, you can"), a-t-il dit, soulevant les clameurs des députés ghanéens devant lesquels il s'exprimait.

"Mais cela n'est possible que si, vous tous, vous assumez la responsabilité de votre avenir. Cela ne sera pas facile. Cela réclamera du temps et des efforts. Il y aura des épreuves et des déconvenues. Mais je peux vous promettre ceci: l'Amérique sera à vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant qu'amie", a-t-il dit.

La venue de M. Obama a suscité beaucoup de ferveur. Des centaines de personnes s'étaient massées à l'aube autour du palais présidentiel, où il était reçu avant le parlement, pour tâcher de l'apercevoir. Certains brandissaient des pancartes où on pouvait lire "Obama tu es le vrai fils de l'Afrique, on t'aime".

Dans la foule, Ama Agyeman, une femme de 80 ans clouée dans un fauteuil roulant poussé par son petit-fils de 10 ans, expliquait: "je veux voir le premier président noir d'Amérique avant de mourir".

M. Obama, le fils d'un Kényan émigré aux Etats-Unis pour étudier avant de rentrer au pays, a rappelé devant le parlement que "le sang de l'Afrique" coulait dans ses veines.

Il sait donc le mal que le colonialisme a fait à l'Afrique.

Mais, a-t-il ajouté, "il est facile de montrer les autres du doigt". "L'Occident n'est pas responsable de la destruction de l'économie zimbabwéenne au cours de la dernière décennie, ou des guerres où on enrôle les enfants dans les rangs des combattants", a-t-il dit.

M. Obama, qui avait choisi le Ghana comme le rare exemple en Afrique de transitions démocratiques et de réussites économiques, a ainsi appelé les Africains à adopter des règles de bonne gouvernance et de mettre fin aux changements brutaux de régimes parce que "l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, elle a besoin d'institutions fortes".

Il a signifié que le soutien américain au développement dépendrait de cette adhésion aux règles démocratiques.

Il a insisté sur la notion de partenariat. Ainsi, il a promis la poursuite de l'aide américaine contre les maladies parce qu'il "y a encore trop de gens à mourir de maladies qui ne devraient pas les tuer". Mais il entend le faire en renforçant les systèmes santé africains.

 

Le "génocide" en cours au Darfour ou l'expansion terroriste en Somalie réclament une réponse internationale, a-t-il dit, mais il encourage la création d'une "architecture régionale de sécurité qui soit forte et qui puisse produire une force transnationale efficace quand il le faut".

"Alors les Etats-Unis apporteront leur soutien diplomatique, technique, logistique et appuieront les efforts pour faire juger les criminels de guerre", a-t-il dit.

Samedi après-midi, après avoir visité un hôpital d'Accra spécialisé dans la lutte contre le paludisme et soutenu financièrement par les Etats-Unis, M. Obama et son épouse Michelle, elle-même descendante d'esclave, devaient se rendre au fort esclavagiste de Cape Coast, témoignage de la tragique traite négrière pour l'Afrique.

Il devait s'exprimer dans cette imposante bâtisse tournée vers la mer et d'où des milliers d'Africains partirent vers l'Europe, l'Amérique et les Caraïbes pour un voyage sans retour.


Source : AOL Actualité

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 12:49
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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 12:32
Si le monde porte un masque, quelle importance peut-on lui accorder ?
Est-on coupable lorsqu'on lui échappe par quelque autre prisme déformant ?








Trop de lucidité peut conduire à une absence de lucidité compléte.








Souvent, le monde se mord la queue.










Les désirs inassouvis prennent toujours des proportions excessives...sauf dans le cas où on les canalise, où l'on en extirpe de la "sublimation".








L'intériorisation ? Antichambre d'une certaine rupture avec le réel ?







Le monde est si pourri qu'il n'arrive plus à concevoir l'innocence.








Les toutes premières formes du sacré ont été, vraisemblablement, liées au sexe, tant à l'acte sexuel qu'à l'enfantement.
Il s'agissait sans doute d'un "intinct de survie" transmué en culture.







Il n'y a rien de pire, parfois, que qui se sent coupable d'avoir mal fait.







Le monde nous ment...pourquoi ne lui mentirions-nous pas, à notre tour ?
Pourquoi ne  lui échapperions-nous pas, par le biais de quelque transe, qui le distord ?






Qui a raison...et qui a tort ?
Qui est le "méchant"...et qui est le gentil ?
Ce sont là de fausses questions.
Les jugements humains sont trop entachés de subjectivité.
Les versions du même fait sont à ce point déformées, assujetties à l'un ou à l'autre "son de cloche" qu'il est toujours - toujours ! - difficile de se faire une idée.









Le génie s'accompagne, apparemment, si souvent, de perturbations mentales ou de bizarreries de caractère que l'on ne peut que se demander s'il n'est pas lui-même une maladie.








Est jugé "beau" un être que l'on a plaisir à regarder.








Le génie, sans conteste, fait parie des "trop", des démesures.
En lui siège aussi une démesure de fragilité.
Analogue en cela à la folie qui est souvent sa compagne, il voit au-delà, autre chose, autrement et ça le "déconnecte".







D'abord, exister, puis, ensuite, se sentir, se regarder exister.
Telle est l'évolution que la vie a dessiné, de l'être à la conscience d'être.
Alors, la prochaine étape ?
Observer celui qui observe sa propre existence ?










Que c'est triste, un monde où il n'y a pas de place pour l'autre dans nos coeurs !











Jeunes et vieux sont aussi complémentaires que l'un et l'autre sexe.
Le jeune a le dynamisme, l'allan, l'imagination, la fantaisie qui souvent bousculent les choses et leur insufflent un nouveau souffle, mais il lui manque - et il lui manquera toujours - le fait d'avoir vécu et ce que ce dernier implique de leçons à tirer, donc d'enrichissement, de garde-fous à l'encontre d'une certaine forme d'excès.
L'ancien, quant à lui, a beaucoup plus d'expérience et de patience (du moins en principe), mais n'a plus à son actif la vigueur, l'endurance physique, la vitalité, le goût du risque. Il est volontiers conservateur, en bonne partie par fatigue et par attachement exagéré à ses habitudes.
C'est ainsi qu'à chaque âge, le sort, toujours "malin", compense ce qu'il vous donne par ce qu'il vous retire.
La plénitude de l'être n'existe-t-elle pas dans la nature ?
Ne serait-elle qu'un rêve de poète (ou de philosophe) trop frustré, trop imaginatif ?









Réalité intense et irréalité : deux états que ne sépare, au fond, pas grand chose.



P.Laranco





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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 09:42
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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 10:22

Racisme mondain


La société française est réticente à assumer son passé colonial et à accorder l’égalité en droits, dans les faits et non uniquement dans les textes, à ses citoyens issus de ses colonies. Cette inavouable xénophobie se traduit dans la presse par un langage et un cadre de référence précis qui tendent à définir la nation par opposition à un islam imaginaire et repoussant. Cette rhétorique camoufle les conséquences socio-économiques de ce rejet en attribuant à des valeurs non occidentales la responsabilité de la marginalisation /communautarisation. Cédric Housez analyse ce discours qui conforte l’agenda politique d’un certain « occident » qui voudrait diaboliser le monde arabe pour mieux le piller en toute bonne conscience.




9 mars 2006





 
 

Il est bien difficile de préciser ce qu’est une « nation ». La définition de ce concept polysémique représente pourtant un enjeu politique déterminant.
La nation est avant tout une communauté humaine réunie par un sentiment d’appartenance commun, c’est donc une donnée subjective qui dépend de chaque individu (se sent-il, ou non, membre d’une communauté nationale ?) et du reste de la communauté (reconnaît-elle l’individu comme membre à part entière ?). Malgré la subjectivité de ce concept, la nation est, cependant, souvent présentée par les médias ou les responsables politiques comme une donnée objective fondée, selon les cas, sur la langue, l’histoire, la religion, les valeurs, la domiciliation sur un territoire voire sur des mythes fondateurs ou une origine génétique fantasmée. Il est rare de pouvoir définir ce qui, parmi ces critères, fait précisément partie de l’identité nationale sans créer une polémique chez une partie de la nation ne se reconnaissant pas dans le critère choisi ou le trouvant, au contraire, trop large. Il est bien plus simple de définir ce qui ne fait pas partie de la nation afin d’offrir à la communauté nationale une identité par défaut, bien plus consensuelle. Cette identité en négatif se construit sur des stéréotypes associés aux populations appartenant à d’autres nations ou à des minorités se réclamant de l’appartenance à la nation mais étant rejetée par une partie de la communauté nationale.

A partir du milieu du XXième siècle, la France a connu une immigration importante en provenance de ses colonies, puis ex-colonies. Les individus issus de cette immigration font désormais partie intégrante du pays, dont ils sont citoyens, comme le sont, ou l’étaient, bien souvent leurs parents. Toutefois, une partie de la population française, dite « de souche », refuse encore de les considérer comme faisant partie de la communauté nationale. Longtemps, il a été de bon ton d’affirmer que seules les classes populaires ou moyennes, n’ayant pas digéré le traumatisme de la décolonisation algérienne et, formant massivement la base électorale du Front national, rejetaient cette partie de leurs concitoyens. Mais force est de constater que ce sont les élites politiques, économiques et médiatiques françaises qui sont, aujourd’hui, les principaux obstacles à la reconnaissance des droits des populations françaises d’origine africaine.
Ces populations sont fréquemment stigmatisées au travers d’un discours dominant respectant les canons du politiquement correct mais opposant, plus ou moins explicitement, « nous » (la population française dite « de souche », blanche et d’origine européenne) à « eux » (la population française issue des anciennes colonies françaises, voire la population française d’outre-mer). Ce discours se fonde médiatiquement sur une construction de l’information qui souligne et exacerbe les différences entre la minorité de Français d’origine africaine (maghrébine et noire) et le reste de la nation et, politiquement, sur une lecture communautaire des problèmes politiques ou sociaux.
Mais cette rhétorique intervient également à un moment où les élites françaises se détournent du concept d’identité nationale pour valoriser une identité européenne, voire une identité « occidentale ». Ainsi, le discours politico-médiatique dominant jongle avec les paramètres identitaires selon les besoins, tantôt utilisant une identité française supposée non-compatible avec celle des « immigrés de Nième génération », tantôt soulignant la supposée identité « judéo-chrétienne » de l’Europe [
1], tantôt opposant les civilisations « occidentale » et « islamique » sur le modèle du « Choc des civilisations » [2].
Ce faisant, le discours dominant mêle un poncif xénophobe (l’impossible assimilation) et des slogans de la Guerre froide qui changent de sens en changeant d’époque. Ainsi les concepts de judeo-christianisme et d’Occident, qui étaient utilisés en opposition au marxisme athée et à l’Est, s’opposent désormais à l’islam et à l’Orient, sans que personne soit capable de les définir : les géopolitologues classent sans rire le Japon dans le camp de l’Occident judéo-chrétien.

Ces dernières années, les mobilisations nées dans les années 80 se sont intensifiées : les Français noirs et d’origine maghrébine ont réclamé l’égalité des droits avec leurs concitoyens, une égalité reconnue juridiquement mais démentie dans les faits. Ce renouveau revendicatif, dont l’expression médiatique la plus connue s’est incarnée dans l’appel des « Indigènes de la République », s’inscrit dans un contexte international où la stigmatisation d’une identité musulmane, présentée comme unifiée et porteuse de menace, permet de justifier des guerres de ressources ou des re-colonisations.

Récemment, les médias français ont donc montré un intérêt particulier pour des « questions de société » ou donné une lecture des évènements nationaux et internationaux qui ont permis, par association, de présenter une partie des citoyens français comme étrangers à la communauté nationale, et d’inventer une identité française, non plus républicaine mais « occidentale ». Ce biais induit spontanément une approbation de certaines politiques.

L’islam fantasmé

L’islam est sans doute l’un des sujets qui aura fait couler le plus d’encre en France ces dernières années. La plupart des titres de la presse papier mainstream y ont consacré des dossiers spéciaux. Il faut ajouter à cela une lecture « islamisée » de diverses questions politiques, nationales ou internationales. Les médias audiovisuels n’ont pas été en reste et les émissions de « débats », dont radios et télévisions sont friandes, ont souvent porté sur ce thème.
L’islam y est répétitivement présenté sous l’angle de la menace, du péril ou de la subversion, au minimum de l’altérité ; jamais comme une croyance privée légitime, une liberté garantie par la République laïque. Cette tendance a été particulièrement remarquable lors du débat « à propos » du voile islamique dans les écoles [
3], lors des émeutes dans certains centres urbains pauvres en France en novembre 2005 [4] ou lors de l’affaire des caricatures danoises [5]. Mais les médias mainstream n’ont pas eu besoin d’une actualité brûlante pour mettre ainsi en scène l’islam. Pour ne citer qu’eux, les trois principaux hebdomadaires d’information généraliste français, Le Point, L’Express et le Nouvel Observateur, ont réalisé, lors des six derniers mois, des dossiers spéciaux sur l’islam, sans les rattacher à une actualité immédiate et en utilisant toujours une tonalité menaçante.

Le Point publia un dossier intitulé « Les islamistes et nous » [6], dans lequel les mosquées françaises étaient présentées comme un terreau fertile pour l’islamisme, lui-même principal vecteur idéologique du terrorisme [7]. Le dossier aboutissait logiquement à un soutien, plus ou moins affiché, à la politique états-unienne actuelle. L’Express développa une approche très similaire dans son dossier sur « la montée de l’islam en Europe » [8], quelques mois plus tard, et présenta la présence de l’islam dans l’Union européenne, et même la diversité religieuse et culturelle dans son ensemble, comme des dangers pour l’Europe, et par extension pour « l’Occident » [9]. Une semaine plus tard, c’était au tour du Nouvel Observateur, concurrent de centre-gauche des deux hebdomadaires précédemment cités, de rédiger un dossier spécial sur l’islam en France [10]. Bien que se montrant moins virulent dans sa critique que ses confrères, cette religion y était également présentée comme une menace potentielle. Ainsi, les journalistes Marie-France Etchegoin et Serge Raffy ouvraient leur propos sur ces interrogations inquiètes, à peine contrebalancées par une question rhétorique plus positive à la fin : « faut-il redouter une montée de l’intégrisme dans notre pays ? L’islam est-il une menace pour la laïcité, un nouvel opium pour les jeunes des banlieues en mal de repères ? Ou se révélera-t-il, comme jadis le catholicisme, beaucoup plus soluble qu’on ne l’imagine dans la République ? ». Le dossier consacrait également un encart, fort peu critique, aux mesures de contrôle des mentalités des musulmans mises en place dans le Land allemand du Bade-Wurtemberg [11], une innovation politique applaudie par les principaux théoriciens de « l’islamophobie », à l’instar de Daniel Pipes [12]. Ces mesures partent du postulat que les musulmans peuvent être davantage suspectés que les autres d’être des adversaires des valeurs démocratiques.

D’une manière générale, les médias français dépeignent l’islam comme une menace pour les lois de la République, pour la laïcité, pour la liberté d’expression, pour les droits des femmes et, via le terrorisme qui lui est souvent associé, pour la sécurité du pays ou de « l’Occident » dans son ensemble. Il est souvent associé à l’islamisme, qui est présenté pour sa part, suivant une rhétorique importée des cercles néo-conservateurs aux États-Unis, comme un nouveau totalitarisme, comparable au nazisme ou au stalinisme. Cette analogie s’appuie sur des amalgames boiteux et sur une vision unifiée d’un fondamentalisme musulman et même du monde musulman, qui dénote une méconnaissance totale de l’islam. Ceux qui pratiquent ces associations évitent de justifier le lien entre islamisme et fascisme et préfèrent employer des néologismes à l’impact marketing bien plus fiable qu’une démonstration argumentée. On a ainsi vu l’essayiste médiatique et chroniqueur au Point, Bernard Henri Lévy utiliser le terme « fascislamiste » et l’éditorialiste du Figaro, Yvan Rioufol, parler pour sa part de « nazislamiste ». Ces mots font écho au terme de prédilection du coordinateur des faucons états-uniens, Frank Gaffney, adepte pour sa part de l’épithète « islamofasciste ». Les deux éditorialistes ne sont pas les seuls en France à pratiquer ces jeux de langage.
L’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, désormais en pointe des médias français dans la dénonciation du « péril islamiste » [
13] et qui s’était déjà illustré lors de l’affaire des caricatures danoises [14], a publié le 1er mars 2006 un manifeste intitulé « Ensemble contre le nouveau totalitarisme » [15], qui accrédite lui aussi l’amalgame entre islamisme et nazisme.

La plupart des auteurs des articles consacrés à l’islam ou des éditorialistes se focalisant sur ce sujet se défendent de pratiquer un amalgame entre islamisme et islam ou affirment ne pratiquer qu’une critique légitime d’une religion. Notre intention n’est pas de défendre une religion ou de restreindre sa critique, nous observons simplement que nombre d’entre eux instrumentalisent la critique de l’islam pour en faire un moyen déguisé, et légal, d’appeler à la haine et à la discrimination à l’encontre d’une population.
Dans son livre L’islam imaginaire [
16], le journaliste Thomas Deltombe a analysé comment la parole médiatique dominante et le discours politique avaient progressivement construit un référentiel musulman pour désigner les populations françaises originaires des anciennes colonies. Commentant son ouvrage pour le site Oumma.com, l’auteur analysait ainsi les débuts du processus : « Au cours des années 1980, avec l’abandon des grilles de lecture marxistes et l’émergence de la « deuxième génération d’immigrés » sur la scène publique, on assiste à une première évolution : le registre « islamique » a tendance à être de plus en plus mobilisé par les médias pour parler d’« immigrés » qui ne sont plus, comme c’était le cas dans la décennie précédente, décrits d’abord comme des « travailleurs étrangers ». Ainsi, au moment où la question de l’« intégration » est placée au centre des débats, le recours à une grille de lecture « islamique » permet de perpétuer symboliquement la mise à distance d’un segment de la population dont chacun convient qu’il n’est plus « étranger ».  » [17]. Progressivement, selon l’auteur, on va voir se construire l’image manichéenne et sans nuance d’un islam bipolaire opposant « les musulmans intégrés » ou « modernes », présentés comme majoritaires mais sous-représentés quand il est question de l’islam dans les médias, opposés à « l’islamisme », présenté comme minoritaire mais sur lequel va se focaliser l’attention. Et la figure du terroriste va s’associer à celle de l’islamiste.

L’islam est donc le prisme au travers duquel les populations issues des anciennes colonies françaises sont présentées et au travers duquel il est possible de les stigmatiser en tant que groupe. Rappelons que cette association est devenue si naturelle aux yeux de certains hommes politique que lorsque le ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, développa ses idées en faveur de « l’intégration » des populations issues de l’immigration maghrébine dans l’émission 100 minutes pour convaincre de la chaîne de télévision d’État, France 2, le 9 décembre 2002, il se déclara favorable, entre autres mesures, à la nomination d’« un préfet musulman ».
Notons que cette association entre les populations originaires du Maghreb et le terme « musulman » n’est pas nouvelle et renvoie à l’histoire coloniale. Il s’agissait en effet du nom générique pour désigner les populations indigènes dans les départements français d’Algérie, dénomination associée à un statut de citoyen de seconde catégorie [
18].

Histoire « communautaire » ou Histoire universelle ?

La représentation des populations françaises originaires du Maghreb, d’Afrique noire et même parfois des DOM-TOM, reste fondamentalement marquée par les représentations coloniales.
Pendant plus d’un siècle, les Français ont subi une propagande étatique légitimant la colonisation au travers d’un discours essentialiste, raciste et paternaliste qui a profondément marqué les esprits. Outre l’image des populations colonisées (et de leurs descendants) qui en a découlé, la période coloniale garde dans l’historiographie française une dimension ambiguë. Sans être niés (même si cela peut arriver), les crimes commis durant la période coloniale sont minimisés ou associés aux constructions d’infrastructures réalisées par l’occupant dans les pays conquis. Difficile de parler de la colonisation sans entendre parler des grandes réalisations de la France coloniale. Cet argument est profondément lié à l’idéologie coloniale puisqu’il occulte le fait que les infrastructures construites l’ont été au bénéfice du colonisateur et de l’exploitation des richesses locales à son profit et non dans une volonté d’aménager le territoire en vue du développement local. L’image de propagande d’un colonisateur bienfaiteur apportant la civilisation reste donc présente.
En outre, cet argument se fonde sur le postulat que les peuples colonisés n’auraient pas pu parvenir à développer ces infrastructures en utilisant leurs propres ressources, sans une main extérieure capable de les construire à leur place. La logique paternaliste demeure.
Elle reste d’ailleurs présente dès lors qu’il est question des anciennes colonies dans les médias : les problèmes des pays africains ou du Proche-Orient sont rarement associés aux conséquences de la colonisation ou d’un système post-colonial faisant encore, bien souvent, la part belle aux intérêts des anciennes métropoles. Dans une grande majorité des cas, les discours médiatique et politique dominants concernant ces pays attribuent les problèmes qu’ils connaissent à des causes internes, les pays « Occidentaux » étant les porteurs de solutions.

Il est enfin bien difficile pour la France, d’accepter que nombre de crimes coloniaux ont été commis sur ordre de dirigeants politiques qui restent des figures tutélaires révérées en raison de leur action en métropole. Nombre d’entre eux continuent d’occuper les Hit-parades des personnalités historiques préférées des Français. Leurs crimes sont mal connus dans la population, les programmes scolaires s’étendant rarement sur le sujet.

Or, l’affirmation politique des minorités ethniques en France passe par une remise en cause des préjugés coloniaux et même par une volonté de déconstruire l’imagerie, globalement positive, liée à cette période. On a assisté ces dernières années au développement d’un mouvement d’opinion cherchant une reconnaissance des crimes commis par les dirigeants français successifs dans les colonies. Une revendication particulièrement mal perçue par une majorité des élites politiques et médiatiques.

En 1998, la député radicale de gauche de Guyane, Christiane Taubira, a proposé une loi à l’Assemblée nationale visant à faire reconnaître la traite et l’esclavage comme un crime contre l’Humanité. Cette loi fut adoptée en mai 2001. Le débat ouvert à cette occasion n’est cependant pas clos dans l’arène médiatique et il a retrouvé en 2005 une vigueur qu’il n’avait pas connue auparavant.

Le 23 février 2005, un collectif de député de la majorité parlementaire fit adopter un amendement louant « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » [19]. Cette loi provoqua d’abord une réaction indignée de l’Algérie puis la colère des organisations militant pour l’égalité de tous les citoyens français. À cette querelle est venue se mêler la relance de la demande de reconnaissance de l’esclavage comme d’un crime contre l’Humanité, soutenue, voire initiée, par l’action médiatique de l’humoriste Dieudonné. Enfin, la sortie, à l’approche des commémorations du bicentenaire de la victoire napoléonienne d’Austerlitz, du livre de l’historien et philosophe Claude Ribbe, Le crime de Napoléon [20], sur le rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte en 1802 et les massacres commis par les forces françaises contre les Noirs révoltés, a provoqué un embrasement médiatique sur la question de l’histoire de France.

La dénonciation des crimes coloniaux et de l’esclavage a été globalement critiquée dans les médias mainstream qui la présentent comme une expression politique communautariste, voire comme une marque d’hostilité contre « les Français ». Ce faisant, ceux qui manient cet argumentation excluent les populations noires ou arabes de la communauté nationale. En outre, ils disqualifient une revendication républicaine d’égalité en la qualifiant de « communautariste », alors que leur déni de l’Histoire manifeste un communautarisme blanc.
Des historiens comme Max Gallo ou Olivier Pétré-Grenouilleau, remettant en cause la présentation de l’esclavage comme un crime contre l’Humanité, ont été conviés sur de nombreux plateaux de télévision ou ont été largement interviewés dans la presse papier. M. Petré Grenouilleau a même reçu le Prix du Sénat du Livre d’Histoire 2005 pour son travail comparant l’esclavage des noirs pratiqués par les Arabes et les déportations de masse d’esclaves organisées par les puissances européennes.
Ces historiens, appuyés pour l’occasion par les milieux sionistes, reprochèrent aux mobilisations en faveur de la reconnaissance du crime esclavagiste de vouloir mettre sur le même plan la déportation et l’esclavage des Africains et la Shoah. L’argument glissa vite à une accusation d’un antisémitisme rampant de ces mouvements qui souhaiteraient, d’après leur détracteur, moins voir le crime de l’esclavage enfin reconnu que minimiser la monstruosité du génocide juif [
21].

Dans le même temps, la rhétorique selon laquelle « l’Occident » devait cesser de s’excuser pour son passé colonial, thèse traditionnelle de l’extrême droite revendiquée, retrouva un nouveau souffle. Certains penseurs sionistes ou atlantistes ont rallié cette dénonciation du « complexe colonial » après les attentats du 11 septembre 2001. Ils déploraient un manque de mobilisation de l’Europe contre le « péril islamiste » et l’attribuaient au souvenir honteux du passé colonial. L’essayiste Pascal Bruckner fut, en France, l’un des principaux chantres de la dénonciation du complexe de culpabilité européenne, jugeant que ce traumatisme devait être évacué par « l’Occident » qui devait s’unifier contre « l’islamisme ». Il accusait le « complexe colonial » de pousser des mouvements de gauche français à se montrer trop conciliants avec « les islamistes ». Il déclarait même à propos du Réseau Voltaire qu’en contestant la version bushienne du 11 septembre, nous émasculions nos lecteurs et ouvrions la porte aux hordes islamistes pour qu’elle commettent un nouveau génocide. Le rejet du « complexe colonial » fut largement repris par les auteurs français qui, durant l’année 2005, publièrent plusieurs ouvrages dénonçant la complaisance d’une partie de la gauche française à l’égard des « islamistes » et la naissance d’un courant qualifié d’« islamogauchiste » [22].

La présentation d’un islam militant, adversaire de la démocratie, et voulant imposer ses valeurs à « l’Occident » et la dénonciation de la mobilisation en faveur de la reconnaissance des crimes coloniaux ont fini par former un agrégat argumentatif : les populations issues de l’immigration africaine souhaitent imposer leurs valeurs (« islamistes ») et leur lecture (« communautariste ») de l’Histoire à la communauté nationale française.
C’est l’approche que le journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch, par ailleurs pourfendeur régulier des liens entre mouvements altermondialistes et organisations musulmanes [
23], développa dans le mensuel L’Histoire en septembre 2005 [24]. Dans un long article consacré aux difficultés de l’enseignement de l’Histoire dans les collèges et lycées français, le journaliste consacra l’essentiel de sa réflexion au poids que constituait la présence des jeunes musulmans dans les cours, les accusant de refuser les enseignements sur la Shoah, les approches historiques concernant Mahomet et de commettre des violences antisémites.

« L’insécurité » : pourquoi nous haïssent-ils ?

En plus de l’Histoire et des valeurs françaises, les populations françaises issues de l’immigration africaine sont présentées comme une menace pour la sécurité des autres Français.

Souvent, les médias français ont communautarisé les faits divers. Préciser l’origine, même lointaine, de l’auteur d’un acte délictueux, quand il est d’origine africaine, est une pratique journalistique malheureusement fréquente. Cette notification démontre que pour un grand nombre de journalistes, ou au moins de rédacteurs en chef, la précision de l’origine d’un délinquant ou d’un criminel est une information ou un élément d’appréciation pertinent permettant au public de mieux appréhender l’événement. Toutefois, cette pratique était rarement commentée et s’accompagnait rarement d’une théorisation permettant de la justifier. Il s’agissait pourtant de la mise en parallèle d’un acte délictueux et d’une origine, donc d’une tentative d’explication de l’acte antisocial par l’ethnie. Or, pendant longtemps, seule l’extrême droite assumée osait affirmer clairement ce supposé lien.
Aujourd’hui, cette association est affichée et légitimée dans certains titres de la presse mainstream.

Pierre Tévanian a analysé dans son livre Le ministère de la peur [25] comment les entrepreneurs en sécurité publique, les hommes politiques et les médias avaient progressivement dissocié la délinquance des questions sociales pour petit à petit l’ethniciser en multipliant les références lexicales empruntées au vocabulaire colonial. Aujourd’hui, nous sommes arrivés au terme de ce processus et le lien raciste entre violence et origines ethniques est désormais assumé.
Ainsi, les violences en banlieues en France en novembre 2005 ont été l’occasion de présenter une violence d’origine ethnique. Pèle-mêle des éditorialistes ont accusé des groupes islamistes, des bandes criminelles composées sur des bases ethniques, voire la supposée incapacité des populations musulmanes à « s’intégrer », d’être responsables du désordre [
26]. Quelques mois plus tard, soutenus par une campagne de presse fort opportune [27], le ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, se déclarait favorable à la création d’un fichier national révélant les origines ethniques des délinquants, pourtant contraire aux principes constitutionnels.

Lors des émeutes de novembre 2005, un certain nombre d’éditorialistes, de commentateurs ou d’experts médiatiques ont également avancé l’idée que, non seulement, les violences avaient des mobiles ethniques ou religieux mais qu’elles exprimaient une haine de la République française en tant qu’institution, voire un rejet de « l’Occident ». Philippe Val présenta les émeutiers comme des hordes antisémites [28]. Alain Finkielkraut, dans une désormais célèbre interview à Ha’aretz [29] », dénonça également l’antisémitisme des émeutiers et affirma que c’était l’identité judéo-chrétienne de la France qui était visée par les violences. L’essayiste médiatique avait consacré une partie de ses nombreuses interventions dans la presse mainstream les mois précédents, à dénoncer le développement d’un « racisme anti-blanc » chez les jeunes noirs et arabes français suite à des agressions survenues au cours des manifestations lycéennes de février et mars 2005 [30].
On retrouva ces argumentations sur la violence raciste, et surtout antisémite, à l’occasion des commentaires médiatiques entourant le décès d’Ilan Halimi, jeune français juif, tué après avoir été séquestré lors d’un rapt crapuleux [
31].
Conscients que la presse était allée trop vite et trop loin dans cette affaire, des intervenants conviés à une émission phare de la chaîne d’État France 5 consacrée à la déontologie des journalistes, rappelèrent que l’antisémitisme des criminels, s’il était avéré, n’impliquait pas que leur crime soit antisémite. Cependant, ils admettaient comme allant de soi que la foi musulmane des criminels était une preuve de leurs préjugés antisémites [
32] .

Non seulement les violences en France sont présentées comme étant majoritairement le fait de groupes classés ethniquement, mais elles peuvent également être présentées comme l’expression d’une haine raciste. Bref, elles sont analysées selon une grille de lecture similaire à celle qui a prévalu après les attentats du 11 septembre 2001 : il s’agit d’une déclaration de guerre du monde musulman à un « Occident » judéo-chrétien et démocratique haï.
En outre, comme les Français issus de l’immigration sont assimilés à l’islam, lui même assimilé au terrorisme, ils peuvent représenter une menace en devenant les vecteurs du terrorisme en France.

Une définition en négatif qui mène vers quoi ?

Comme on peut le voir, les populations françaises originaires des anciennes colonies sont publiquement affublées d’une série de défauts qui les éloignent symboliquement du reste de la communauté nationale : tentées par l’islamisme, développant des systèmes de valeurs incompatibles avec les valeurs républicaines, ils sont incapables de s’intégrer à une communauté française « de souche » et souhaitent donc la transformer à leur image par l’influence ou la violence. Bref, ils veulent créer une « Eurabie » en France et en Europe. Certes, les médias dominants livrent rarement un portrait aussi cru et ils donnent régulièrement la parole à des Français noirs ou d’origine arabe présentés comme des modèles. Mais le fait même de les présenter comme des modèles les place en position d’exception. Même si les Français arabes ou noirs ne sont pas toujours dépeints expressément selon un portrait raciste, que reste-t-il chez les lecteurs des analyses successives associant ces Français à des « immigrés », forcément « musulmans », par conséquent tentés par « l’islamisme » et donc hostiles ? Et surtout, que faut-il penser des représentations intellectuelles de ceux qui dressent ce portrait par petites touches au travers de leurs articles ?

Ce portrait permet de construire une image inversée de l’identité française selon les médias dominants. C’est l’image d’une France appartenant avant tout à « l’Occident », ensemble culturel judéo-chrétien et démocratique dont l’action est globalement bénéfique pour le monde. Comme les populations originaires d’Afrique ne parviennent pas à « s’intégrer » en France, il faut conclure que les différences culturelles entre le monde « musulman » et le monde « occidental » sont très importantes et surtout que les civilisations sont globalement imperméables. La France est aussi menacée parce qu’occidentale.
Un tel portrait de la France l’éloigne de son idéal républicain et en fait un allié « naturel » d’Israël et des États-Unis dans la « guerre » qu’ils livrent au « terrorisme islamiste ».

 Cédric Housez

Spécialiste français en communication politique.



Source : site voltairenet.org
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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 18:04

www.africultures.com

"Foetus", un nouveau texte d'Umar TIMOL (Ile Maurice)
 
 
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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 11:50

Ceux qui dansent au rythme de leur propre musique

 

Ceux qui se nourrissent de viandes... de produits laitiers... de desserts
Ne peuvent t'estimer à ta juste valeur.

 

Même si la pierre se fendait, tu ne peux pas leur faire ouvrir
Les fenêtres de leur ferme...
Des gens comme toi ne font pas partie de leur centre d'intérêt
Tu n'existes pas...
Dorénavant tu dois savoir
Qu'ils n'ont pas de temps à te consacrer!

 

Ils ont les yeux fixés toujours vers le haut
Pendant qu'ils s'inclinent
Avec un sourire au dessus de leur double menton
Devant le souverain… le sultan
Crois-tu un seul instant qu'ils te reconnaissent?

Si tu me demandes mon avis à ce sujet
C'est que les bouts de leur ficelle
Sont aux mains d'autrui
Ne te formalise point du fait
Qu'ils se prennent pour des rois!

 

Avec des espoirs vains
Et des attentes mal placées
N'attends pas d'eux
Qu'ils te considèrent comme un homme...

 

Même si tu écris des centaines de lettres
Aux hommes des portes fermées
Dans le but de les voir ou de leur parler
Tu ne recevras même pas une seule réponse...
Méfie-toi, sois attentif
Par-dessus tout
Tu leur permettras d'avoir des airs hautains
En se croyant importants
Ils te regarderont avec dédain!

 

Ils aiment bien se caresser
Le dos les uns des autres...
Il ne reste plus
Qu'à écouter leurs conversations "avec admiration"
A vanter leurs écrits "exagérément"
A récompenser leurs faits "par applaudissement"...

 

Ne perds pas de temps
Et ne t'occupe pas
En pensant à autres choses.

 

Üzeyir Lokman ÇAYCI
Paris, 20.06.2007
Traduit du turc par : Yakup YURT ©

 

 


 

 

Those who dance to the rhythm of their own music

 

Those who nourish themselves on meats, dairy products and desserts

Cannot estimate you at your fair value.

 

Even if stone cracked, you cannot make them open

The windows of their farm …

People like you are not included in their center of interest

You do not exist …

Hereafter you must know

That they do not have time to bless you!

 

Their eyes are always fixed from above you

While they bow

With smiles above their double chins

Before the sovereign...the sultan.

Do you think for an instant that they acknowledge you?

 

If you ask my opinion on this subject

It is because the ends of their twine

Are in the hands of other people.

Don't take exception to the fact

That they are taken for kings!

 

Do not wait for them

In the wrong places

Vainly hoping

They will consider you a man …

 

Even if you write hundreds of letters

To these men of the closed doors

Intending to see or speak to them

You will not receive a single response …

Be wary and attentive;

Above everything

Allow them their haughty airs.

By thinking themselves important

They will look at you scornfully!

 

They well like fondling

Each others' backs …

It is no longer to the point

To listen to their dialogues "with admiration"

To extol their writings "enthusiastically"

To reward their facts "by clapping" …

 

Do not waste your time 

Or put your attention here …

Think of other things.

Traduit par by Yakup YURT en français

French free verse translated into English free verse

by Joneve McCormick

 

 

 

Kendileri çalıp, kendileri oynayanlar

 

Etliyle… sütlüyle… tatlıyla beslenenler

Bilemezler senin kıymetini.

 

Taş çatlasa da onlara açtıramazsın

Çiftliklerinin pencerelerini…

İlgi alanlarında senin gibiler yok

Sen yoksun…

Bunu anlamalısın artık

Zaman ayıramazlar sana!

 

Onların gözleri hep yukarılarda

Bel büküp

Gerdan kırarken

Padişaha... sultana

Seni tanırlar mı hiç?

 

İşin aslını sorarsan

İplerinin uçları

Başkalarının ellerinde

Onların kendilerini kral zannetmelerine

Sen hiç aldırma!

 

Boş umutlarla

Yersiz beklentilerle

Seni insan yerine

Koymalarını  bekleme...

 

Kapalı kapıların adamlarına

Yüzlerce mektup yazsan

Görüşmek ya da konuşmak istesen

Tek bir cevap dahi alamazsın...

Aman ha dikkatli ol

Üstüne üstlük

Şımartırsın onları

Kendilerini bir şey zannederek

Tepeden bakarlar sana!

 

Onlar birbirlerinin sırtlarını

Sıvazlamayı severler…

Sana sadece

Konuştuklarını "imrene imrene" dinlemek

Yazdıklarını "göklere çıkararak" övmek

Yaptıklarını "alkışlarla" ödüllendirmek düşer...

 

Zaman kaybedip

Başka şeyler düşünerek

Kendini oyalama.

 

 

 

 

 

 

Chi danza al ritmo della sua musica

Chi mangia carne.... derivati del latte e dessert
non può  apprezzare il tuo  valore
Anche se la pietra si incrinasse

tu non potrai far  aprire finestre alla loro durezza di cuore
Persone come te non fanno parte
dei loro interessi
tu non esisti
d'ora in poi devi sapere
Che non hanno tempo da dedicarti!
Hanno gli occhi sempre rivolti verso l'alto
Mentre s'inchinano
con un sorriso sotto il loro doppio mento
davanti al potente.... il sultano
Per un solo momento credi ti riconoscano?
se mi chiedi al riguardo un parere
è che i i fili dei loro destini
sono nelle mani di altri
Non ti formalizzare
che si considerino dei re
Con vane speranze
e aspettative mal riposte

non pensare che ti considerino come uomo
Anche se tu scrivi centinaia di lettere
agli uomini dagli animi chiusi

con l'intento di di vederli ,di parlar loro
Non riceverai una sola risposta
Diffida, stai attento
soprattutto gli permetterai di avere un aria altezzosa
credendosi importanti
ti guarderanno con sdegno!
Amano carezzarsi
l'un l'altro le schiene

Non rimane che
ascoltare ammirati le loro conversazioni
magnificare i loro scritti
gratificare le loro azioni
con applausi
non perdere tempo
non occupartene....
Pensando ad altre cose.


Traduit du turc par : Yakup YURT ©
libera traduzione italiana
 di Arturo Ferrara
per QDA © lab artfer Torino

 

 

 


 

 








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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 10:21
Sixième numéro de la revue de poésie contemporaine mauricienne.
Toujours la même présentation sobre, discrète, quoique attrayante : format A4, papier jaune clair, une petite photo de chaque auteur, des représentations picturales pour ponctuer les textes.
Toujours la même volonté de diversité et d'ouverture : des textes en français, en anglais, en créole (s) et même en chinois, des auteurs de l'Océan Indien (Mauriciens bien sûr, mais aussi Réunionnais et Malgaches) comme des auteurs venus d'horizons géographiques fort divers : chacun son style pour exprimer l'ardente difficulté de vivre.
Le texte d'introduction de Valérie Magdeleine-Andrianjafitrimo fait ressortir la "sourde inquiétude", "la récurrence des angoisses, des préoccupations, des points d'ancrage dans l'actualité" que recèlent tous ces textes, et signale fort justement en cette revue désormais incontournable "un cas exemplaire de la disparition progressive des anciens centres occidentaux où la parole poétique construisait ses normes et se donnait pour modèle au reste du monde" au profit d'"un monde pluriel ouvert aux quatre vents des mots". Point barre, n'hésite-t-elle pas à dire dans la foulée, "nous permet [...] une fois de plus, de prendre le pouls de la création contemporaine [...] dans l'irisation de ses genres".
Ce qui frappe, c'est  la richesse incroyable de ce numéro 6. En raison de ce fait même, ne pouvant citer chaque auteur, je ne m'arrêterai que sur certains, qui ont particulièrement capté mon attention : le puissant et dérangeant poème "Aurore, grisaille et blues", de Jean-Claude ANDOU ("A côté s'épanouit un crachat humain, / une expectoration visqueuse, grasse et gluante / comme une huître malsaine qu'on avale quand même"; ça vous bouscule, non ?), le texte en prose du Togolais Sénamé KOFFI ("Vivre nous cherche...Et nous sommes cachés !...Nous jouons encore..."; "Gagner ma vie !...Moi j'emmerde la France qui se lève tôt !"; "Rentrer dans l'histoire !.../ Pour quoi faire ?"; "Marronnons cette vie-là. Veillons !"), l'"aux autres", de l'excellent poète belge Arnaud DELCORTE ("L'amour s'est fait tout petit / Bien rangé poli et maniéré / Discipliné / Juste là quend on l'appelle sinon / VLAN !"), le "voyage" de l'Algérien Kenzy DIB qui "emménage à perpétuité / dans l'appel dérouté d'un soleil transparent",, "L'âme glauque" de Alain GORDON-GENTIL ("Je suis saôulé de solitude"; "mon île amère"; "Toi ma parole désemparée"), le "sac d'os" de mon ami Umar TIMOL ("un paysage engorgé de crépuscule" et "l'encre soyeux" des "larmes"), la "petite vie de mots" dans laquelle la réunionnaise C.BOUDET nous confie le rapport aux mots de son âme bléssée ("dans cette vomissure vous commencez doucement à guérir"), la dénonciation acérée, féroce du Mauricien Michel DUCASSE, qui nous brosse le portrait d'une Maurice des exclus plutôt saisissante ("Il scrute sa rue vide de poubelles et qu'on rafistole avant chaque scrutin"; "ce pays de faussaires"; "Dans le regard de ses mômes, il lit une révolte dure. Si dure à interdire..."), le très beau poème de Sylvestre LE BON, "A l'ordre du jour", qui évoque lui aussi, sans complaisance,  "les gestes frigides", "les pleurs asséchés des enfants" et "les lambeaus / Epars des corps", pour conclure impitoyablement  "Un peu de spleen peut-être / Car eux c'est moi / Mais pas l'inverse
/ [...] Une porte claque [...] Un chien aboie / Bonjour rien"), un autre de mes amis, le "dramaturge , poète et nouvelliste" Gillian GENEVIEVE, qui nous assène "le chemin regorge d'ossements / Et la vie / Est un miracle", la cruauté ("Blonde gauloise, un brin terne") de Zaffir GOLAMAULLY, le "Je suis une merde / je suis humus / Humaine" de la talentueuse poétesse française Cathy GARCIA, l'"Almanach posthume" du Haïtien J -J SONY ("la lassitude du soleil"; "j'existe où dansent les fracas d'ombre"; "et ces voix tatouées de misère"), le terrrible constat que fait Alex JACQUIN-NG dans son poème ("L'impuissance me tenaillant je regarde le ciel / Il n'y a nul seigneur pour entendre ma prière"), le "poème sans titre" fort désabusé de mon ami (virtuel) Yussuf KADEL ("Heureux / Au petit bonheur"), le remarquable poème de l'auteur malgache H.MAHAVANONA ("et je meurs debout, à moins que je ne dorme / avec ma gueule de bois de lendemain de cauchemar / ma tête abrutie par l'arithmétique têtue des fins de mois / et qui pourrit mes insomnies", et, pour clore cette liste, la "noze" (nausée)  créolophone du jeune "poète maudit" mauricien Tahir PIRBHAY ( "sa fer tro lontan / Ki mon perji lazwa viv / tro lontan / pu jir kimo trist").
Fidéle à son titre, l'ensemble a, on le voit, tonalité plutôt âpre.
Ces poètes - dont la majorité est, bien sûr, issue du Tiers-Monde -  OSENT. On a l'impression nette qu'ils cherchent à nous secouer, nous réveiller.
Oui, ce monde a quelque chose de pourri, de malsain, d'invivable. Non, il ne faut pas hésiter à exsuder, à faire sourdre cela dans ses vers !
Dérangeants ? Certes. Comme tout ce qui vous crache la vérité en pleine figure.
Décapants ? Mais n'est-ce pas le monde actuel lui-même qui est corrosif ?

P.Laranco.
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